Tunisie : le parti Ennahda veut « sortir de l’islam politique »

« Nous voulons que l’activité religieuse soit complètement indépendante de l’activité politique », a déclaré Rached Ghannouchi, le président du parti Ennahda.

Le parti islamiste Ennahda ne va plus se réclamer de l’islam politique, qui « n’a plus de justification en Tunisie », a affirmé son président, Rached Ghannouchi, dans une interview publiée jeudi dans le quotidien français Le Monde. Ces déclarations interviennent à la veille de l’ouverture d’un congrès qui doit acter la séparation entre les activités politiques d’Ennahda et la prédication. « Nous affirmons qu’Ennahda est un parti politique, démocratique et civil et qui a un référentiel de valeurs civilisationnelles musulmanes et modernes […]. Nous allons dans le sens d’un parti qui se spécialise sur les seules activités politiques », a dit au Monde Rached Ghannouchi, le leader historique d’Ennahda.

« On sort de l’islam politique pour entrer dans la démocratie musulmane. Nous sommes des musulmans démocrates qui ne se réclament plus de l’islam politique », a-t-il ajouté, tout en émettant « une certaine réserve sur cette appellation qui est occidentale ».

Un parti réprimé sous Ben Ali

Le parti tient son dixième congrès, le premier depuis 2012, de vendredi à dimanche. Parmi les principaux enjeux, selon ses dirigeants, l’officialisation de la séparation entre ses activités politiques et de prédication. « Nous voulons que l’activité religieuse soit complètement indépendante de l’activité politique. C’est très bien pour les politiques, car ainsi ils ne seront plus accusés de manipuler la religion à des fins politiques. Et c’est très bien aussi pour la religion, afin qu’elle ne soit pas elle-même otage de la politique, manipulée par les politiques » , a dit Rached Ghannouchi.

« C’est une étape parmi d’autres dans le sens d’une certaine maturité », a expliqué le président du parti, qui devrait sauf surprise être réélu à sa tête. « La Tunisie vit actuellement en démocratie. La Constitution de 2014 a imposé des limites à l’extrémisme laïque tout comme à l’extrémisme religieux. Il n’y a plus de justification à l’islam politique en Tunisie », a-t-il soutenu.

Réprimé sous la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, Ennahda avait été le grand vainqueur des premières élections de l’après-révolution en 2011. Après deux années mouvementées au pouvoir, il avait toutefois dû se résoudre à céder la place sur fond de crise politique majeure.

Battu lors des législatives de fin 2014 par le parti Nidaa Tounès de l’actuel président Beji Caïd Essesbi, Ennahda demeure l’une des principales forces politiques de Tunisie, bien que sa décision de sceller une alliance gouvernementale avec ses adversaires de Nidaa ait été controversée en interne. (Source AFP)

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