Tahar Benjelloun membre de la nouvelle Fondation de l’islam de France

C’est dans un contexte tendu et surchauffé par le débat sur le burkini que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, tiendra une réunion lundi 29 août place Beauvau pour parler de la nouvelle « Fondation de l’islam de France », présidée par Jean-Pierre Chevènement et dont l’écrivain Tahar Benjelloun sera membre.
La réunion rassemblera des responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM) et les personnalités pressenties pour faire partie de la fondation habilitée à recevoir des donations de personnes physiques ou morales uniquement de France ou de tout Etat de l’Union européenne.
Selon les informations d’Atlasinfo, cette fondation devrait être adossée à une association cultuelle de la loi 1905, censée régler notamment la problématique du financement de la construction des lieux de culte et la formation théologique des imams et aumôniers.

Par Hasna Daoudi

Créée par décret le 31 mai 2005 par Dominique de Villepin, alors Premier ministre, la "Fondation des œuvres pour l’islam de France" cède la place à la "Fondation de l’islam de France" de Bernard Cazeneuve. Cette institution sous la présidence de l’ancien ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement est laïque et reconnue d’utilité publique. Ses objectifs sont définis comme tels, selon des informations obtenues par Atlasinfo.fr:

-Initier, soutenir ou conduire des actions ayant un caractère philanthropique, culturel, éducatif, social ou humanitaire, notamment celles des institutions musulmanes de France et, plus globalement, apporter son soutien moral et financier aux actions d’intérêt général de ces institutions ;
-Soutenir la formation non religieuse des responsables associatifs et des personnels cultuels ;
-Contribuer à la préservation et à la conservation du patrimoine culturel et artistique musulman en France ;
-Permettre et développer des activités, notamment socioculturelles et éducatives, en direction de la jeunesse, afin notamment de transmettre les valeurs, la culture et l’histoire de l’islam ;
-Soutenir des actions de recherche et d’enseignement, notamment dans les domaines de l’islamologie et de la philosophie ;
-Favoriser l’apprentissage des valeurs de tolérance et de respect mutuel, ainsi que le dialogue interculturel ;
-Initier, soutenir ou conduire des actions à caractère social en faveur des ministres du culte musulman, et des autres personnes rémunérées par leurs associations notamment cultuelles.

Tahar Benjelloun membre de la fondation

Le conseil d’administration rassemblera 11 membres, composé de trois collèges : un collège des fondateurs de deux membres désignés par le comité des fondateurs, donateurs et mécènes ; un collège de quatre membres de droit comprenant les ministres de l’intérieur, de la culture, de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, et le président en exercice du CFCM, ainsi qu’un collège de cinq personnalités qualifiées.

Selon nos sources, parmi les cinq personnalités qualifiées, on trouve l’écrivain à succès, Tahar Benjelloun, l’ancienne présidente du Club XXIe, l’ingénieure Najoua Arduini-Elatfani, et Ghaleb Ben Cheikh, docteur ès sciences et islamologue, le recteur de la mosquée de Lyon Kamel Kabtane, et Jean-Pierre Chevènement.

Un conseil d’orientation sera également mis en place et présidé par le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubaker. Les membres seront désignés par le conseil d’administration. Il comprendra notamment les vice-présidents et le secrétaire général du CFCM, ainsi que les anciens présidents du CFCM.

Uniquement des donations françaises

Pour ce qui est des ressources de la fondation, elles se composent notamment : du revenu de la dotation ; des subventions qui peuvent lui être accordées et du produit de dons et libéralités. Celles-ci doivent provenir de France ou de tout pays de l’Union européenne. Les financements de l’étranger étant exclus. Il est ainsi précisé que :
-"Pour les personnes physiques, de personnes de nationalité française ou de tout autre Etat membre de l’Union Européenne, ou de personnes résidant de manière régulière et permanente sur le territoire français ;
pour les personnes morales, de structures ayant leur siège social en France ou dans tout autre Etat membre de l’Union Européenne".

En plus de la fondation, une association cultuelle

Le ministre de l’Intérieur parait bien décidé à tout mettre en œuvre pour permettre à la fondation d’atteindre son but. L’institution peut ainsi :

-initier, soutenir ou conduire elle-même tous projets, actions et manifestations conformes à son but ;
-participer au fonctionnement des organismes prenant en charge la formation non religieuse des responsables associatifs et des personnels cultuels ;
-attribuer des subventions pour la construction, l’aménagement, l’équipement, le fonctionnement ou la rénovation de bâtiments ayant un objet philanthropique, éducatif, social, humanitaire ou culturel ;
-attribuer des bourses d’études et des prix, soutenir des projets de recherche et diffuser des publications ;
-gérer des établissements ayant un objet conforme au but de la Fondation.

Et pour régler la question épineuse du financement du culte musulman, Bernerda Cazeneuve a prévu de mettre en place une association cultuelle (loi 1905) pour collecter des fonds destinés à la construction de mosquées et à la formation théologique des imams ou encore, et doter les instances représentatives de l’islam de France de moyens financiers pour leur fonctionnement.

Avec cette réforme, Bernard Cazneuve tente de refonder l’islam de France, miné par les divisions et les querelles partisanes, alors que la classe politique se déchire sur le burkini et que le débat, déjà envenimé par le climat post-attentats, vire à l’hystérie.

Plus martial, le Premier ministre Manuel Valls estime que relancer la Fondation est une façon de "montrer que les autorités s’engagent pour "débarrasser ceux qui minent l’islam de l’intérieur".

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