Terrorisme et échec d’intégration

Rien n’est plus faux et plus approximatif que de céder à la facilité de qualifier les actes des terroristes à travers une approche ethnographique spécifique au Maroc comme certaines voix, tentées par la facilité où la mauvaise intention, trouvent plaisir à le faire.

Par Mustapha Tossa

Deux réflexions incontournables permettent de relativiser cette vision et même de la vider de sa démarche accusatrice. La première est que les éléments marocains radicalisés et embrigadés par l’hydre terroriste dont le cerveau se trouve dans ce Moyen-Orient si compliqué, l’ont été sur des territoires européennes. Pays dont le sacro-saint principe de la liberté du culte a été opportunément exploité par les organisations terroristes pour propager leurs discours de haine et
d’embrigadement. La responsabilité européenne dans la gestion sécuritaire du phénomène de la radicalité est incontestable. Entre myopie, ignorance et spécificités culturelles, ces pays européens participent largement à donner à la séduction radicale un espace pour fleurir et déployer tranquillement son influence néfaste.

Cette situation renseigne sur un échec flagrant de l’intégration de ces vagues d’immigrés venus un temps en Europe pour participer à son essor économique. Les politiques de la ville de certains pays européens ont créé de vastes ghettos où seules les économies informelles qui échappent à tout contrôle font œuvre de survie. Dans certaines territoires, les services publiques ont abandonné leurs missions pour laisser place à un mode vie qui crée des frustrations et favorise toutes sortes de ruptures. Abandonnées à elles même, certaines catégories de ces populations, notamment les plus jeunes, deviennent réceptives à toutes sortes de chimères et de charlatanisme idéologique.

Dans ce terreau, les replis identitaires deviennent le mode de vie quotidien et les promoteurs d’une démarche extrême trouvent écho à leurs discours et autres séductions. Tels des sectes à l’agenda caché, ils repèrent les plus faibles, les plus fragiles pour les instrumentaliser dans leurs funestes projets.

La seconde réflexion est que face à de cette situation, le Maroc s’est irrémédiablement inscrit dans une lutte sans merci contre le terrorisme. Il le fait sur le plan de la sécurité et des services de renseignements qui parviennent sans relâche à démanteler des cellules terroristes avant de passer à l’acte et font profiter de leurs expériences et leurs découvertes leurs homologues européens.

Combien d’attentats spectaculaires ont été évités grâce à la précieuse collaboration marocaine. D’ailleurs de l’aveu même de ces autorités européennes, notamment françaises, espagnoles, belges où allemandes, le Maroc joue un rôle clé dans la guerre contre les cellules terroristes qui s’activent sur les territoires européens. Cette coopération indispensable à la sécurité européenne est régulièrement mise en avant par les responsables de ces pays qui ne ratent aucune occasion pour louer l’efficacité, la diligence des services marocains en la matière.

La lutte marocaine contre la radicalité prend aussi une forme religieuse et cultuelle. Contrairement à beaucoup de pays qui se contentent de consommer un discours et une tonalité religieuse venue d’ailleurs, le Maroc est l’un des rares pays à disposer des mécanismes institutionnels qui lui permettent cette capacité à produire un discours religieux pour contrer les postures pyromanes des fondamentalistes. Là où le poids de l’institution marocaine est présent, le discours radical est en recul.

Le Maroc, pays exportateurs de violence et de terroristes, est un cliché facile et sans fondement. Les organisations terroristes utilisent les cerveaux et la main d’oeuvre disponible, qu’elle soit d’origine marocaine, algérienne ou tunisienne. Tout l’enjeu de la séquence à venir est que ces pays du Maghreb dont les citoyens d’origine font l’objet d’une grande pression de séduction, puissent coordonner entre eux et avec leurs homologues européens pour réduire les espaces d’embrigadement religieux qui s’exercent à l’encontre des ces jeunes issus de l’immigration et dont la déshérence sociale et le vide spirituel les transforment en proies faciles à tous les manipulations et autres lavages de cerveaux.

La vraie guerre contre le terrorisme à l’international, qui vise dans son objectif final à éradiquer les centres opérationnels qui donnent des ordres et inspirent les attentats, passe aussi et sans doute surtout par la capacité de tous les pays concernés à priver ces organisations terroristes du terreau dans lequel elles puisent les candidats au suicide.

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