Un premier forum européen sur l’islamophobie

Le mouvement citoyen Palestine a annoncé mardi la tenue d’un forum belge sur l’islamophobie qui se tiendra dimanche à 14H00 au Pianofabriek, rue du Fort 35, à Saint-Gilles. Des initiatives parallèles auront lieu samedi à Paris, Londres et Amsterdam.

Michaël Privot, directeur du réseau européen contre le racisme (Enar), souligne la dimension européenne de l’islamophobie prise en compte dans l’organisation de cette première initiative coordonnée. Il relève que les tendances sont partagées en Europe, avec des spécificités nationales.

"Les approches flamandes et francophones sont divergentes. Du côté flamand, Gand est revenu sur une interdiction des signes religieux et est aujourd’hui un membre clé de la coalition des villes contre le racisme à l’Unesco. (…) La partie francophone est très influencée par la façon dont le débat s’impose en France. En Belgique, il y a une tradition de neutralité de l’Etat, qui ne vise pas une éradication de la différence mais qui vise à offrir un espace permettant à la différence de s’exprimer. Lire notre neutralité à la lumière d’une laïcité française est problématique. La loi de 1905 visait uniquement à ce que l’Eglise n’intervienne pas dans les affaires publiques. La vision restrictive de la laïcité est d’ailleurs débattue aujourd’hui en France. La récente décision du ministre Lacroix de vouloir interdire les signes religieux dans la fonction publique est une proposition qui cible dans les faits la religion musulmane et plus particulièrement les femmes", a-t-il déclaré.

Il remarque que ces législations discriminatoires sont inspirées par l’islamophobie, en relevant l’exemple du débat sur l’interdiction de la circoncision "du fait qu’elle a également trait à la religion juive". Il note également aujourd’hui la propagation d’une "volonté de purifier l’espace public de tout signe religieux issue de la France" et estime qu’un débat public est nécessaire à ce sujet en Belgique.

"On est le plus gros fournisseur de jeunes qui partent en Syrie au niveau européen en termes de proportions", ajoute-t-il. "Il ne faut pas compartimenter les problèmes. Il y a un mal-être profond. Depuis les années 90, la visibilité de l’islamité réelle ou supposée est de moins en moins acceptée dans les administrations, les écoles, mais aussi auprès des employeurs privés." Le premier rapport européen sur l’islamophobie publié en 2013 par Enar a débouché sur une reconnaissance de l’islamophobie par le biais d’une résolution sénatoriale.

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