Abdellah Boussouf: « Pour la communauté marocaine à l’étranger, ces deux décennies de règne ont été marqués par l’engagement inconditionné de SM le Roi à défendre ses intérêts et garantir ses acquis »

Le Secrétaire général du Conseil Consultatif des Marocains à l’Etranger, M. Abdellah Boussouf, est au coeur de la problématique des Marocains du Monde. Atlasinfo a rencontré M. Boussouf pour avoir son éclairage sur ces 20 ans de règne du Roi Mohammed VI qui ont transformé l’approche aux MRE. « Pour la communauté marocaine à l’étranger, ces deux décennies de règne ont été marqués par l’engagement inconditionné de Sa Majesté à défendre ses intérêts et garantir ses acquis », souligne le SG du CCME.

Propos recueillis par Hasna Daoudi

Pendant ces vingt ans de règne, il n’y a pas un discours ou une grande occasion nationale sans que le Roi Mohammed VI n’évoque les Marocains du monde. Quelle place occupent-ils dans la vision royale ?

Abdellah Boussouf: Dès son accession au trône, Sa Majesté le Roi a entouré la communauté marocaine à l’étranger de Sa Haute Sollicitude, ceci s’exprime dans ses discours mais également dans ses directives et sa vision stratégique du point de vue politique, économique, social et culturel.
Il s’agit de près de 10% de la population marocaine avec des potentialités inestimables, un attachement infaillible à la mère patrie et qui jouit avant tout de la pleine citoyenneté, consacrée par la Constitution de 2011 dans son article 17 et réaffirmée par Sa Majesté dans son discours à l’occasion du 58-ème anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple la même année.
Les évènements que vivent les Marocains du monde au quotidien dans leurs pays de résidence sont au centre des préoccupations du Roi Mohammed VI. La montée de l’islamophobie en Occident et la manière de la contrecarrer avaient interpellé le Souverain qui avait invité les Marocains résidant à l’étranger, dans son discours à l’occasion de la fête du trône de 2016, « à rester attachés aux valeurs de leur religion et à leurs traditions séculaires face à ce phénomène qui leur est étranger » et « à préserver la bonne réputation qui fait leur notoriété ».
La question de l’identité, point nodal de toute culture, a également été au centre des directives royales. L’une des plus importantes actions également menées à cet effet a été la constitutionnalisation du CCME en 2011 (article 163), une institution qui œuvre « pour le maintien de liens étroits avec leur identité marocaine, les mesures ayant pour but de garantir leurs droits et préserver leurs intérêts, ainsi qu’à contribuer au développement humain et durable de leur pays d’origine et à son progrès ».
Une reconnaissance pour le CCME qui s’est érigé depuis sa création comme fervent défenseur et « avocat » des Marocains du monde et assuré un rôle de plaidoyer auprès des différentes institutions nationales.
On note par ailleurs que les institutions qui interviennent dans les affaires des Marocains du monde sont nombreuses et sont soutenues par une impulsion royale sans précédent mais que la concrétisation des dispositions constitutionnelles et l’harmonisation entre les différentes actions laisse encore à désirer.

Le Roi Mohammed VI se montre régulièrement à l’écoute de la diaspora marocaine, ses préoccupations et ses intérêts. Quel bilan peut-on faire de cette relation si particulière ?

Dès son premier discours du trône en 1999, Sa Majesté le Roi avait appelé « à aplanir les difficultés auxquelles elle (la communauté marocaine à l’étranger) est confrontée, en œuvrant à résoudre ses problèmes et à renforcer ses liens avec la Mère-Patrie ».
Il s’agit en effet d’une préoccupation prioritaire pour l’institution royale qui en a fait le suivi au fil des années : on se rappelle l’appel royal à la fermeté contre les dysfonctionnements consulaires en 2015 qui a été motivé par les requêtes des citoyens que Sa Majesté a Lui-même rencontré lors de ses déplacements dans les pays d’accueil.
Pour la communauté marocaine à l’étranger, ces deux décennies de règne ont été marqués par l’engagement inconditionné de Sa Majesté à défendre ses intérêts et garantir ses acquis. Un engagement qui explique tout cet engouement qu’expriment les Marocains du monde qui accueillent Sa Majesté le Roi lors de ses visites à l’étranger et qui renforce les liens affectifs qui lient la communauté marocaine à son Roi et à sa patrie.

