Un syndicat espagnol demande l’ouverture d’une enquête judiciaire sur le détournement par le Polisario de l’aide humanitaire

Le syndicat espagnol des fonctionnaires publics +Manos Limpias+ (Mains propres) a déposé une plainte jeudi devant la justice pour fraude de 20 millions d’euros et détournement par les dirigeants du Polisario et une association qui le soutient des aides humanitaires destinées aux populations des camps de Tindouf (sud algérien).

L’organisation syndicale s’est basée dans cette plainte sur le rapport publié dernièrement par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), détectant une fraude de 20 millions d’euros dans la gestion des aides humanitaires accordées par différentes ONG entre 2003 et 2007 aux populations des camps de Tindouf.

Le syndicat le plus influant en Espagne qui a été fondé en 1995, demande à cet égard au parquet anticorruption l’ouverture d’une procédure judiciaire contre les auteurs de ce trafic à savoir les responsables du polisario et la +Coordination des associations solidaires avec le Sahara (CEAS-Sahara)+ pour délit de fraude de l’aide humanitaire destinée pour les camps de Tindouf, ainsi que "contre les complices, ceux qui sont chargés de leur couverture et les collaborateurs nécessaires dans cette fraude massive", rapporte l’Agence espagnole Europa Press.

Selon la plainte déposée devant la justice, la fraude serait d’environ 20 millions d’euros et se serait basée sur la manipulation des chiffres et de recensement des habitants dans les camps de Tindouf, le détournement de l’argent et la vente de l’aide alimentaire dans les pays voisins.

Les plaignants soulignent que les représentants du polisario en Espagne "canalisent" les demandes des aides auprès des différentes communautés espagnoles, à travers divers ONG et que la fraude s’effectue à la fin à travers la +CEAS-Sahara+ que dirige José Taboada.

La plainte relève d’autre part que "le manque de contrôle par les différentes autorités espagnoles et de vérifications par les organes d’audit des différentes communautés autonomes et de la Cour des comptes, ont permis de poursuivre cette fraude en toute impunité ".

Le syndicat appelle en outre à enquêter sur les ONG qui ont accordé les subventions au polisario, ainsi qu’avec +la coordination étatique de solidarité des associations solidaires avec le Sahara+ et de procéder à l’établissement d’une liste des représentants du Polisario en Espagne ayant sollicité ces aides humanitaires, ajoute la même source.

A rappeler que le rapport de l’OLAF avait révélé que l’Algérie et le Polisario procèdent depuis 1991 au détournement d’une grande partie de l’aide humanitaire internationale destinée aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf.

L’aide humanitaire internationale est détournée d’une "manière organisée" depuis plusieurs années, avait dénoncé ce rapport qui a été élaboré en 2007 par l’OLAF en s’appuyant sur une étude menée par ses auditeurs quatre années auparavant.

Selon le document, ces détournements massifs et systématiques de l’aide humanitaire internationale destinée aux camps de Tindouf commencent dans le port algérien d’Oran par lequel transite l’aide humanitaire particulièrement alimentaire accordée par la Commission européenne via la Direction générale de l’aide humanitaire (ECHO). Le port d’Oran est stratégique pour les organisateurs de ces détournements, souligne le rapport qui note que c’est au sein de cette structure portuaire algérienne que s’opère le tri entre "ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné".

Les marchandises détournées dont des denrées alimentaires et des médicaments notamment ceux fournis par le Comité international de la croix rouge sont vendues en Algérie, en Mauritanie et au Mali, relève le rapport, qui note que seule la partie de l’aide permettant aux populations des camps de Tindouf de survivre est distribuée. Parmi les autres irrégularités décelées par les experts de l’OLAF, le rapport cite le recours au troc, une pratique très répandue dans les camps de Tindouf. L’OLAF relève que les organisateurs des détournements de l’aide obligent ceux qui s’adonnent à cette pratique à leur remettre un pourcentage du résultat du troc, soulignant que ce procédé est illégal et sert à "l’enrichissement personnel" des membres du polisario qui organisent ces détournements à grande échelle.

D’après le rapport, ces détournements ont pu être opérés en raison de la surestimation de la population des camps et aussi en raison des difficultés pour les ONG d’effectuer des visites ou des monitoring à l’improviste sur place pour s’assurer que l’aide a été distribuée aux populations cibles.

Les déplacements des membres des ONG sont contrôlés en permanence par les éléments du polisario, constate l’OLAF, notant que ces ONG doivent demander l’autorisation préalable avant chaque visite sur place.

La Commission européenne attribue chaque année, depuis 1991, via la Direction générale de l’aide humanitaire (ECHO) une aide humanitaire de 10 millions d’euros aux populations des camps de Tindouf.

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