Ahmed Benchemsi est-il vraiment indépendant ?

Après sa convocation par un juge parisien pour diffamation, l’étoile de l’enfant terrible de la presse marocaine, qui vit aujourd’hui aux Etats-Unis depuis son rapprochement avec Moulay Hicham, semble pâlir. Et c’est aujourd’hui qu’éclate un nouveau scandale sur l’origine des fonds dont bénéficierait Ahmed Benchemsi. Le début de la fin pour le trublion qui avait fait de son indépendance le fer de lance de sa crédiblité ?

Ahmed Benchemsi est-il vraiment indépendant ?
La curiosité et l’indépendance sont les deux premiers atouts de tout bon journaliste. Ahmed Benchemsi a su allier les deux pendant des années, tout du moins tel qu’on peut le voir en surface… Depuis quelques semaines des rumeurs insistantes font état de liens pour le moins suspects entre le jeune journaliste (qui se présente aujourd’hui comme chercheur) et l’American Islamic Congress (AIC), une organisation liée au milieu conservateur américain et notoirement islamophobe.

Tout est parti d’un article publié par le journaliste Max Blumenthal, qui après une longue enquête a mis en lumière des liens troublants entre le fondateur de la revue Free Arabs et l’AIC. Un article fourni – en anglais – que nous vous invitons à lire pour connaître tous les détails de cette histoire. Le magazine Free Arabs qui a pour slogan « Democracy, Secularism, Fun » a certainement confondu la différence entre laïcité et haine des religions (l’islam en l’espèce). Le lien qui fait aujourd’hui tant débat s’appelle Nasser Weddady, outreach director de l’AIC et co-fondateur de Free Arabs.

Les liens avec Ahmed Benchemsi seraient noués depuis 2005 et soulèvent des questions relatives à la véritable indépendance de son travail journalistique. Le principal intéressé n’a pas tardé à réagir dans les colonnes de son journal dans lequel il dénonce une théorie du complot. Théorie qu’il ne cesse d’utiliser dans ses attaques répétées contre les dignitaires du régime monarchique et démocratique marocain…

Malgré la réponse du fondateur de Free Arabs, certaines zones restent très floues et les doutes quant à la réelle indépendance d’Ahmed Benchemsi s’expriment de plus en plus sur le réseau social Twitter. Ainsi, les convictions laïques et l’hostilité affichée de Ahmed Reda Benchemsi à l’égard de tous les symboles de l’Islam, justifient-elles une présentation constamment à charge de la société marocaine, des critiques de surcroît émises depuis un sol étranger qui entretient avec l’Islam des rapports complexes ? Et l’on doit bien avouer que le discours d’Ahmed Benchemsi, porté au sein d’une Université américaine prestigieuse, constitue une atteinte sérieuse à la réputation économique internationale du Maroc. Un tel discours, s’il était téléguidé par des intérêts néo-conservateurs serait inadmissible.

Et il est nécessaire d’insister sur le fait que cette même indépendance est aussi mise à mal par le statut occupé aujourd’hui par le journaliste qui a aujourd’hui l’honneur d’appartenir à la prestigieuse université de Stanford aux Etats-Unis. Aujourd’hui « visiting scholar » à Stanford, cette place de choix suscite quelques questionnements et l’ombre de Moulay Hicham plane sur cette reconnaissance académique. Le Prince rouge aurait usé de son important réseau pour coopter son protégé. Une démarche qui laisse penser que l’indépendance d’Ahmed Benchemsi n’est que relative une fois encore – quand son statut de chercheur exigerait une grande rigueur intellectuelle et morale

On le constate aisément, les questions s’accumulent. Elles appellent des réponses claires. Entre des demandes légitimes pour s’assurer de l’indépendance d’Ahmed Benchemsi et les ennuis judiciaires récoltés en France après la publication d’une tribune violente dans Le Monde contre l’Etat marocain qui lui valent de se présenter devant le juge pour diffamation (aux côtés du directeur de publication du Monde, déjà mis en examen), l’avenir du journaliste s’obscurcit. On peut d’ailleurs s’interroger sur cette séquence judiciaire qui attend M. Benchemsi au cours des prochaines semaines. Une mise en examen serait en effet méritée si la diffamation est retenue par la justice française mais incomplète si Ahmed Benchemsi n’est que l’instrument volontaire de commanditaires plus importants qu’il serait bon de démasquer une bonne fois pour toutes. Ahmed Benchemsi a souvent vanté les mérites de l’investigation journalistique. Alors, l’arroseur sera-t-il arrosé ?

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