Tunisie: la frontière libyenne à nouveau pointée du doigt

En moins d’une semaine, la ville frontalière de Ben Guerdane a été le théâtre de deux attaques d’un groupe armé infiltré, vraisemblablement, de la Libye, attisant les craintes des autorités tunisiennes quant à la détérioration de la situation dans le pays voisin.

Tôt lundi matin, aux environs de 05H15 (GMT+1), de violents affrontements ont éclaté dans le centre de cette ville, quand un nombre indéterminé d’hommes armés ont donné l’assaut d’une caserne de l’armée, du commandement de la garde nationale (gendarmerie) et un poste de police.

Les forces armées tunisiennes ont réussi à "déjouer" cette attaque spectaculaire ayant fait jusque-là 21 morts parmi les assaillants, tandis que six autres hommes armés blessés ont été arrêtés, selon des bilans officiels provisoires. Un soldat et un douanier ont été tués dans l’assaut, qui a coûté la vie également à sept civils, dont une fillette de douze ans.

Une première incursion d’un commando composé d’une vingtaine de combattants extrémistes s’est produite mercredi dernier dans la même région. Cinq membres du groupe armé venant de Libye ont été tués dans cette opération, décrite par les observateurs locaux comme une traduction concrète du grand danger que constitue la profusion de l’autre côté de la frontière de jihadistes, en particulier de nationalité tunisienne.

Un colonel de l’armée a été blessé dans l’assaut donné à la maison où s’étaient réfugiés un groupe terroristes dans la localité de Laaouija, à 12 km de Ben Guerdane. Un citoyen a été mortellement touché dans les affrontements. Au terme d’une réunion d’urgence convoquée, lundi, par le chef de gouvernement Habib Essid, il a été décidé "d’effectuer un ratissage global et méticuleux de toutes les régions du sud" du pays, a annoncé la même source dans un communiqué mis en ligne. Selon l’agence TAP, les autorités tunisiennes ont procédé à la fermeture des points d’accès à partir de la Libye vers la région de Ben Guerdane et l’île de Djerba, en raison des derniers développements.

Les ministres tunisiens de la Défense nationale et de l’Intérieur ont été dépêchés pour "superviser" les opérations militaires dans la zone sud-est, où de grands renforts ont été envoyés pour maîtriser la situation et pourchasser les assaillants. Dans une déclaration à une radio locale, le ministre de la Défense, Farhat Horchani, a annoncé, dimanche, le déploiement de drones fournis par des pays "frères et amis" pour un meilleur contrôle des frontières maritimes et terrestres avec la Libye. Les autorités tunisiennes nourrissent de vives préoccupations quant aux risques de détérioration de la situation sécuritaire dans le pays voisin, dans le cas d’une intervention militaire occidentale.

En février dernier, la Tunisie a annoncé la fin de la construction d’un mur de sable devant servir de barrière de sécurité avec la Libye, sur le long de plus de 220 km. Les auteurs des attaques contre le musée du Bardo à Tunis, le 18 mars dernier, et la station balnéaire d’El Kantaoui à Sousse, le 26 juin de la même année, sont accusés d’avoir suivi des entraînements sur le maniement d’armes et d’explosifs dans des camps installés en Libye. Les autorités tunisiennes annoncent souvent la découverte de véhicules chargés d’armes de guerre et de voitures piégées au niveau du secteur sud-est, un front supplémentaire pour les forces de sécurité déjà engagés dans des opérations contre les groupes retranchés dans les zones montagneuses dans le nord et l’ouest du pays, non loin de la frontière algérienne.

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