Washington au courant des massacres en Indonésie en 1965-66 (documents déclassifiés)

Le gouvernement américain était au courant des massacres de l’armée indonésienne lors des purges anticommunistes de 1965-66 dans l’archipel d’Asie du Sud-Est, révèlent des archives déclassifiées par les Etats-Unis.

Au moins 500.000 personnes ont été tuées en Indonésie dans l’un des pires massacres du XXe siècle sur lequel Washington est resté silencieux, selon 39 documents de l’ambassade des Etats-Unis à Jakarta, déclassifiés mardi.

Les massacres avaient débuté après que le général Suharto a réprimé un coup d’Etat que les autorités indonésiennes attribuent aux communistes. Le dictateur avait pris le pouvoir après le coup d’Etat manqué en 1965, et dirigé le pays d’une main de fer pendant 32 ans. Il a été chassé du pouvoir par une révolte populaire en 1998, à la suite de la crise financière asiatique, et est décédé en 2008.

Les documents publiés mardi montrent que des responsables américains dans l’archipel avaient des informations détaillées sur les massacres, avec la complicité d’organisations musulmanes du pays.

Dans un télégramme envoyé depuis la ville de Surabaya le 26 novembre 1965, le consul américain soulignait que le nombre d’informations en provenance de l’est de Java était "une indication de massacres", ajoutant que jusqu’à 15.000 communistes pouvaient avoir été tués dans un seul massacre.

Un mois plus tard, le même consul indiquait que des prisonniers communistes aux mains de l’armée étaient "livrés à des civils pour être massacrés".

Selon un câble diplomatique, des membres de l’une des plus grandes organisations musulmane d’Indonésie, Muhammadiyah, ont affirmé que les communistes étaient "des infidèles au plus bas niveau de l’échelle, verser leur sang est comparable à l’abattage de poulets".

Des défenseurs des droits de l’Homme ont appelé les Etats-Unis et l’Indonésie à publier tous les documents classifiés restants sur ces massacres.

"Ces documents classifiés sont cruciaux pour avoir des archives historiques complètes sur ces tueries et pour que la justice soit rendue pour ces crimes", a déclaré à l’AFP Andreas Harsono, chercheur de l’ONG Human Rights Watch (HRW) en Indonésie.

Après la chute de Suharto, les appels se sont multipliés pour réclamer que l’Indonésie se penche sur ces événements. Toute tentative de contestation de la version officielle — selon laquelle ces massacres étaient nécessaires pour débarrasser le pays du communisme — a été empêchée par le passé. (afp)

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