«Tanger Rue de Londres», des nouvelles de Badia Haj Nasser

«Tanger Rue de Londres» un livre de nouvelles qui se manifestent par une légèreté, une fluidité et une finesse. Tanger et Paris de Badia Hadj Nasser sont racontés ici avec douceur et méditation.

Par Fouzia Benyoub

«Tanger Rue de Londres», des nouvelles de Badia Haj Nasser
A la fois des textes brefs, doux et attachants qui racontent l’autre. «Tanger rue de Londres», (éditions Marsam) est un écrit où on peut savourer le verbe qui coule au fil des feuilles : «Les rochers verts de mousse sont glissants, l’odeur du large fouette les narines. Inlassablement, l’océan gronde. Mon père est de la race des poissons quand il fend l’eau, de la race des arbres quand il ouvre son chemin en forêt, de la race des langueurs quand il médite».

Badia Hadj Nasser a un plaisir pudique pour parler d’autrui et parler à autrui sans qu’elle se perde elle même. Elle observe, regarde et accouche avec douceur ses mots : « Nous nous laissions aller à écouter le vent dans une quasi-extase comme si nous en faisions partie »

«Tanger rue de Londres» c’est l’émerveillement tranquille, celui qui raconte, dépeint et savoure l’instant. Celui qui libère un souvenir, le dépeint de l’âge, le croque avec finesse.

Dans nouvelles cinématographiques, un souvenir, celui de la place du Petit Socco : « après le cul-de-sac, le cinéma Vox » Entre deux battements de cils, lourds de rimmel, d’un geste de la tête en arrière, elles se libèrent du voile. A peine savaient-elles que Tanger avait un statut dit : international. Des mots étrangers, elles connaissaient : la crème Pond’s et le rouge à lèvres, Bourgeois, le rouge baiser »

Badia Haj Nasser tisse ses nouvelles comme des instants de mémoire. Dans « Tango » la narratrice se rappellera d’un amour, d’un rendez-vous au Studio GîtLe-Cœur. Elle habitait alors rue Guy de la Brosse : « Dès le pallier dans l’obscurité, elle éprouvera quand tu la tiendras serrée contre toi, la dureté de ton corps.
– Je n’ai jamais su te dire non.
– Tu lui parleras de ta maison sur la colline battue par le vent, entourée de dunes »

La conteuse qui dessin un portrait de Zohra, la tante aînée. Celle-ci demandait à la petite fille lectrice de la Comtesse de Ségur : «Les signes du français qui sont sur ton livre sont-ils les mêmes que ceux du journal ?».

La couverture de «Tanger rue de Londres» est l’œuvre de l’artiste Ben Dahman « Les tangéroises » Ce petit livre doux où se cache une plume avec des mots comme celles-ci : «Les rochers verts de mousse sont glissants, l’odeur du large fouette les narines. Inlassablement, l’océan gronde. Mon père est de la race des poissons quand il fend l’eau, de la race des arbres quand il ouvre son chemin en forêt, de la race des langueurs quand il médite».

Badia Hadj Nasser, psychanalyste-écrivain née à Tanger. Elle qui vit entre Paris et Tanger. Elle est l’auteur du roman « Le voile mis à nu », éditions Arcanteres, 1985.
Elle se consacre à la psychanalyse sur le plan clinique et sur le plan de la recherche. Elle participe notamment à des travaux sur « Les mille et une nuits » publiés dans « Corps écrit, l’Arabie heureuse », PUF, 1989. Elle produit aussi un texte intitulé « La fascination de la virginité et sa résonance dans le corps des femmes immigrées » dans « Espace-Temps et Traces de l’exil », Grenoble, La Pensée Sauvage, 1991. Elle écrit parallèlement un roman : « El velo al desnudo » Grenade, Alcala, Grupo Editorial, 2007

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