Affaire Benalla : l’ex-collaborateur s’explique sur TF1

Alexandre Benalla justifie à nouveau ses actes dans une interview sur TF1 vendredi, énième épisode d’une affaire qui n’en finit pas de secouer l’exécutif, malgré ses tentatives de sortie de crise.

L’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron assume "des gestes qui sont vigoureux" et "une réaction de citoyen" contre des manifestants qu’il qualifie de "casseurs" le 1er mai à Paris, mais affirme n’avoir porté "aucun coup" , dans ce document enregistré à l’avance pour le journal de 20H00 de TF1.

Ses propos, semblables à ceux tenus dans une première interview au Monde jeudi, paraissent contredire les images révélées par le quotidien le 18 juillet, et qui valent à M. Benalla une mise en examen pour "violences en réunion".

"TF1 a le droit d’interviewer Benalla, pas la commission d’enquête parlementaire présidée par LREM", a cinglé dans un tweet le député LR Marc Le Fur, parmi les premiers à réagir à l’interview.

Les vidéos montrant M. Benalla, alors homme clé du dispositif de sécurité de l’Elysée, frappant et malmenant des manifestants ont déclenché la crise la plus grave subie par l’exécutif depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

Après l’audition toute cette semaine de nombreux protagonistes de l’affaire par des commissions d’enquête à l’Assemblée nationale et au Sénat, l’exécutif et sa majorité s’efforcent de sortir de la crise. Le président de la République, d’abord silencieux pendant plusieurs jours, a dit assumer en bloc sa responsabilité, avant de considérer close cette "tempête dans un verre d’eau".

A sa suite, sa garde rapprochée a martelé vendredi sa volonté de tourner la page.

"Le gouvernement est au travail", a assuré sur France 2 Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement. Message en miroir sur France Info de son collègue Julien Denormandie (Cohésion des territoires): "Je pense qu’il faut se remettre au travail".

Les deux ministres sont liés à l’aventure politique d’Emmanuel Macron depuis ses débuts. Un autre très proche de l’Elysée, le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement et délégué général de LREM Christophe Castaner, avait invité auparavant sur sa page Facebook à ne pas laisser "des actes isolés (…) compromettre notre détermination à mettre en oeuvre le projet pour lequel les Français nous ont demandé d’agir".

Si la majorité fait bloc autour du président, les oppositions n’entendent surtout pas desserrer l’étau autour de l’exécutif, alors que se profile la fin de la session parlementaire mercredi puis, vendredi, le dernier conseil des ministres avant la pause estivale.

Deux motions de censure seront soumises aux députés mardi. L’une a été déposée par le groupe Les Républicains, l’autre par Nouvelle Gauche (PS), GDR (communistes) et France insoumise, les trois groupes de gauche de l’Assemblée unis pour une fois. La discussion sera commune, avant deux votes séparés.

L’initiative a très peu de chance d’aboutir, étant donnée la solide majorité dont disposent le groupe En Marche (LREM) et ses alliés, mais le symbole demeure: ces motions de censure seront les premières discutées à l’Assemblée depuis l’accession d’Emmanuel Macron à l’Elysée.

Dès jeudi soir, la commission d’enquête de l’Assemblée sur l’affaire Benalla a implosé. A l’issue d’une nouvelle audition du préfet de police de Paris Michel Delpuech, le co-rapporteur LR Guillaume Larrivé s’est dit "contraint de suspendre sa participation à ce qui n’est devenu hélas qu’une parodie". Le reste de l’opposition a claqué la porte après lui.

"Chef de clan"

La corapporteure Yaël Braun-Pivet, présidente LREM de la commission des Lois, a eu beau répliquer que les députés En Marche ne sont aux ordres de personne, le député LFI Alexis Corbière l’a qualifiée vendredi de "Benalla de l’Assemblée nationale", qui "protège le président" au détriment de l’enquête des députés.

Le député Eric Ciotti, l’un des ténors du groupe des Républicains, a enfoncé le clou vendredi sur France Inter: "L’Assemblée nationale a été humiliée, a été abaissée. J’appelle la majorité à une réaction, à un peu de dignité, à ne pas être dans une soumission permanente à Emmanuel Macron".

Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national (ex-FN), a ciblé également un président qui "se comporte comme un chef de clan".

Côté judiciaire, l’enquête sur l’affaire Benalla va être étendue à la diffusion sur Twitter d’extraits de la vidéosurveillance montrant la scène de la place de la Contrescarpe où Alexandre Benalla se trouvait le 1er mai.

Cette décision intervient au lendemain d’un article de Mediapart montrant notamment "une copie d’écran d’un compte Twitter publiant une image extraite" de la vidéoprotection de la ville de Paris, a indiqué le parquet. Sur le compte en question, @FrenchPolitic, la photo de profil reprend le logo du parti présidentiel En Marche !

Enfin, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb va donner des instructions aux préfets pour que les futurs observateurs immergés dans les services de police et gendarmerie -le statut qu’avait M. Benalla le 1er mai- portent un "signe distinctif" et que leurs conditions d’accueil fassent l’objet d’une charte. Il suit en cela les préconisations d’un rapport rendu vendredi par l’IGPN, la "police des polices".

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