Tunisie: un gendre de Ben Ali demande la « réconciliation » avec l’Etat

Un gendre du dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali, poursuivi pour trafic d’influence, a officiellement demandé jeudi la « réconciliation » avec l’Etat tunisien, a annoncé l’instance chargée de la justice transitionnelle.
Il s’agit du premier accord du genre à être signé entre l’Etat et une personne impliquée dans des crimes sous l’ancien régime.

L’homme d’affaires Slim Chiboub, ex-président du club omnisports de l’Espérance sportive de Tunis (EST), dont l’équipe de football est l’une des plus populaires du pays, a passé près de quatre ans à l’étranger après la fuite de son beau-père consécutive à la révolution de janvier 2011.

Dès son retour des Emirats arabes unis en novembre 2014, M. Chiboub a fait l’objet d’un mandat de dépôt pour trafic d’influence et a passé 14 mois en détention provisoire, avant d’être libéré en janvier.

Jeudi, un représentant de l’Etat et M. Chiboub se sont réunis au siège de l’Instance Vérité Dignité (IVD), où ils ont signé un accord "d’arbitrage et de réconciliation" à la demande de ce dernier, a annoncé l’instance.

"C’est courageux, surtout de la part de Slim Chiboub, mais aussi de la part du ministre des Domaines de l’Etat et des affaires foncières Hatem El Euchi, qui en a accepté le principe", a déclaré à l’AFP Khaled Krichi, un responsable de l’IVD.

La loi sur la justice transitionnelle prévoit un abandon des poursuites contre les personnes incriminées si elles reconnaissent leurs crimes, s’excusent et restituent les sommes indûment perçues dans les cas de corruption financière.

Le dossier de M. Chiboub doit être réglé dans les trois mois, selon M. Krichi.

Un avocat de M. Chiboub n’était pas joignable dans l’immédiat pour fournir davantage de détails.

Créée en 2013 par une loi sur la "justice transitionnelle", l’IVD a pour mission, en cinq ans maximum, de "dévoiler la vérité sur les violations des droits de l’Homme commises entre le 1er juillet 1955 et le 31 décembre 2013", soit sous le mandat du premier président Habib Bourguiba, son successeur Ben Ali, mais aussi sous certains des gouvernements en place après la révolution.

Disposant de très larges pouvoirs, elle doit identifier les responsables des violations et faire en sorte qu’ils rendent des comptes, ainsi que réhabiliter les victimes et leur octroyer réparation.

A fin avril, l’IVD avait enregistré quelque 30.000 plaintes. La date limite de dépôt des dossiers est fixée au 15 juin.

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