Algérie : La police réprime un rassemblement de journalistes venus dénoncer la fermeture de leur chaine TV

La police algérienne a tabassé des journalistes venus dénoncer, mercredi à Alger, la fermeture par les autorités de leur chaîne de télévision El Watan TV après la diffusion d’une interview avec un ancien chef du Front islamique du Salut (FIS, dissous).

Une vingtaine de personnes ont été interpellées lors de ce mouvement de protestation, le deuxième du genre après celui organisé il y a deux jours devant le siège du ministère de la communication, selon la même source.

Sur ordre du wali de la capitale qui a agi à la demande du ministère de la communication, de nombreux policiers ont investi lundi les locaux de la chaîne et saisi les caméras et le matériel audiovisuel, avant de mettre sous scellés les locaux de la chaîne, qui emploie près de 170 personnes et appartenant à un homme d’affaires proche du parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP, opposition). Le ministère de la Communication reproche à la chaîne la diffusion d’une interview de Madani Mezrag, l’ex-chef de l’armée islamique du salut, bras armé du FIS, dans lequel il a menacé publiquement de s’en prendre au Président algérien Abdelaziz Bouteflika, si son parti politique n’est pas agréé. Aucune plainte n’a toutefois été déposée contre l’invité de la chaîne.

Le 28 septembre dernier, le président Bouteflika a rejeté dans un message publié à l’occasion de la célébration du 10e anniversaire de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, la demande de Mezrag de créer un parti politique. "On va lui rappeler notre réponse de 2009, et s’il ne revoie pas sa position, il va entendre de moi ce qu’il n’a jamais entendu auparavant", a répliqué Merzag dans cet entretien.

Malgré ce refus, l’ex-émir de l’AIS repenti a affirmé qu’il va présenter "un dossier complet au ministère de l’Intérieur et qu’il ne reçoit d’ordre de personne". "Celui qui va me donner des ordres n’est pas encore né", a-t-il déclaré. C’est la deuxième fois que les autorités ferment une télévision privée.

En pleine campagne électorale pour la présidentielle de 2014, des gendarmes font irruption, le 11 mars de la même année, dans les locaux de la chaîne Atlas TV et ont confisqué son matériel. Le lendemain, la chaine a cessé d’émettre. Atlas TV, dont la fermeture a été condamnée par de nombreuses organisations internationales, s’était distinguée par la couverture non-stop des manifestations organisées par le mouvement "Barakat" (ça suffit) contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat, lors du scrutin du 17 avril prochain. En réaction, Amnesty International, qui a fustigé la fermeture de cette chaîne de télévision, a indiqué que cette dernière a été "sanctionnée pour ses critiques envers les autorités".

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