Ces dernières années, le Maroc a cessé d’être un pays de transit pour l’immigration pour devenir un pays d’installation. Comment le Maroc du Roi Mohammed VI a-t-il accompagné cette transformation ?

La problématique migratoire concerne tous les états et tous les peuples du monde. Face à l’accroissement sensible du nombre d’immigrés subsahariens sur le sol marocain, Sa Majesté le Roi a appelé le gouvernement à « élaborer une nouvelle politique globale relative aux questions d’immigration et d’asile, suivant une approche humanitaire conforme aux engagements internationaux de notre pays et respectueuse des droits des immigrés » (discours royal à l’occasion du 38e anniversaire de la Marche verte).
La politique d’immigration marocaine prend en considération les enjeux humanitaires de lutte contre la discrimination et la traite des êtres humains et le respect des droits de l’homme et s’appuie sur la responsabilité partagée entre les pays d’origine, de transit et d’accueil. Afin de mettre en pratique cette vision humaniste, le Maroc a prévu plusieurs dispositifs visant à intégrer les nouveaux arrivants dans la société marocaine.
Et puisque tout projet d’immigration est avant tout un projet d’intégration, le Maroc s’est engagé à faciliter ce processus notamment en facilitant l’accès au système sanitaire, à l’éducation et à la formation, au logement et à l’emploi.
« Pour mettre en œuvre cette politique, notre pays, sans condescendance, ni arrogance, ni dénigrement ni discrimination, a procédé à la régularisation des migrants, conformément à des critères raisonnables et équitables, en créant pour eux les conditions appropriées pour s’établir, travailler et vivre dignement au sein de la société », avait affirmé Sa Majesté le 20 août 2016, dans son discours à l’occasion du 63-ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.

En comparaison avec le voisinage, comment se distingue la politique d’accueil marocaine ?

Le fil conducteur entre toutes les actions entreprises dans le cadre de la politique d’accueil marocaine est cette conviction que l’immigration est une chance et une opportunité et non une menace.
Humanisme et développement sont donc les maîtres-mots de la vision royale de l’immigration africaine. Dans un messageadressé aux participants au Pacte mondial de Marrakech, Sa Majesté avait affirmé que « la question migratoire n’est pas – et ne devrait pas – devenir une question sécuritaire » et que la vision royale s’inscrit dans la recherche « de compromis novateurs, entre gestion des frontières et protection des droits humains des migrants, entre migration et développement ».
Le fervent engagement du Souverain pour le développement du continent africain confère au Royaume un leadership continental et régional sans précédent. Les directives royales ont instauré les fondements d’une coopération Sud-Sud fructueuse et mutuellement bénéfique dont le seul objectif est d’assurer l’essor du continent africain et la prospérité de ses populations.
Afin de concrétiser la politique migratoire du Royaume, Sa Majesté avait annoncé, lors du 30e sommet du l’Union Africaine (UA), la création de l’Observatoire africain de la migration (OAM). Un organe dédié à la recherche et à la coordination entre les pays africains sur la question migratoire qui aura pour mission de démystifier les stéréotypes sur la migration en Afrique.
Car, selon le rapport de SM le Roi Mohammed VI en tant que leader de l’Union africaine sur la question de la migration présentée à Addis-Abeba en début d’année, « une grande partie de ce qui se dit sur la migration africaine est dénuée de tout fondement et la perception de la migration africaine est déformée par des stéréotypes et des récits qui n’ont rien à voir avec la réalité du mouvement migratoire ».
Pour sa part, le CCME s’est penché sur la question du transit et de l’installation des immigrés subsahariens au Maroc et publié une étude intitulée « Beyond Irregularity » (au-delà de l’irrégularité), menée en partenariat avec l’Institut de recherches en politiques publiques (IPPR) basé à Londres.
Le document comporte deux rapports, dont l’un est intitulé "le mythe du Transit, la migration subsaharienne au Maroc" et constitue une synthèse de plusieurs travaux de terrain menés entre 2011 et 2013.
A ce stade du chantier de la politique d’accueil au Maroc, nous invitons le gouvernement ou tout intervenant dans la question à s’inspirer de l’expertise et de l’expérience des Marocains du monde qui ont pu mener des projets d’intégration concluants dans les pays de résidence.

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