A Amiens, Macron descend dans l’arène à l’approche du 5 décembre

Face aux ex-Whirlpool en colère, puis dans un quartier populaire, après les étudiants la veille, Emmanuel Macron est allé "au contact" sur plusieurs fronts, à Amiens, sa ville natale, alors que le climat social se tend à l’approche du 5 décembre.

Etape la plus délicate de son déplacement, il est revenu sur le site de l’ex-usine Whirlpool, pour faire face à des ex-salariés en colère qui l’accusaient d’avoir été "berné" par le repreneur en liquidation. Un écho à sa visite agitée pendant la campagne de 2017, sur un site devenu emblématique de son parcours politique.

Dans un hangar presque vide, il a passé 1h30 à discuter pied-à-pied avec des salariés souvent en détresse, des échanges souvent tendus, mais sans débordement.

Quand des syndicalistes lui ont reproché d’avoir été "naïf" en soutenant le repreneur, le groupe WN, il a plaidé la bonne foi. "Moi aussi j’y croyais", "tout a été vérifié", leur a-t-il dit, affirmant aussi n’avoir "aucun regret" d’avoir aidé le repreneur. Il a reconnu toutefois un "constat d’échec".

Présent sur le site, le député LFI de la Somme François Ruffin l’a vivement interpellé : "je pense que vous grandiriez l’Etat à admettre que vous avez merdé", lui a-t-il dit.

Veillant à être à l’écoute, le président a promis de revenir au maximum dans un an pour s’assurer que chaque ex-salarié avait une perspective. "Je veux que dans le trimestre qui vient on réussisse à faire avancer les choses, y compris en investissant sur le site pour réindustrialiser".

Cette rencontre sans filtre avec des salariés massés autour de lui, ulcérés par l’échec d’une reprise qu’il avait soutenue, s’annonçait à hauts risques, à l’approche de la mobilisation sociale du 5 décembre. Mais les ex-Whirlpool étaient plutôt satisfaits de l’avoir vu sur place. "On a pu vider notre sac", a témoigné une ex-salariée.

Dans l’entre-deux tours de la présidentielle, Emmanuel Macron était déjà venu rencontrer les salariés de Whirlpool, au milieu des pneus enflammés et des sifflets stridents. Il avait malgré tout réussi à établir un dialogue, peu après une visite surprise de Marine Le Pen, qui l’avait défié de venir.

Bain de foule

Le chef de l’Etat a enchaîné avec un long bain de foule dans un quartier populaire du nord d’Amiens, où il a été accueilli plutôt avec bienveillance. Venu inaugurer une maison France Services, qui regroupe plusieurs services publics, il a voulu répondre à ceux qui l’interpellaient sur des problèmes de précarité ou de pauvreté.

Pas question de montrer une quelconque fébrilité avant la journée de grève du 5 décembre, qui inquiète l’exécutif. La veille, devant des étudiants, il avait déploré que la France soit actuellement un "pays trop négatif", mettant en garde contre les violences.

"On a l’impression si on s’écoute collectivement, si on branche la radio ou qu’on allume la télé, que tout est terrible ( ?) En ce moment notre pays est, je trouve, trop négatif sur lui-même", a-t-il déclaré en inaugurant le nouveau site de l’université d’Amiens.

Il a une nouvelle fois déploré les "violences dans la rue", après celles dans les universités et celles du premier anniversaire des "gilets jaunes". "Il n’y a pas de liberté sans ordre public dans la rue, il y a une liberté de manifester, il y a une liberté d’exprimer son opinion, mais il n’y a pas de liberté de casser", a-t-il insisté.

Il a aussi demandé de "condamner la haine", un message destiné notamment aux partenaires sociaux et aux partis d’opposition.

Jeudi, certains ex-salariés de l’usine ont défilé avec des "gilets jaunes", lycéens, militants CGT et Sud-Solidaires dans le centre d’Amiens. Une petite centaine de manifestants a tenté de rallier la Citadelle, où le chef de l’Etat a inauguré le site de l’université, mais a été bloquée par les forces de l’ordre.

Vendredi matin, le chef de l’Etat s’est penché sur l’amélioration des dessertes ferroviaires dans la Somme, en s’entretenant avec le nouveau PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.

Il devrait par ailleurs annoncer la finalisation du financement, évalué à cinq milliards d’euros, du canal Seine-Nord, qui doit faciliter le transport de marchandises entre les pays du Benelux et la région parisienne. Ouverture prévue dans une dizaine d’années.

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