Youssef Amrani ouvre un nouveau chapitre de l’Union pour la Méditerranée

La nomination de Youssef Amrani comme nouveau secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée fait renaître l’espoir du renouveau d’une institution en quête d’identité. Le « printemps arabe » et la volonté affichée de l’Union Européenne de donner davantage de moyens, politiques et financiers, plaide également en faveur d’une plus grande coopération entre les pays membres. En tout cas, le cap est à nouveau clairement fixé.

En s’installant officiellement à son fauteuil de secrétaire général de l’Union Pour la Méditerranée, dans les bureaux du palais de Pedralbes, à Barcelone, Youssef Amrani revient un peu chez lui. C’est en effet dans la capitale catalane qu’il a exercé ses fonctions de Consul Général du Maroc. Et c’est ici que l’attend son nouveau défi : donner un nouveau souffle à l’Union pour la Méditerranée (UpM).

Cet homme de consensus peut compter sur un appui très large des quarante trois pays membres de l’organisation. Lors de son intronisation officielle, le 5 juillet 2011, l’ancien et le nouveau maire de Barcelone -Jordi Hereu et Xavier Trias- sont venus le saluer en amis, avec les ministres des affaires étrangères d »Espagne, France, Égypte et Maroc : Trinidad Jimenez, Alain Juppé, Ahmed Fathallah et Taïb Fassi Fihri .

Les ministres français et espagnol de l’Industrie étaient aussi présents à côté de Miguel Angel Moratinos, ex-ministre des affaires étrangères de José Luis Rodriguez Zapatero, et grand militant de l’UpM. Des appuis politiques que le nouveau Secrétaire Général veut considérer comme « une grande opportunité pour donner à l’Union pour la Méditerranée le contenu opérationnel entamé avec le processus de Barcelone, en 1995 ».

« Une meilleure gouvernance et une augmentation des crédits »

Alain Juppé a mêlé sa voix au chœur des optimistes : « Nous devons nous appuyer sur ce consensus pour donner un nouvel élan à cette institution initiée par le président Nicolas Sarkozy en 2008 ; si l’on veut que l’Union pour la Méditerranée devienne la matrice des projets concrets de développement, il faut une meilleure gouvernance et une augmentation des crédits, notamment via la Banque Européenne d’Investissement ».

L’arrivée de Youssef Amrani marque une étape pour satisfaire le premier critère. Reste à donner davantage de moyens. À titre d’exemple : en 2011, la France a consacré 500 K€ dans le cadre de son budget à l’Union pour la Méditerranée…
Le ministre français des Affaires Étrangères a également pointé quatre priorités pour donner davantage de consistance à l’UpM :
1. Mettre en œuvre une véritable politique de mobilité, « pour maîtriser les flux migratoires », mais aussi pour faciliter les échanges. C’est ce qui justifie la création de l’Office Méditerranéen de la Jeunesse, pour offrir un meilleur accès à des bourses d’étude. Une sorte de programme « Erasmus » à l’échelle de la Méditerranée.
2. Appuyer le développement des énergies renouvelables afin de répondre à des besoins en augmentation croissante, notamment au sud de la Méditerranée, où la demande énergétique devrait croître de 6% par an d’ici 2025.
3. Aide à l’innovation et aux PME, avec la « mise en place d’un plan pour le développement de "l’e.économie" à l’initiative de l’UpM » souhaité par Alain Juppé.
4. Un plus grand effort pour une coordination de la protection civile dans l’ensemble des pays méditerranéens, pour faire face notamment aux grands problèmes écologiques, comme les feux de forêts, par exemple.

Prendre en compte les changements liés aux « printemps arabes »

Le ministre français des Affaires étrangères a rappelé également la nécessité de « prendre en compte les changements liés aux « printemps arabes », qui nous obligent à revoir les rapports entre l’Union européenne et le sud de la Méditerranée avec davantage d’égalité, de réciprocité et d’équilibre ».

Son homologue marocain, Taïb Fassi Fihri, s’est félicité de ces bonnes intentions et des résolutions adoptées par le Conseil Européen le 25 mai 2011, qui placent l’UpM au centre de la politique de développent économique et politique en Méditerranée. Comme beaucoup, il a aussi évoqué l’importance primordiale de régler le conflit du Moyen-Orient : « Nous l’avons dit, ce n’est pas au sein de l’Union de la Méditerranée que nous régleront ce problème, cela ne fait pas partie de notre mission, mais le dialogue qui s’instaure au sein de l’UpM ne peut être qu’un élément favorable pour la recherche d’une solution ».

« Mettre en œuvre des projets réels »

Le nouveau secrétaire général de l’UpM estime de son côté que des avancées notoires ont été réalisées au plan politique, notamment de la part de l’Union européenne, pour affirmer le rôle de l’Union pour la Méditerranée : « À nous maintenant de donner une réponse rapide, globale et novatrice ».

Youssef Amrani a rappelé qu’un grand pas avait été fait en ce sens avec la première grande initiative validée il y a quelques semaines, et qui débouchera sur la construction d’une usine de désalinisation de l’eau à Gaza : « C’est la preuve que l’Union pour la Méditerranée peut mettre en œuvre des projets réels ». Avant de conclure en paraphrasant Robert Schuman, l’un des pères fondateurs de l’Union européenne : « La Méditerranée se fera par la réalisation de projets concrets ».

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