1er mai: forte mobilisation en France et violences contenues à Paris

Entre 150.000 et 300.000 personnes, militants syndicaux et "gilets jaunes", ont manifesté mercredi dans toute la France, dans une ambiance bon enfant en région mais plus tendue et confuse à Paris, mais sans "l’Apocalypse" promise par les plus radicaux.

En France, 164.000 personnes ont manifesté, selon le ministère de l’Intérieur, 310.000 selon la CGT. L’an dernier, entre 143.500 (préfecture) et 210.000 personnes (CGT) ont manifesté.

Dans la capitale, la mobilisation pour la fête des travailleurs a réuni 40.000 manifestants selon un comptage réalisé pour un collectif de médias par le cabinet Occurrence.

"C’est une grande journée de mobilisation", s’est réjoui le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, qui a pourtant dû être exfiltré du cortège en début d’après-midi après avoir été pris à partie par des radicaux.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, n’est pas de cet avis, estimant que la journée a été "volée par la violence de quelques-uns", lors d’un déplacement en début de soirée à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière (XIIIe arrondissement), où a été admis un CRS blessé à la tête.

L’hôpital, situé à proximité de la place d’Italie où le parcours de la manifestation syndicale a pris fin dans un nuage de gaz lacrymogène et après des heurts, a été "attaqué" par des dizaines de militants anticapitalistes d’ultragauche "black blocs" qui auraient voulu rentrer par la sortie de secours, a-t-il affirmé.

Vitrines brisées, pluie de pavés, feux de poubelles, départs d’incendie, jets de lacrymo, grenades de désencerclement, canons à eau: dès avant le départ officiel du cortège parisien, des échauffourées ont eu lieu entre "black blocs" et police, avant un retour au calme en début de soirée.

Des journalistes de l’AFP ont vu des manifestants être pris en charge par les "street medics".

Alors qu’ils ont défilé côte à côté en province au nom de la "convergence des luttes", des "gilets jaunes" et des militants CGT en sont venus brièvement aux mains à l’arrivée du cortège parisien, a constaté un journaliste de l’AFP.

"Je gagne 1.200 euros par mois, je suis comme toi", a lancé un syndicaliste CGT à un manifestant affublé d’un gilet jaune, qui l’invectivait.

– ‘BenallAnniversaire’ –

Alors que le préfet a ordonné la fermeture des commerces, les tensions se sont d’abord concentrées aux alentours du restaurant La Rotonde, "symbole" macroniste où le candidat d’En Marche avait célébré sa qualification au second tour de l’élection présidentielle.

Puis le cortège, mêlant militants syndicaux et "gilets jaunes", s’est mis en marche, parcourant quelque 3 km jusqu’à la place d’Italie qui s’est progressivement vidée à partir de 19H00.

A quelques encablures de là, une centaine de personnes s’étaient réunies dans la soirée dans une ambiance détendue sur la place de la Contrescarpe -bouclée par les forces de l’ordre-, pour le "BenallAnniversaire", certains affublés d’un masque à l’effigie de l’ancien conseiller de l’Elysée, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le ministère, qui a déployé plus de 7.400 policiers et gendarmes, tablait sur "1.000 à 2.000 activistes radicaux".

Dans un quartier de l’Elysée bouclé par crainte des "black blocs", Emmanuel Macron avait invité mercredi 400 professionnels des métiers de bouche et des fleurs pour la traditionnelle remise du muguet, autour d’un somptueux buffet. La veille, il avait réclamé que la réponse aux militants radicaux soit "extrêmement ferme", après des appels sur les réseaux sociaux à transformer Paris en "capitale de l’émeute".

En fin d’après-midi, la préfecture de police signalait 288 interpellations et plus de 15.300 contrôles, et le parquet 254 gardes à vue.

A Paris, Camille, 23 ans, se félicitait de la "grande convergence des luttes" réalisée ce mercredi entre les étudiants mobilisés contre la "réforme Blanquer du lycée" et les travailleurs. Les violences, "c’est devenu habituel depuis la loi travail en 2016".

En région, la journée du travail a été globalement célébrée dans une ambiance festive par les syndicalistes, les "gilets jaunes" et les politiques, mais sous haute surveillance policière. Plusieurs préfectures ont interdit des défilés dans le centre ville, comme à Caen ou à Lyon.

Ils étaient 6.200 à Lyon, 5.500 à Marseille, 3.400 à Nantes, 2.400 à Montpellier, 2.100 à Besançon, 1.800 à Saint-Etienne, 1.600 à Strasbourg, 1.500 à Lille, 1.400 à Dijon, selon la police, et jusqu’à 20.000 à Toulouse, selon la CGT.

Parmi les pancartes, on pouvait lire : "Le peuple déteste Macron", "Merci pour Notre Dame, mais donnez aussi aux Misérables", "Mieux vaut être une cathédrale qu’un gilet jaune", "Macron arrête de nous enfumer".

A Rennes, Fanny 42 ans, aide-soignante et "gilet jaune" de la première heure déplore qu’il n’y ait "plus de postes dans les hôpitaux. L’Etat nous supprime des postes, des matériels. On se retrouve à 4-5 pour gérer 100 personnes. Je suis là pour ça et pour mes enfants".

Malgré leur mobilisation -en ordre dispersé-, les syndicats craignent que leurs revendications ne soient brouillées au milieu des violences.

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