AQMI : la Mauritanie seule au front

24 heures après l’enlèvement de 7 otages dont cinq français au Niger, la Mauritanie déclenchait une opération planifiée d’avance contre des bases terroristes au Mali.

AQMI : la Mauritanie seule au front
Depuis vendredi, la Mauritanie méne des combats intenses contre des bases d’AQMI installées dans le nord malien. Selon les informations, l’Etat malien a, dans un premier temps, refusé de prendre part aux opérations, avant de se résoudre, deux jours après le début des hostilités, d’envoyer des gendarmes dans la région visée pour assurer «la sécurité des civils ». Quant à l’Algérie, informée à la fois par les mauritaniens, ainsi que par les services français et américains, officines à l’origine des informations faisant état d’une attaque imminente contre des positions mauritaniennes, elle a pris acte sans commentaires. Même passivité de la part du Niger où 5 français et deux africains ont été enlevés en fin de semaine. La France qui avait pris part à l’attaque avortée du 22 juillet pour la libération d’un otage, finalement exécuté par Al Qaida, s’est montrée hésitante depuis vendredi, avec plusieurs communiqués déclamant sa neutralité. Un revirement semble être opéré toutefois depuis dimanche avec l’envoi au Niger de 80 éléments des forces spéciales dont la mission, taillée sur mesure, se résume à la seule recherche des otages.

Bref, la Mauritanie se retrouve seule aux premières lignes d’une guerre contre un terrorisme qui se déplace dans un couloir allant du Nord du Mali au Sud de l’Algérie et du Nord du Niger à la Somalie. L’éphémère commandement unifié de Tamanrasset signé en avril dernier entre les Etats sahéliens n’aura pas tenu le temps d’un printemps. Car, aujourd’hui, les divergences sont manifestes entre l’Algérie, qui entendait asurer un leadership dans la lutte contre le terrorisme sans ingérence étrangère et la Mauritanie, alliée à la France, et qui ne veut surtout pas qu’une partie de son territoire tombe aux mains des terroristes. Les relations ne sont pas aussi au beau fixe entre Nouakchott et Bamako. En effet, la visite prévue du président mauritanien lors des festivités du cinquantenaire du Mali ainsi que le retour , en cette mi-septembre, de l’ambassadeur mauritanien à Bamako et-ce après huit mois de brouille, consécutifs à la décision malienne de libérer, fin fèvrier, des terroristes en échange de quelques otages français, ne veut pas dire que les deux pays sont sur la même longueur d’onde quant à l’approche à adopter face aux terroristes. Le Président ATT qui boucle ses tous derniers mois au Palais Koulouba n’entend pas faire empirer les relations déjà délétères avec les tribus Touarégues et certains chefs de guerre aux rôles ambigus dans les prises et les négociations pour la libération des otages. Mais jusqu’où cette neutralité pacifique alourdira ou allégera-t-elle le bilan de 8 années de pouvoir de l’actuel président malien ?

Mohamed B Fall

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