Washington-Paris, gare à l’atterrissage (Libération)

Après des années loin de l’arène politique française, le chemin est encore long jusqu’à l’Elysée.

Washington-Paris, gare à l’atterrissage (Libération)
L’histoire, incontestablement, est belle. Ou comment DSK, sauveur de l’économie mondiale, réclamé à grands cris par le peuple, va rentrer en bienfaiteur d’une France au bord de la faillite, épuisée par cinq ans de sarkozysme. Sur le papier, le scénario est parfait. Mais ne s’avère pas aussi rose qu’il n’y paraît. Revue de détail.

Premier obstacle, et non des moindres, sur le chemin élyséen de DSK : Martine Aubry. Tous deux avaient conclu, avant le congrès de Reims, une alliance destinée à barrer la route à Ségolène Royal. Le pacte résistera-t-il à l’approche de la mère de toutes les batailles ? «On vit ensemble, on meurt ensemble», assure Jean-Christophe Cambadélis, lieutenant de Strauss-Kahn, reprenant la devise des Bleus qui, au Mondial 2006, avaient échoué… en finale. «Ils ne seront pas candidats l’un contre l’autre», martèlent aubrystes et strauss-kahniens. Un match dans le match, tactique, s’est pourtant engagé. Car Aubry, confortée par les régionales, pilotant le projet, remontant doucement mais sûrement dans les sondages, est là, et bien là. Installée aux commandes de Solférino. Il faudra donc, pour l’en déloger, faire la démonstration, sondages à l’appui, que DSK est meilleur candidat.

Autre argument en sa défaveur : l’éloignement. Le managing director du FMI, qui passe sa vie dans les avions, les hôtels de standing et sous les ors des palais présidentiels et des banques centrales du monde entier, sera-t-il en mesure, à six mois de la présidentielle, de saisir le pouls de la France ? Ce n’est pas l’avis de François Hollande, pour qui le candidat du PS doit «avoir fait l’effort de bien comprendre ce qu’est la situation du pays, de bien appréhender ce que les Français souhaitent».

Enfin, DSK suscite des réticences à gauche. Considéré comme un bon candidat de deuxième tour, susceptible de ramasser des voix au centre, voire à droite, DSK ne jouit pas de la même cote sur sa gauche, qui ne lui pardonnera pas volontiers son passage à la tête d’une institution assimilée à la rigueur budgétaire. «Vous imaginez la gauche représentée par un homme qui a affamé des milliers de personnes ?» attaque Jean-Luc Mélenchon. La gauche du PS n’est pas en reste. Après que Benoît Hamon a refusé de faire «élire le ou la Papandréou français», son ami Pascal Cherki vient, à la faveur de la crise grecque, d’éreinter DSK, «pourtant soi-disant membre du PS».

Par DAVID REVAULT D’ALLONNES

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