Vive polémique autour d’un centre sur l’islam en Suisse

Le lancement d’un centre sur l’islam, au sein de l’université suisse de Fribourg (ouest), a suscité une vive polémique entre les tenants du dialogue interculturels et ceux qui y voient une « menace pour la tradition catholique ».

En fonction depuis le début d’année, le jeune institut a pour mission de promouvoir la recherche sur la religion islamique et le dialogue islamo-chrétien, mais aussi l’intégration des communautés musulmanes dans la société suisse.

Le projet a bien failli être tout simplement abandonné à l’issue d’un débat houleux devant le parlement local de Fribourg, dans un contexte international tendu.

Au final, 52 parlementaires parmi un total de 110 ont voté en faveur d’un mandat exigeant du Conseil d’Etat (exécutif) d’empêcher l’ouverture du centre baptisé "islam et société", le premier du genre dans le pays helvétique.

Cependant, les partisans d’une plus grande ouverture sur les questions de la minorité musulmane continuent à défendre le bienfondé de ce projet pilote, aujourd’hui en fonction.

Ses promoteurs ne sont pas au bout de leurs difficultés : le parti islamophobe de l’Union démocratique du centre (UDC) dit être "prêt à aller jusqu’au bout". "Si l’université persiste à vouloir réaliser le projet, nous lancerons une initiative pour l’arrêter", a mis en garde Roland Mesot, président de l’antenne locale de cette formation de droite connue pour ses prises de position contre le voile et la construction des minarets.

C’est ainsi que le comité directeur du parti a décidé, mercredi dernier, de collecter les signatures requises pour convoquer un vote, à l’échelle cantonale, sur l’interdiction de créer de telles structures à l’avenir.

Le texte adopté à cette occasion demande que "la Constitution fribourgeoise soit modifiée afin d’introduire une base légale n’autorisant pas la création d’un Centre islam et société et empêchant ainsi qu’une quelconque formation étatique d’imams soit instaurée".

Le directeur du centre sur l’islam, l’Allemand Hansjorg Schmid, regrette que les opposants au projet ne soient, jusqu’ici, pas convaincus de son utilité, ni ne mesurent la pertinence d’un dialogue scientifique ouvert sur l’islam destiné à favoriser les chances de leur intégration dans l’espace culturel suisse.

L’enjeu, dit-il, est de donner la possibilité à des étudiants musulmans, particulièrement ceux des deuxième et troisième générations, de "mener une réflexion au sein des universités, plutôt que dans des arrière-chambres ou sur Internet seulement".

L’argumentaire de l’université de Fribourg semble avoir convaincu l’exécutif local, lequel se dit confiant que l’établissement "exerce ses missions dans un esprit scientifique, sans avoir aucune intention de se muer en école coranique ou faculté de théologie".

Cette déclaration rassurante n’a pas suffi à calmer les détracteurs du centre sur l’islam. Parmi les plus virulents, l’UDC croit déceler dans le projet "des intentions cachées et trop d’inconnus, dont le plus inquiétant seraient ses sources de financement".

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