100 ans de cinéma afro-américain

Depuis les débuts du cinéma, des pionniers noirs ont imaginé un monde meilleur pour leurs pairs, souvent en avance sur la réalité de l’époque.

100 ans de cinéma afro-américain
Aux Etats-Unis, le mois de février est aussi le mois de l’histoire des noirs. Mais février 2010 n’est pas un mois comme les autres: il marque également le centième anniversaire du cinéma noir. Ce cinéma n’a pas attendu Carter G. Woodson et sa «Semaine de l’histoire des noirs» (inaugurée en 1926) pour faire partie de l’histoire afro-américaine. Et il a à nouveau marqué l’histoire cette année, lorsque Precious a été nominé pour l’oscar du meilleur film. C’est la première fois qu’un film réalisé par un afro-américain est nominé pour la récompense suprême. Le réalisateur, Lee Daniels, marche dans les pas de William D. Foster et Oscar Micheaux.

On dit souvent qu’Oscar Micheaux est le père des cinéastes afro-américain. Mais William D. Foster a commencé à produire ses films dix ans avant que Micheaux ne tourne sa première œuvre. En 1910, Foster, alors journaliste sportif au Chicago Defender, créé la Foster Photoplay Company: le premier studio de cinéma afro-américain. (Foster connaissait le show-business; il avait été l’attaché de presse de Bert Williams et George Walker, deux stars du vaudeville). En 1912, Foster tourne The Railroad Porter. Le film rend hommage aux «Keystone Kops» et à leurs scènes de course-poursuites burlesques; on peut également y voir un début de réflexion sur la représentation – systématiquement dégradante – qu’offrait des afro-américains le cinéma d’alors.

Trois ans plus tard, D. W. Griffith tourne The Birth of a Nation (1915), une fable historique racontant les périodes ayant précédé et suivi la Guerre de Sécession; les stéréotypes raciaux véhiculés par ce film ont encore cours dans l’Amérique d’aujourd’hui. On y voit des législateurs noirs, peu après la guerre: ils sont pieds nus, mangent du poulet frit, sifflent du whiskey, ne cachent pas leur attirance pour les femmes blanches – et finissent par faire voter une loi stipulant que tout législateur doit porter des chaussures. Ajoutez une mamma acariâtre, un mulâtre au destin tragique, un jeune meurtrier, des violeurs noirs, un lynchage… et vous obtiendrez ce qui demeure, hont à nous, l’un des films les plus respectés de l’histoire (…).

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