Tunisie : la cérémonie d’anniversaire de la révolution tourne au désordre

La cérémonie organisée, mercredi, au palais présidentiel pour le quatrième anniversaire de la révolution tunisienne a été interrompue par des familles de manifestants tués ou blessés pendant les soulèvements de 2010.

Des familles de Tunisiens tués ou blessés lors du soulèvement de 2010-2011 ont interrompu la cérémonie d’anniversaire de la révolution qui se tenait, mercredi 14 janvier, au palais présidentiel, à Tunis.

Une journaliste de l’AFP sur place a rapporté que des personnes ont commencé à protester alors que le président Caïd Essebsi, élu fin décembre, venait de terminer son discours. "Où est la justice pour nos enfants ?", ont crié certains membres des familles, tandis que d’autres scandaient : "Fidèles au sang des martyrs !"

"C’est une mascarade. Nous ne sommes pas venus pour de belles paroles, nous sommes venus pour qu’au moins on rende hommage symboliquement aux personnes que nous avons perdues !", a déclaré le mari de Mahjouba Nasri, une Tunisienne tuée dans les jours suivant la fuite en Arabie saoudite du président de l’époque Zine El Abidine Ben Ali.

"Si les martyrs étaient encore vivants, ils ne seraient pas d’accord avec vous", a d’abord répliqué aux membres des familles invités au palais de Carthage M. Caïd Essebsi, visiblement irrité par cette réaction. "Tous les martyrs sont dans nos esprits et seront décorés. Ce que vous faites n’est donc pas nécessaire. Allez, que Dieu vous vienne en aide", a-t-il ajouté quelques minutes plus tard, avant de tourner les talons.

Des dizaines de membres des familles ont également défilé sur l’avenue Habib Bourguiba, haut lieu de la révolution dans le centre-ville, où plusieurs centaines de personnes ont manifesté en ordre dispersé sous très haute sécurité.

Plus loin, ce sont des dizaines de partisans des islamistes radicaux de Hizb ut Tahrir qui manifestaient, aux côtés d’un petit groupe de jeunes socialistes.

Éparpillés sur l’avenue, d’autres petits groupes de manifestants ont aussi réclamé la libération du blogueur Yassine Ayari, condamné pour atteinte à l’armée, ou des emplois pour les "diplômés chômeurs". Une quinzaine de jeunes ont dénoncé la publication par l’hebdomadaire français "Charlie Hebdo" d’une nouvelle caricature de Mahomet en brandissant des bannières proclamant: "Je ne suis pas Charlie, je suis Mohamed".

Selon un bilan officiel, la répression du soulèvement populaire qui a renversé Zine El Abidine Ben Ali a fait plus de 300 morts et des centaines de blessés pendant la révolution, mais aussi dans les jours ayant suivi la fuite du dictateur.

"Les efforts de la Tunisie pour faire rendre des comptes en justice aux auteurs d’exécutions extrajudiciaires, pendant le soulèvement populaire il y a quatre ans, ont été anéantis par des problèmes juridiques ou liés à la procédure d’enquête et n’ont pas permis de rendre justice aux victimes", affirmait lundi l’ONG Human Rights Watch (HRW).

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