Tunisie: report au 28 octobre du procès Belaïd après une audience chahutée

Le procès de 24 Tunisiens accusés d’implication dans l’assassinat en 2013 de l’opposant Chokri Belaïd a de nouveau été reporté, au 28 octobre, au terme d’une audience chahutée, selon une journaliste de l’AFP.

Après trois heures de débats dans une salle archicomble, le juge a décidé de lever l’audience en raison d’invectives incessantes entre les avocats de la défense et ceux des parties civiles qui comptent entre autres le Comité de défense de Chokri Belaïd et son parti.

Une nouvelle audience aura lieu le 28 octobre, a indiqué à l’AFP le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti. Le procès s’était ouvert il y a près d’un an.

Les avocats des parties civiles étaient favorables à un report car ils souhaitent des compléments d’enquête.

Farouche critique du parti islamiste Ennahda alors au pouvoir, Chokri Belaïd, 48 ans, a été tué par balles devant son domicile le 6 février 2013. Ce meurtre avait choqué le pays et entraîné une grave crise politique, en pleine transition post-révolutionnaire.

Les autorités ont attribué l’assassinat à la mouvance jihadiste et annoncé, un an plus tard, avoir abattu son meurtrier présumé, Kamel Gadhgadhi.

L’assassinat a ensuite été revendiqué par des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI), au même titre que celui d’un autre opposant, le député Mohamed Brahmi, en juillet 2013.

Mais la famille de Chokri Belaïd continue de dénoncer des "zones d’ombre" et de réclamer la "vérité".

Répondant à l’appel du parti de M. Belaïd, le Front populaire (FP, gauche), quelque 300 manifestants ont ainsi exprimé en matinée leur "colère" devant le tribunal.

"Fidèles au sang des martyrs", "Chokri repose-toi, on va continuer le combat", ont notamment scandé les manifestants.

Brandissant des drapeaux tunisiens et le portrait du défunt, ils ont critiqué nommément le chef du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, et le président tunisien Béji Caïd Essebsi. "Béji et Ghannouchi, vous êtes les ennemis des martyrs", ont-ils clamé.

"Cela fait trois ans que ce dossier est instruit, sans résultat. Il y a une volonté politique d’entraver son avancement", a affirmé à l’AFP un dirigeant du FP, Ammar Amrousia.

"Il y a des pressions pour (…) ne pas dévoiler la vérité et ne pas désigner les personnes qui ont planifié le meurtre", a renchéri le chef du parti, Hamma Hammami.

Une partie des manifestants est parvenue à entrer dans le tribunal, en criant "le peuple veut une magistrature indépendante", puis en salle d’audience.

Atterrés, des proches des accusés ont alors voulu quitter la salle et dénoncé la "pression médiatique et politique" sur le procès. "Nos enfants sont des boucs émissaires", a déclaré à l’AFP Mounira, la mère d’un accusé.

Vingt-trois des 24 accusés sont en détention préventive et plus de la moitié d’entre eux a refusé de se présenter devant le tribunal vendredi.

L’assassinat de Chokri Belaïd puis celui de Mohamed Brahmi ont constitué un point d’orgue de la crise politique de l’après-révolution. Les islamistes d’Ennahda avait été contraints de céder le pouvoir début 2014 à un gouvernement de technocrates, au terme d’un dialogue national.

Source AFP

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