UE et Brexit : des enjeux économiques et des inquiétudes politiques

Les Britanniques se rendront, jeudi, aux urnes pour se prononcer sur le maintien ou non de leur pays dans l’Union européenne à laquelle ils ont adhéré le 1er janvier 1973.

Le Royaume uni n’est pas membre de la zone euro ni de l’espace Schengen pourtant son poids pèse lourdement dans l’économie européenne.

Depuis quelques années déjà, un grand débat est ouvert dans le pays sur le maintien ou non du Royaume uni dans l’Union européenne. Le débat a pris de l’ampleur à la faveur de la récession économique et des conséquences de la crise migratoire, ce qui a provoqué la montée au créneau des eurosceptiques au sein de la classe politique, exigeant un référendum dont les résultats ne manqueraient pas d’impacter le fonctionnement de l’Union européenne, en cas de victoire du ‘’leave’’.

Au-delà de ses implications économiques évidentes, notamment le retour des barrières douanières, la baisse de la livre sterling, l’instauration des visas d’entrée et de séjour, outre les conséquences sur la City, un Brexit se ferait sentir sur le fonctionnement de l’Union européenne elle-même.

Le Parlement européen compte à lui seul 73 députés britanniques flanqués de quelques 200 assistants parlementaires. Le Conseil et la Commission occupent quant à eux 1.400 fonctionnaires british. En cas de Brexit tout ce beau monde se retrouverait au chômage à moins de changer de nationalité. Autre conséquence du Brexit, Londres participe à hauteur de 12 pc du budget des institutions européennes. La Commission européenne ou le Parlement perdraient ainsi 14 milliards d’euros chaque année.

Bruxelles, capitale de l’Europe, est aussi le centre de prise de décisions aux enjeux financiers et politiques colossaux. Elle abrite de ce fait un nombre impressionnant de cabinets conseil, de centres d’études, de think tank et de lobbyistes dont beaucoup de britanniques qui voient venir un véritable séisme en cas de sortie du Royaume uni de l’ensemble européen.

Sur fond de ces scénarios, responsables politiques et exécutifs européens, experts et députés ne cessent de multiplier les déclarations invitant les Britanniques à voter pour un « Bremain ».

Donald Tusk, président du Conseil européen a livré lundi un plaidoyer vibrant pour que les Britanniques choisissent de rester dans l’UE. Selon lui, un Brexit pourrait être « la première étape vers une désintégration de l’UE », priant les Britanniques de rester dans la famille européenne.

« Restez avec nous, nous avons besoin de vous. Pas seulement l’Europe mais toute la communauté transatlantique dans son ensemble s’affaiblira. Ensemble, nous pourrons faire face aux défis de plus en plus nombreux qui se présenteront à nous à l’avenir», a-t-il lancé dans une déclaration faite à Lisbonne.

Le président du Conseil européen a mis en garde contre un effet domino sur d’autres pays européens gagnés par l’euroscepticisme. « Le plus grand risque d’un résultat négatif est qu’il encourage d’autres eurosceptiques en Europe. Ce serait alors la première étape d’un processus de désintégration totale », a-t-il averti.

Le président du Conseil européen a affirmé qu’un Brexit menacerait la stabilité économique de la zone euro, relevant la nécessité de se pencher sur l’avenir de l’Union quel que soit le résultat du référendum. «Quel que soit le résultat, nous devons examiner profondément l’avenir de l’UE. Il serait imprudent d’ignorer un signal d’avertissement comme celui du référendum britannique», a-t-il ajouté.

Plus rassurant que le président du Conseil, le chef de l’exécutif européen Jean Claude Juncker a assuré que l’Union survivra au Brexit. «Je ne pense pas que l’Union européenne serait en danger de mort si le Royaume-Uni en sortait, nous continuerons le processus d’une union toujours plus étroite», a déclaré le président de la Commission lors d’une conférence récemment à Saint-Pétersbourg.

Le président de la Commission européenne a toutefois reconnu que le Brexit serait une erreur de lourdes conséquences sur la Grande Bretagne et l’UE. «Un Brexit ouvrirait une période de grande incertitude, à la fois pour le Royaume-Uni, pour l’Union européenne et au niveau mondial, et ce scénario devrait être évité», a-t-il mis en garde.

Après 43 ans d’appartenance à l’UE, les Britanniques franchiraient-ils jeudi le pas vers la désunion ?

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