Affaire Bettencourt : Sarkozy inculpé pour « abus de faiblesse »

Affaire Bettencourt : Sarkozy inculpé pour
M. Nicolas Sarkozy a été mis en examen (inculpé) jeudi pour "abus de faiblesse" aux dépens de la milliardaire Liliane Bettencourt, a indiqué à l’AFP l’avocat de l’ancien président français, Me Thierry Herzog, qui a annoncé son intention de "former immédiatement un recours".

Cette décision du juge d’instruction Jean-Michel Gentil a été prise à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, à l’issue d’une confrontation à laquelle ont participé, selon des sources concordantes, au moins quatre membres du personnel de la milliardaire, âgée de 90 ans, héritière du géant mondial des cosmétiques L’Oréal.

Me Herzog a qualifié l’inculpation de M. Sarkozy de décision "incohérente sur le plan juridique, et injuste". "Je saisirai en conséquence immédiatement la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Bordeaux pour former un recours et pour demander la nullité, notamment de cette mise en examen", a déclaré l’avocat à l’AFP.

L’ancien président est parti du palais de justice de Bordeaux peu avant 22h00 (21h00 GMT), a constaté une journaliste de l’AFP.

M. Sarkozy a quitté le tribunal à l’arrière d’une voiture précédée par un véhicule de la police circulant à vive allure, après plusieurs heures d’audition par le juge Gentil qui l’a confronté à des membres du personnel de Liliane Bettencourt.

L’affaire avait été déclenchée par l’ex-comptable des Bettencourt, qui avait déclaré à la police en juillet 2010 s’être vu réclamer 150.000 euros en liquide par l’ancien homme de confiance des Bettencourt, Patrice de Maistre, début 2007. Celui-ci lui avait assuré, selon la comptable, vouloir les donner à Eric Woerth, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy.

Le juge cherche à déterminer si M. Sarkozy a commis un abus de faiblesse aux dépens de Mme Bettencourt en lui demandant de l’argent pour financer sa campagne présidentielle de 2007.

Plusieurs membres de l’entourage de la milliardaire ont déclaré avoir vu M. Sarkozy à plusieurs reprises pendant cette période et ont affirmé qu’il avait rencontré Mme Bettencourt à ces occasions.

M. Sarkozy a toujours affirmé s’être rendu au domicile des Bettencourt une seule fois pendant sa campagne de 2007, pour y rencontrer brièvement André Bettencourt, le mari de l’héritière de L’Oréal, décédé en novembre de la même année.

Voici les principales réactions à cette mise en examen :

GUILLAUME PELTIER, VICE PRESIDENT DE L’UMP (iâTELE)

"Je ne peux pas m’empêcher à titre personnel de penser à un acharnement judiciaire, à un énième feuilleton judiciaire, en dix ans, tout a été reproché à Nicolas Sarkozy, Balladur, la Libye, Clearstream, jamais rien n’a été trouvé ni prouvé.

Plus Nicolas Sarkozy est populaire, plus certains tentent de l’empêcher, tout est fait pour le compromettre ou le salir. Il y a une vraie différence entre le tribunal médiatique qui condamne et le tribunal judiciaire qui souvent innocente."

CHRISTIAN ESTROSI, DEPUTE MAIRE UMP DE NICE ET MEMBRE DE L’ASSOCIATION DES AMIS DE NICOLAS SARKOZY (communiqué)

"Chacun remarquera que cette décision intervient 48H après la mise en cause d’un ministre socialiste sans doute pour faire compensation. Nicolas Sarkozy a déjà dit que ces allégations en pleine campagne présidentielle et sans le moindre début d’une preuve relevaient de l’argutie politicienne. Je dénonce ces méthodes au relent politique évident (…) et je réaffirme mon amitié et mon soutien à Nicolas Sarkozy comme le font même si cela dérange les socialistes au pouvoir beaucoup de Français."

