Zimbabwe: Mugabe poussé vers la sortie par son parti

Robert Mugabe a été démis dimanche de ses fonctions de président du parti au pouvoir au Zimbabwe et s’est vu donner 24 heures pour renoncer à la présidence du pays ou devoir faire face à une action en destitution.

L’autoritaire et controversé Robert Mugabe, au pouvoir au Zimbabwe depuis 1980, a été désavoué dimanche par son parti qui l’a menacé de destitution s’il ne quittait pas d’ici lundi la présidence du pays, auquel il s’accroche après un coup de force inédit de l’armée.

Au lendemain de manifestations monstres, la Zanu-PF a également évincé, à l’unanimité, Robert Mugabe de la direction de sa propre formation.

Le régime du président Mugabe, qui a contrôlé d’une main de fer son pays depuis l’indépendance, ne semblait plus tenir qu’à un fil dimanche, après avoir perdu en quelques jours seulement tous ses soutiens.

Encore impensable il y a quelques jours, la Zanu-PF a lancé un ultimatum au "camarade Bob", qui, à 93 ans, s’accroche au pouvoir malgré son assignation à résidence depuis mercredi.

"Il doit démissionner de la présidence du Zimbabwe et s’il ne l’a pas fait d’ici lundi midi (…), le président du Parlement" enclenchera la procédure de destitution, a déclaré, sous les vivats, le porte-parole de la Zanu-PF, Simon Khaye Moyo, à l’issue d’une réunion d’urgence du parti.

Robert Mugabe a été immédiatement remplacé à la tête du parti par Emmerson Mnangagwa, le vice-président qu’il avait démis de ses fonctions le 6 novembre.

Ce dernier a également été nommé candidat officiel de la Zanu-PF à l’élection présidentielle de 2018, en remplacement du chef de l’Etat.

L’ambitieuse épouse du chef de l’Etat, Grace Mugabe, 52 ans, a quant à elle été purement et simplement exclue du parti.

Ces décisions "marquent le début d’une nouvelle ère", a lancé un cadre du parti, Obert Mpofu, qui présidait la réunion exceptionnelle de la Zanu-PF.

Le président, désormais aux abois, devait rencontrer dimanche les militaires aux commandes du pays, qui tentent de lui arracher une reddition en douceur.

Les premières négociations jeudi avaient échoué: le plus vieux chef d’Etat en exercice au monde avait catégoriquement refusé de quitter la présidence.

"Il cherche à trouver une sortie digne", a avancé dimanche Chris Mutsvangwa, leader des anciens combattants de la guerre d’indépendance, un des anciens piliers du régime.

La pression n’a jamais été aussi forte sur Robert Mugabe. Samedi, le Zimbabwe a connu l’une des plus grandes manifestations jamais organisées depuis son indépendance du Royaume-Uni.

Des dizaines de milliers de personnes – des partisans de la Zanu-PF comme de l’opposition – ont déferlé dans les rues d’Harare pour appuyer l’intervention de l’armée et demander au dirigeant de partir.

"Repose en paix Mugabe", "Non à la dynastie Mugabe", "L’armée du Zimbabwe, voix du peuple", proclamaient des affiches brandies par des manifestants euphoriques, mais aussi épuisés par des années de crise économique.

Le pays manque cruellement de liquidités, obligeant les citoyens à faire la queue pendant de longues heures devant les banques, et affiche un taux de chômage d’environ 90%.

L’armée a décidé de passer à l’action après la destitution le 6 novembre du vice-président Emmerson Mnangagwa, ennemi juré de la Première dame.

Les militaires n’ont pas accepté la perspective que Grace Mugabe, dirigeante de la puissante Ligue des femmes du parti, se retrouve en position de favorite pour succéder, le moment venu, à son mari.

Grace Mugabe "et ses proches associés ont profité ces cinq dernières années de la santé fragile" du président pour "usurper le pouvoir et piller les ressources de l’Etat", a dénoncé Obert Mpofu.

"Il est fâcheux que le président lui ait permis d’usurper son autorité, détruisant ainsi le parti et le gouvernement", a renchéri la ligue des jeunes de la Zanu-PF.

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