Un miraculé nommé Fillon.

Le grand suspens que le feuilleton politique de François Fillon vient de faire vivre à la France entière est digne des scénarios les plus fous et les plus inimaginables même pour des esprits débridés. Depuis le déclenchement du « Pénélopegate »,

Par Mustapha Tossa

François Fillon était un cadavre politique en sursis. Son indice de crédibilité fut broyé avec une foudroyante. Sa campagne électorale fut inaudible. L’homme était devenu complètement aphone. Les seuls bruits que les médias entendaient autour de ses sorties sont ceux des bruits de casseroles que faisaient tinter ses opposants farouches.

L’étoile de François Fillon palissait à une grande vitesse. Ses principaux soutiens se livraient au sport national du parti "des républicains", la défection et le désistement. Pendant de longues journées, la tendance dominante était à l’autoflagellation. Comment un homme qui avait fait de la probité, de le droiture, de la transparence, de la grande morale en politique, son capital politique distinctif, qui lui a permis d’emporter haut la main les primaires de la droite, va-t-il gérer d’aussi lourdes accusations portées contre lui? Détournement d’argent public, traffic d’influence et autres terribles reproches barraient la route François Fillon. Le tout probablement sanctionné par une possible et fracassante mise en examen.

Résultat de cette situation inédite. François Fillon, tel un animal blessé, sort ses crocs et se métamorphose. Sa posture républicaine fut reléguée au second plan. A ce qu’il considérait comme un complot ourdi contre lui par la machine socialiste aidée par une justice qualifiée aux ordres et des médias jugés complaisants et complices, François Fillon opposa un discours populiste aux accents et la tonalité qui rappelle étrangement le nouveau président américain Donald. Il utilisa des mots durs, tranchants, comme "guerre civile" "assassinat politique"," coup d’état institutionnel" qui ont donné le tournis à la galaxie des commentateurs politiques. En l’espace de quelques jours, le porteur du projet de réformes radicales de la société française qu’était le vainqueur plongea son audience dans une dangereuse atmosphère de radicalité.

Un genou à terre, le souffle coupé, François Fillon donnait cette impression, jouissive pour certains de rendre l’âme. Une mort politique suivie en direct par les chaînes d’informations haletantes et des éditorialistes survoltés. Mais tel un phénix, il renaît de ses cendres et devient pour sa famille politique aujourd’hui aussi incontournable qu’il est était un lourd fardeau. Trois raisons explique ce miracle et cette renaissance subite.

Le premier est l’impossibilité élaborer un plan B. L’homme qui était censé incarner cet espoir a jeté l’éponge, dérouté par la tournure des événements, dégoûté par les bisbilles d’appareils et les petits coups bas des couloirs. Le second élément trouve sa justification dans le surprenant rassemblement du Trocadéro qui a eu pour mériter de maintenir sous perfusion politique un candidat rejeté par son entourage et son équipe. Le troisième élément qui a fait le bonheur de Francois Fillon est l’inextinguible haine des sarkoystes à l’encontre d’Alain Juppé. Une haine qui avait tué dans l’œuf la piste Juppé. D’ailleurs de nombreux médias francais se font l’écho de cette terrible réalité…Nicolas Sarkozy préférait un Fillon vaincu dans les présidentielles plutôt qu’un Juppé élu. Tout le drame de la droite est là, dans cette incapacité structurelle à réconcilier ses courants quitte à se livrer à un suicide collectif.

Le miracle a fonctionné pour Francois Fillon pour le maintenir comme candidat et emblème des républicains. Il n’est pas certain que la magie continuera à opérer quand il s’agira de mener la campagne et d’entamer un débat contradictoire face à ses concurrents et ses compétiteurs . La mise en examen attendue et les révélations à venir comme celle que vient de commettre "Le Canard enchainé comme l’obtention par François Fillon d’un prêt en 2013 de 50.000 euros de Ladreit de Lacharrière, sans intérêts et non déclaré. Prêt intégralement remboursé selon l’avocat de Fillon Antonin Levy . Il s’agit en outre du même homme d’affaire, propriétaire de la revue des deux mondes qui avait employé son épouse Pénélope pour un salaire faramineux pour deux simples notes de lectures. C’est dire quel point cette mésaventure nommé Fillon n’est ni terminée ni close malgré le soutien unanime des républicains. Le miracle est arrivé à sauver Fillon de la chute mais le calvaire continue avec son lot d’obstacles et de souffrances.

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