Une quarantaine de morts dans un attentat de Daech à Bagdad

Un camion piégé a explosé jeudi dans un marché d’un quartier chiite de Bagdad, tuant au moins 38 personnes et en blessant des dizaines d’autres, dans un attentat revendiqué par le groupe extrémiste sunnite Etat islamique.

Il s’agit de l’un des attentats les plus sanglants ayant frappé ces derniers mois la capitale irakienne.

Cette nouvelle attaque survient après que le chef d’état major de l’armée américaine sortant eut estimé qu’une partition du pays "pourrait être la seule solution" pour mettre fin à la difficile cohabitation entre les communautés sunnite et chiite.

L’attentat, survenu à Sadr City, un grand quartier chiite à forte densité dans le nord de la capitale, a fait au moins 38 morts et plus de 80 blessés, selon des sources médicales et de sécurité.

Il a eu lieu vers 06H00 locales (03H00 GMT) dans un marché de fruits et légumes au moment où la plupart des magasins s’approvisionnent.

L’explosion a dévasté le marché, tuant également des chevaux qui tiraient des carrioles chargées de fruits et légumes qui étaient éparpillés un peu partout, selon un photographe de l’AFP.

Des ambulanciers ramassaient des restes humains tandis que des véhicules étaient en feu, selon la même source.

L’EI, qui considère les chiites comme hérétiques, a revendiqué l’attentat dans un communiqué.

Une partition ?

Le groupe jihadiste a salué une "opération bénie qui a permis aux soldats de l’Etat islamique de faire exploser un camion piégé" à Sadr City.

Pour faire un maximum de victimes, l’EI frappe souvent des zones comme des marchés ou des cafés où de nombreuses personnes sont rassemblées.

Les attentats comme celui de Sadr City attisent les tensions en Irak, provoquant la colère de la communauté chiite, majoritaire, qui est souvent la cible des attaques de l’EI.

Le général Raymond Odierno, qui fut le plus haut gradé de l’armée américaine en Irak et qui prendra sa retraite cette semaine, s’est montré pessimiste mercredi au sujet du conflit latent entre les communautés chiite et sunnite, qui a culminé dans les années 2006-2007 faisant des dizaines de milliers de victimes.

"Cela devient de plus en plus difficile chaque jour", a dit lors d’une conférence de presse Raymond Odierno, interrogé sur la réconciliation entre ces deux communautés, prédisant un avenir dans lequel "l’Irak ne ressemblera plus à ce qu’il était par le passé".

Concernant une éventuelle partition du pays, il a estimé que "c’est à la région, aux personnalités politiques et aux diplomates de trouver comment cela peut se passer, mais c’est quelque chose qui pourrait arriver".

"Cela pourrait être la seule solution mais je ne suis encore prêt à l’affirmer", a-t-il encore déclaré.

L’Irak comprend trois principales communautés: les Arabes chiites, les Arabes sunnites et les Kurdes. Ces derniers ont déjà leur région autonome dans le nord du pays.

Les Etats-Unis, qui se sont retirés en 2011 d’Irak — envahi en 2003 –, entraînent des forces irakiennes ainsi que des rebelles en Syrie pour tenter de combattre le groupe ultra-radical.

"Sorte d’impasse"

La lutte contre l’EI "se trouve dans une sorte d’impasse" mais les Etats-Unis continuent "de progresser", a ajouté le général Odierno.

L’EI a lancé en juin 2014 une offensive fulgurante au nord de Bagdad, s’emparant de larges pans du territoire irakien, comme dans la Syrie voisine où il a tiré profit de la guerre civile.

Fort de dizaines de milliers d’hommes, ce groupe accusé de crimes contre l’Humanité a recours à de multiples exactions -rapts, viols, décapitations, nettoyage ethnique- dans les régions sous son contrôle.

Les forces irakiennes, qui ont été en déroute lors de l’offensive de 2014, cherchent à reprendre du terrain avec le soutien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui mène depuis septembre dernier des frappes contre les positions des jihadistes.

L’EI avait revendiqué en juillet un attentat suicide dans un marché qui avait fait au moins 120 morts et une centaine de blessés à Khan Bani Saad, une ville majoritairement chiite située à 20 km au nord de Bagdad.

Et lundi, au moins 33 personnes ont été tuées à Diyala, dans le nord-est du pays, dans des attaques également revendiquées par l’EI.

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