BENOIST APPARU, ANCIEN MINISTRE UMP DU LOGEMENT (iâTELE)

"Je suis comme beaucoup surpris parce qu’on est passé du statut de témoin assisté au statut de mise en examen. Jusqu’à preuve du contraire pour l’instant Nicolas Sarkozy est innocent. J’espère que la gauche n’instrumentalisera pas cette affaire là et que la justice fasse son job et je suis intimement convaincu que lorsque la justice aura fait son travail Nicolas Sarkozy sortira définitivement libre. L’essentiel aujourd’hui c’est que la justice aille à son terme le plus rapidement possible (…) Je pense que priorité ïde Nicolas Sarkozyû aujourd’hui c’est laver son honneur."

THIERRY MARIANI

"Je suis un peu surpris de cette mise en examen, je me souviens de ce qu’on a essayé de faire porter à une époque à Eric Woerth qui est à cette heure ci toujours innocent, franchement il y a des moments où on peut se demander s’il n’y a pas un acharnement des juges avec certaines arrières pensées. Est-ce que vous voyez Nicolas Sarkozy, président de la République, abuser d’une vieille dame en état de faiblesse, tout cela est tout de même surprenant (…) Quand on voit les positions politiques de certains syndicats de magistrats, on comprend que les adhérents n’aient pas la neutralité qu’on est en droit d’attendre. Je considère hélas qu’il y a des juges qui défendent des idées à travers leur métier.

Il y a 24 heures il y a un ministre qui a dû démissionner parce qu’une enquête débutait sur lui, ses collègues expliquaient qu’il était présumé innocent, j’espère que les mêmes qui nous le rappelaient vont appliquer ce principe à Nicolas Sarkozy."

SEBSTIEN HUYGHE, DEPUTE U DU NORD (BFM TV)

"Je suis triste de cette décision de la part du juge mais il faut rappeler qu’il y a la présomption d’innocence. Il faut raison garder, c’est un acte de procédure dans une procédure judiciaire qui suit son cours. Je suis persuadé de l’innocence de Nicolas Sarkozy."

LIONNEL LUCA

"Mettre en examen un ancien président pour abus de faiblesse sous prétexte de financement de campagne électorale est grotesque et en dit long sur la justice. La seule chance pour François Hollande en 2017, c’est d’éliminer par tous les moyens la possibilité d’une candidature du seul adversaire qui peut le battre! Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose! La mise en examen de Nicolas Sarkozy n’a pas d’autre intérêt pour le discréditer jusqu’au non-lieu!"

NOEL MAMERE, DEPUTE ELOGISTE (IELE)

"Quand la justice n’est pas empêchée, elle fait son travail, c’est la preuve qu’il faut absolument réformer le statut pénal du chef de l’Etat puisque que ce qui vient d’arriver à Nicolas Sarkozy aurait dû se passer pendant la période dans laquelle il était président de la République puisqu’il s’agit d’actes commis avant sa prise de fonction et qui lui ont permis précisemment d’accéder au pouvoir.

Je pense qu’il y a là une manière de remettre la justice sur ses pieds et je ne suis pas du tout étonné par cette mise en examen tant il est vrai que quant il était au pouvoir M. Sarkozy, avec l’aide de magistrats qu’il avait nommés directement pour empêcher que la vérité soit faite sur cette affaire, avait essayé de bloquer le travail de la justice."

OLIVIER FAURE, DEPUTE PS DE SEINE-ET-MARNE ET SECRETAIRE NATIONAL DU PS A LA COMMUNICATION (Twitter)

"On peut défendre la présomption d’innocence de Sarkozy sans dénigrer la justice!"

MARINE LE PEN, PRESIDENTE DU FN (communiqué)

"Toujours présumé innocent, Nicolas Sarkozy ne peut en revanche en aucun cas rester membre du Conseil constitutionnel, sa situation judiciaire l’empêchant aujourd’hui d’exercer cette fonction avec l’impartialité et la neutralité requises. Après un quinquennat marqué par d’innombrables affaires et un climat totalement contraire à la République irréprochable qu’il avait pourtant promise, Nicolas Sarkozy opère, via cette affaire judiciaire, un retour dans la vie publique certainement assez différent de celui qu’il s’était imaginé".

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