Affaire Benalla: le ministre français de l’Intérieur sous le feu des questions à l’Assemblée

Le ministre français de l’Intérieur Gérard Collomb fait face lundi à un barrage de questions à l’Assemblée sur l’affaire Benalla, qui ne cesse de susciter la polémique, même si le président Emmanuel Macron a assuré qu’il n’y aurait pas d' »impunité » après l’inculpation de son ex-collaborateur pour « violences ».

Les vidéos montrant Alexandre Benalla, un proche collaborateur du chef de l’Etat, en train de frapper et malmener des manifestants le 1er mai à Paris alors qu’il accompagnait les forces de l’ordre en tant qu’"observateur", ont plongé depuis la semaine dernière l’exécutif dans sa plus grave crise.

Le conseiller de 26 ans, dont le licenciement a été annoncé vendredi, a été inculpé dimanche soir ainsi que Vincent Crase, un employé de LREM, le parti présidentiel, qui se trouvait avec lui lors des faits, et trois haut gradés de la police soupçonnés d’avoir transmis à M. Benalla des images de vidéo-surveillance de l’incident.

Le préfet de police Michel Delpuech doit également être auditionné à l’Assemblée lundi à 12H00 GMT.

Alors que le silence d’Emmanuel Macron sur cette affaire était de plus en plus vivement dénoncé, son entourage a fait savoir dimanche soir que le chef de l’Etat juge "inacceptables" les faits reprochés à M. Benalla et promet qu’il n’y aura "pas d’impunité".

Le président, qui prendra la parole publiquement "quand il le jugera utile", a demandé au secrétaire général de l’Elysée de "mener la réorganisation pour éviter qu’un tel dysfonctionnement se reproduise", à l’issue d’une réunion de crise à l’Elysée.

Emmanuel Macron est "extrêmement déterminé à ce que la vérité puisse être établie", a affirmé lundi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux sur la radio RTL, démentant que le "Benallagate", comme l’appelle désormais une partie de la presse, s’était mué en "affaire d’Etat".

"Une affaire d’Etat, c’est quand il y a de l’opacité. Vous avez trois enquêtes ouvertes en moins de 4 jours… Il n’y a pas eu de dissimulation", a-t-il assuré.

Entendu à partir de 08H00 GMT par la commission des Lois de l’Assemblée qui s’est transformée en commission d’enquête, le ministre de l’Intérieur, appelé à la démission par des personnalités de droite et de gauche, devra répondre à une série de questions sensibles.

Pourquoi le numéro 2 du gouvernement, qui était au courant des faits dès le 2 mai, n’a-t-il pas réagi plus tôt, en saisissant la "police des polices" ou la justice? L’opposition accuse le pouvoir d’avoir voulu étouffer l’affaire.

Quel était aussi le rôle d’Alexandre Benalla jusqu’à ces derniers jours? Le porte-parole de l’Élysée Bruno Roger-Petit avait affirmé jeudi qu’il avait été, après le 1er mai, mis à pied pour 15 jours et "démis de ses fonctions en matière d’organisation de la sécurité des déplacements du président". Il apparaît pourtant sur plusieurs clichés récents aux côtés de M. Macron ou du couple présidentiel.

Lors de l’audition de Gérard Collomb, "beaucoup de questions devront être posées, beaucoup de réponses devront être trouvées", a prévenu le co-rapporteur, Guillaume Larrivé (opposition de droite).

Le ministre sera aussi mardi devant la commission d’enquête sénatoriale, qui pourrait également entendre mercredi le directeur de cabinet du président de la République Patrick Strzoda, selon des sources parlementaires.

Parallèlement à l’enquête administrative et à l’enquête parlementaire, les investigations de la justice ont connu des avancées ce week-end.

Alexandre Benalla a été inculpé dimanche notamment pour "violences en réunion", "immixtion dans l’exercice d’une fonction publique", "port public et sans droit d’insignes réglementés", et "recel de détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection".

Vincent Crase a également été inculpé pour "violences en réunion", "immixtion dans l’exercice d’une fonction publique", et aussi pour "port prohibé d’une arme de catégorie B".

Le contrôle judiciaire qui leur a été imposé leur interdit d’exercer une fonction publique ou une mission de service public, de détenir une arme et d’entrer en contact avec d’autres protagonistes de l’affaire.

Déjà suspendus, les trois policiers de la préfecture de police de Paris mis en cause ont également été inculpés, pour "détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection" et "violation du secret professionnel".

L’affaire a enfin bouleversé l’agenda politique et paralysé l’Assemblée: l’examen de la révision constitutionnelle a dû être suspendu jusqu’à nouvel ordre face au chaos provoqué dans l’hémicycle par ce scandale.

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