Abdelfatah al Sissi cible l’aile militaire du Hamas

Il est de notoriété publique que les relations entre le président Égyptien Abdelfatah al Sissi et le Hamas palestinien étaient très mauvaises. L’homme avait déclaré la guerre à la confrérie des frères musulmans et avait bâti sa stature d’homme d’Etat et sa crédibilité dans cette grande confrontation. Après avoir démantelé ses structures, il l’avait mise sur la liste des mouvements terroristes, jugé ses principaux symboles. Toute la politique de Sissi fut axée sur un point central, celui de détruire tout l’héritage de la gouvernance de frères musulmans.
Dans la logique du président égyptien, le Hamas étant le prolongement politique des frères musulmans en territoires palestiniens. Le Hamas a été créé en décembre 1987 par l’association palestinien des frères musulmans, elle même créée par les frères musulmans égyptiens en 1947. Il était donc presque naturel que ce mouvement palestinien subisse les foudres du nouvel homme fort du Caire, d’autant plus que les déclarations des dirigeants du Hamas interrogeaient régulièrement la légitimité des conditions dans lesquelles Sissi a eu accès au pouvoir.

Par Mustapha Tossa

La haine qu’avait nourrie Sissi à l’égard des frères musulmans fut si tenace qu’elle modulera l’ensemble de sa politique étrangère. Il réussit ce pari assez rare de mobiliser une grande partie des pays du golfe, dont certains avaient des sympathies ouvertes à l’égard de la célèbre confrérie, dans son impitoyable guerre. D’ailleurs, les relations avec les frères musulmans fut le nœud de la crise qui avait failli faire voler en éclats le conseil de la coopération du golfe.

La Situation sécuritaire au Sinaï qui se dégradait de jour en jour avec les derniers attentats contre les forces de l’ordre qui ont fait trente morts ont changé la donne et aggravé l’humeur belliqueuse de Sissi contre le Hamas dont la branche armée est accusé de soutenir l’insurrection dans cette région. La décision de la justice égyptienne de la classer comme organisation terroriste s’est accompagnée par de déclarations très viriles de Sissi sur sa détermination à mener une "longue et difficile " lutte contre les jihadistes. La réaction du Hamas était prévisible. Le mouvement l’avait qualifié de "dangereuse décision politique qui ne sert que les intérêts de l’occupant" israélien. Un de ses portes paroles Sami Abou Zouri clarifie davantage la position du mouvement :" Nous refusons que le nom des Brigades Qassam soit mêlé aux affaires internes de l’Egypte".

Le Sinaï s’est imposée aux autorités égyptiennes comme le grand cauchemar sécuritaire du moment. Il est vrai que de temps en temps quelques attentats confectionnés souvent de manière artisanale frappent des villes égyptiennes comme le Caire et visent des membres de la sécurité, mais l’essentiel de l’activité terroriste trouve refuge dans ce vaste territoire frontalier à Israël. Le mouvement Ansar Beit Al Maqdess, présenté comme la branche égyptienne de l’organisation terroriste transnationale l’Etat Islamique y a élu ses quartiers et s’y livre régulièrement à des actions .

Les actions terroristes des groupes jihadistes au Sinaï sont autant de défis qui narguent régulièrement le président Sissi. Le nouveau rais égyptien avait bâti toute sa crédibilité sur sa capacité à déployer une politique d’éradication à l’encontre des organisations terroristes. S’il échoue dans cette mission, les Egyptiens qui l’ont porté aux nues, lui tiendront rigueur. D’autant plus qu’en ciblant de cette manière le Hamas, l’Egypte abandonne son statut d’éternel médiateur dans l’éternel conflit conflit entre israéliens et palestiniens.

Ce conflit militaire ouvert entre Sissi et Hamas aura d’immenses conséquences politiques. Pour le Hamas, qui contrôle toujours la bande de Gaza malgré la réconciliation nationale palestinienne, son unique voie de communication avec le monde passe par l’Egypte. Sa grande crainte est que les autorités égyptiennes ne puissent exploiter ce ciblage de sa branche armée pour régler des comptes politiques, procéder à des arrestations abusives de Palestiniens sous le prétexte d’avoir des sympathies pour Ansar Beit Al Maqdess.

La position de la justice égyptienne à l’encontre de la branche armée du Hamas est de nature à conforter les autorités israéliennes dans leur guerre contre ce mouvement. Elle valide la campagne internationale de Tel Aviv pour mettre à l’index le Hamas comme mouvement terroriste et rend encore plus audible la demande des autorités européennes de cibler le Hamas et de le ranger sur la liste des organisations terroristes.

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