A Paris et Bordeaux, dix médecins et soignants empoisonnés

A Paris et Bordeaux, dix médecins et soignants empoisonnés
Qui en veut aux médecins et aux soignants des urgences de l’Hôtel-Dieu, à Paris? Vendredi en début de soirée, deux femmes placées en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur la tentative d’empoisonnement dont ont été victimes mardi matin six membres du personnel soignant ont été remises en liberté. Aucune charge n’a été retenue contre elles. En attendant, le Parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour "administration de substances nuisibles". Un juge d’instruction va être chargé d’élucider cet étrange empoisonnement survenu mardi vers 8h30.

Après avoir bu un café dans la salle de détente du service dont l’accès est libre, deux médecins, deux infirmières et deux aides soignants ont été victimes de maux de têtes, de vertiges, de nausées et pris d’une intense fatigue. Soignés sur place, ils ont pu se remettre assez rapidement de cet empoisonnement et ne garderont aucune séquelle. L’analyse du café a révélé la présence d’une bonne dose de Loxapac, un neuroleptique puissant destiné aux personnes atteintes de psychoses aiguës. Un flacon de ce médicament a d’ailleurs été dérobé au sein de la pharmacie du service, dont la porte est pourtant sécurisée par un code.

Troubles psychiatriques

Mercredi soir, deux femmes ont été interpellées par les policiers du service d’accueil, de recherche et d’investigation judiciaires (Sarij) du 4e arrondissement. Sujette à des troubles d’ordre psychiatrique, la première a séjourné aux urgences lundi et mardi. La seconde, elle, est une infirmière de 31 ans en délicatesse avec ce service qu’elle souhaitait quitter dans le cadre d’un congé sans solde. Une employée qui avait accès à la pharmacie. Ces deux personnes soupçonnées ont nié toute implication dans cet empoisonnement, un mode opératoire privilégié par les femmes. Les comparaisons d’empreintes trouvées sur le flacon et la cafetière n’ont pas permis de les confondre.

Bizarrement, cet acte malveillant en cachait un autre de même nature, passé sous silence au centre hospitalo-universitaire (CHU) de Bordeaux, le 8 août dernier. Ce soir-là, vers 20h30, trois aides soignantes et une infirmière de l’unité de soins normalisés pour les troubles neurologiques se retrouvent dans une salle de détente. L’une d’entre elles puise alors dans un paquet déjà entamé pour préparer un café. "Elles ont été prises de nausées, de vomissements et de diarrhées suite à l’ingestion d’environ 100 millilitres de café", a expliqué jeudi le docteur Pierre Chanseau, médecin responsable du centre antipoison.

Prises en charge aux urgences, les victimes ont regagné leur domicile dès le lendemain mais sont désormais en arrêt maladie. Leur café contenait de l’aldicarbe, une substance très dangereuse présente dans des pesticides interdits dans l’Union européenne mais autorisés en France pour le seul traitement de la vigne et de la betterave à sucre. Comme à Paris, une plainte pour "administration de substance nuisible" a été déposée par l’hôpital. Le parquet bordelais a tenu à préciser que ces deux affaires, survenues à neuf jours d’intervalle, n’étaient pas liées

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