Tunisie : le grand chantier des municipales

Les Tunisiens éliront en mars 2017 les édiles des 350 communes. Un premier pas vers la décentralisation.

A voté. Et revotera ! Le Tunisien connaît désormais la date des élections municipales : 26 mars 2017. Depuis l’instauration de la démocratie, ce sera le quatrième scrutin libre, organisé par l’ISIE, la haute instance indépendante en charge des élections. Un vote qui pourrait bénéficier du facteur proximité. Et qui pourrait réconcilier les Tunisiens avec la vie politique. Sur huit millions en âge de voter, seuls cinq millions s’étaient inscrits sur les registres électoraux et trois millions seulement s’étaient rendus aux urnes pour les présidentielles de 2014.

Création de 85 nouvelles communes

3,5 millions de Tunisiens vivaient en dehors du milieu communal. Et ne disposaient pas des prestations dispensées par les mairies. Youssef Chahed, ministre des Affaires locales et étoile montante de la vie politique, a procédé à un maillage complet du territoire, créant 85 municipalités. Le pays en compte désormais 350. Le nouveau découpage territorial fait que tout Tunisien est rattaché à une mairie.

En finir avec le « Tout remonte à Tunis »

Un conflit au sein d’une école ? « Ça remonte à Tunis pour décision. » Une décision à prendre au sein d’un gouvernorat ? « Ça part à Tunis ! » Ce sont les ministres eux-mêmes qui se plaignent de devoir intervenir dans des dossiers qui relèvent « au mieux d’un sous-directeur régional » selon le ministre de l’Emploi. Conséquences, la taille des parapheurs ressemble au ventre d’un accordéon. Après discussions à l’ARP, les pouvoirs des municipalités devraient être élargis. À elles de régler un certain nombre de désagréments qui polluent la vie des Tunisiens. Constructions anarchiques, amoncellement des déchets, respect des règles de l’urbanisme, transparence de la gestion : les dossiers fourmillent. Le projet de loi organique sera examiné à l’ARP dès mardi. Selon le nombre d’habitants de la commune, le nombre de sièges du conseil oscillera entre dix et soixante.

Un pays démocratique qui se structure petit à petit

Au président de la République, les affaires étrangères. Au Premier ministre, la gouvernance du pays. À l’ARP (le parlement), les lois. Aux mairies, la gestion des problèmes quotidiens. Les différents échelons politiques seront en 2017 pourvus par des personnalités choisies par le peuple. La jeune démocratie tunisienne évoluera alors sur des bases légitimées par le vote.

Les forces politiques en présence

Deux partis s’affronteront, les deux alliés que sont Nidaa Tounes et Ennahda. Le parti de Rached Ghannouchi vient de procéder à sa refonte idéologique en séparant l’action politique de la prédication. Disposant d’un solide réseau de militants à travers tout le pays, il avancera en rangs serrés. Ce qui n’est pas le cas du parti fondé pour BCE. Des luttes intestines ont fait voler en éclats son groupe parlementaire. Son ancien secrétaire général, Mohsen Marzouk, a créé son propre bloc, Al-Horra, qui compte plus de vingt-cinq députés. Son Mouvement pour le projet de la Tunisie est actuellement en cours de structuration dans le pays. L’homme affiche une ligne anti-Ennahda. Quand Nidaa préconise la coalition afin de stabiliser le pays. Les militants de Nidaa Tounes sont pour le moins désarçonnés à neuf mois des élections. Du côté de l’extrême gauche, le Front populaire d’Hamma Hammami aura-t-il la capacité de se frayer un chemin ? Et de proposer une alternative économique, sociale, à l’échelle locale ? Cette élection dévoilera la physionomie politique du pays de façon très précise le 27 mars prochain.

Source Le Point

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