Algérie: Abdelkader Bensalah, possible remplaçant d’Abdelaziz Bouteflika?

Le chef d’état-major de l’armée algérienne a demandé ce mardi aux institutions de son pays d’appliquer l’article 102 de la Constitution. Si tel était le cas, cette procédure ouvrirait la voie à un empêchement d’Abdelaziz Bouteflika et à un intérim par le président de la chambre haute, Abdelkader Bensalah, un cacique du régime. Son profil n’est pas de nature à apaiser les manifestants qui réclament la démocratie, la justice et la fin de la corruption.

Dans une allocution retransmise hier à la télévision, le général Ahmed Ghaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, a demandé aux institutions d’appliquer l’article 102 de la constitution pour sortir son pays de la crise politique dans laquelle il s’est enfoncé. Dans une telle perspective, l’intérim présidentiel serait confié à Abdelkader Bensalah, en sa qualité de président du Conseil de la nation, chambre haute du parlement algérien.

L’article 102 évoque en effet l’empêchement du chef de l’Etat en exercice en cas de "maladie grave et durable" le plaçant devant "l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions".

Cet intérim ne peut excéder, au maximum, 90 jours et le deuxième personnage de l’Etat devenu soudainement le premier ne peut pas se porter candidat à la présidentielle consécutive.

Ces 90 jours de pouvoir seraient donc dévolus à Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation. Mais, si l’homme a les écrits constitutionnels pour lui, il y a fort à parier que son profil ne séduira pas les foules révoltées d’abord contre la volonté d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat, puis, après l’apparent renoncement de celui-ci, l’ajournement sine die de l’élection présidentielle.

L’enfant chéri du régime

Tout d’abord, Abdelkader Bensalah est un enfant chéri du régime, un "cacique" comme le grand quotidien El Watan le formule ce mardi sur son site. Il faut dire que l’homme est président du Conseil de la nation depuis 2002 et, en principe, doit le demeurer jusqu’en 2021. Et ce n’est pas franchement la seule prébende que l’Etat lui ait réservée. Dans les années 90, il fut président du Conseil national de transition, puis président de l’Assemblée nationale populaire de 1997 à 2002.

Bensalah, un Marocain ?

Mais une controverse plus inattendue, pour un regard peu familier à la scène publique algérienne, se lève déjà. Dimanche, abordant une pareille éventualité sur le plateau de la chaîne de télévision privée Echorouk, le député du Front de la justice et du développement, parti promoteur d’un islam politique et situé dans l’opposition, Lakhdar Benkhellaf, a lancé: "La condition pour qu’un responsable occupe le poste de président de la République, est qu’il faut qu’il possède la nationalité algérienne d’origine. Et lui (Abdelkader Bensalah) avait une autre nationalité jusqu’en 1964 année durant laquelle il avait obtenu la nationalité algérienne. Il avait la nationalité marocaine, ce qui pose un problème".

Cette rumeur court depuis plusieurs années dans les médias algériens. Abdelkader a nié, affirmant être né dans l’ouest algérien et y avoir ses racines familiales. "Cherchez mes origines et mes racines et vous les trouverez dans les profondeurs du Djebel Fellaoucène, à Tlemcen, là ou sont nés mes parents et mes ancêtres, là où je suis né aussi, là où ils ont grandi, vécu et décédé", avait-il posé, solennel, en 2013.

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