2012-Hollande, un homme « neuf » pour porter les espoirs à gauche

Large vainqueur d’une primaire socialiste dont il était le favori depuis la chute de Dominique Strauss-Kahn, François Hollande engrange les fruits d’une longue campagne menée sur le thème de l’"homme normal qui veut devenir président".

Le camp de François Hollande a estimé dimanche soir que sa victoire dans la primaire pour désigner le candidat socialiste à la présidentielle de 2012 en France était acquise, avec des résultats portant sur la moitié des votants lui donnant 56,5% des voix face à Martine Aubry (43,5%).

Le député de Corrèze a désormais 180 jours pour faire fructifier son image de gagnant d’un scrutin où il s’est imposé comme l’homme incontournable de la gauche pour 2012.

A 57 ans, ce fils d’un médecin et d’une mère assistante sociale, premier secrétaire du Parti socialiste pendant dix ans (1997-2008) mais jamais ministre, aborde en "homme neuf" une épreuve préparée de longue date.

Pour François Miquet-Marty, de l’institut Viavoice, sa force réside essentiellement dans "la confiance qu’il inspire". "Dans une situation difficile on a le sentiment qu’on peut aller vers lui et qu’il sera attentif à vos difficultés", dit-il.

Le "Pompidou de gauche", comme il est parfois surnommé pour sa bonhomie, a reçu le soutien de Jacques Chirac, qui l’a qualifié d’homme d’Etat dans ses mémoires, avant de déclarer devant les caméras qu’il voterait pour lui. Ce que son entourage a ensuite présenté comme une boutade.

Ses adversaires de la primaire ne l’ont pas épargné, Martine Aubry l’accusant d’appartenir à "la gauche molle" et son ancienne compagne Ségolène Royal d’être un "notable" au programme soporifique.

Autant d’arguments dont la droite pourrait se servir pour affûter ses attaques de campagne, déjà entamée sur le thème du "candidat du rien".

"Il a été fragilisé par les attaques de Martine Aubry contre son contrat de génération, ses projets pour l’éducation nationale, ou le duel ‘gauche molle’ contre ‘gauche forte’, mais je ne pense pas que cela laisse des séquelles préjudiciables pour la suite", estime toutefois François Miquet-Marty.

Pour opérer sa mue, François Hollande a soigné aussi bien le fond – une stratégie, un programme – que la forme – un régime et un discours posé, délesté de l’humour qu’il retrouve en meeting.

"Normal" jusque dans la simplicité de ses costumes, il arrive souvent à ses rendez-vous en scooter à trois roues, son moyen de transport de prédilection à Paris.

"Il sait qu’il y aura des coups mais il n’a rien à se reprocher. Il a une vie simple, pas de mystère à entretenir ou à protéger", dit un proche, le sénateur André Vallini.

Pour François Miquet-Marty, "l’image de François Hollande est insaisissable pour Nicolas Sarkozy, qui cherche des angles d’attaque". Le président sortant a toutefois "un atout en matière de leadership, le tempérament d’un chef, ce qui est moins le cas pour François Hollande".

La primaire passée, le candidat socialiste va s’engager dans la portion décisive du chemin vers 2012.

"Il ne faut pas se tromper. Le vrai rendez-vous, c’est la présidentielle", dit le politologue Stéphane Rozès. "De la même façon que le pacte entre Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry a desservi cette dernière, le pacte entre François Hollande et les électeurs de la primaire en amont de la présidentielle ne doit pas être un écran entre lui et l’ensemble des Français".

Pour le député Michel Sapin, un de ses proches, "il faut gérer le temps et les efforts".

"C’est comme l’ascension du Tourmalet, il faut en garder sous le pied pour arriver au sommet", déclarait-il cet été à Reuters à propos de celui qui peut "rassembler à la fois des gens qui votent très à gauche et des déçus de la droite".

François Hollande sera intronisé samedi prochain lors d’une convention d’investiture halle Freyssinet à Paris.

Après un temps de repos, il devrait voyager pour se forger une stature internationale qui lui fait défaut "comme Barack Obama ou David Cameron au départ, ce qui ne les a pas empêchés d’être élus", soulignent ses amis.

"Il doit montrer que, même à l’international, on peut avoir des relations sincères. Dans le monde tel qu’il est, on a besoin de sincérité avec les gens, y compris les grands chefs d’Etat", dit un proche, l’eurodéputé Stéphane Le Foll.

Voyages

Le candidat a d’ores et déjà annoncé une tournée en Europe, qui pourrait être complétée par des séjours aux Etats-Unis et dans au moins un pays émergent. "Les chancelleries veulent le rencontrer. Elles ne comptent pas tellement sur la réélection de Nicolas Sarkozy", ironise un proche.

Au PS, l’heure du rassemblement sera aussi celle de l’élaboration de son programme final, qui prévoit une vaste réforme fiscale et 60.000 emplois en cinq ans dans l’Education nationale, et la formation de nouvelles équipes de campagne.

Celui qui a déjà accueilli une grande partie des "strauss-kahniens" après l’inculpation de l’ancien directeur général du FMI pour tentative de viol à New York, devra faire une place aux idées et aux proches des quatre candidats lui ayant apporté leur soutien après le premier tour – Manuel Valls, Jean-Michel Baylet, Ségolène Royal et Arnaud Montebourg.

Formé dans l’ombre de Jacques Delors et Lionel Jospin, souvent comparé à son mentor François Mitterrand en meeting, François Hollande aura tout à gagner à cultiver ses différences avec Nicolas Sarkozy.

"Les Français vont tourner la page d’un certain type de présidents associés au ‘bling-bling’, qui côtoient les puissants

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