Syrie: nouvelles menaces du Front al-Nosra contre l’Occident

Le chef du Front al-Nosra a menacé dimanche de « déplacer la bataille » en Occident dans ses premiers propos depuis le début des frappes en Syrie contre son groupe et l’organisation Etat islamique (EI), dont des installations stratégiques ont encore été visées.

Les raids aériens ont notamment pris pour cible quatre raffineries de taille modeste ainsi que le centre de commandement de l’EI au nord de Raqa, selon le commandement américain chargé du Moyen-Orient (Centcom).

La coalition, qui avait déjà visé au moins 12 installations pétrolières du groupe extrémiste ces derniers jours dans l’est syrien, cherche ainsi à assécher la manne financière que représente l’or noir pour les jihadistes.

Appelant les peuples d’"Amérique et d’Europe" à s’opposer à leurs gouvernements et les menaçant de "déplacer la bataille" dans leurs "foyers", le chef d’Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, a prévenu dimanche les Occidentaux: "Vos dirigeants ne paieront pas seuls le prix de la guerre, vous allez payer le prix cher".

Abou Mohammad al-Joulani s’exprimait dans un enregistrement sonore diffusé sur internet au lendemain de menaces proférées par son porte-parole.

"Qu’avez-vous gagné de votre guerre contre les musulmans et les jihadistes si ce n’est tragédies et douleurs qui se sont abattues sur vos pays et enfants ?", a-t-il dit, faisant en référence à la mort de soldats en Irak et en Afghanistan et de civils lors des attentats du 11-Septembre.

Les Etats-Unis ont lancé le 8 août une campagne de frappes aériennes sur l’Irak qu’ils ont étendues mardi à la Syrie en ciblant notamment des positions d’Al-Nosra et des membres de Khorassan, un groupuscule lié à Al-Qaïda dont le chef présumé aurait été tué.

Le porte-parole du Front Al-Nosra avait menacé samedi de représailles "dans le monde entier" les pays de la coalition anti-jihadiste, qualifiant leurs opérations de "guerre contre l’islam" et fustigeant un "axe du mal" dirigé par "le pays des cowboys".

La semaine dernière, un porte-parole de l’EI avait appelé les musulmans à tuer des citoyens des pays de la coalition, provoquant l’indignation de responsables musulmans, notamment au Royaume-Uni et en France, un pays encore sous le choc de la décapitation d’Hervé Gourdel, enlevé en Algérie par un groupe rallié à l’EI.

Le président américain Barack Obama a admis dimanche que les Etats-Unis avaient sous-estimé le fait que le chaos en Syrie pourrait fournir un terrain propice à l’émergence de groupes jihadistes aussi dangereux que l’EI.

S’exprimant sur la chaîne CBS, il a qualifié la Syrie de "Ground Zero pour les jihadistes à travers le monde". "Le chef de nos renseignements a reconnu qu’ils avaient sous-estimé ce qui se passait en Syrie", a-t-il dit.

En visant des installations d’hydrocarbures contrôlées par l’EI, qui achemine du pétrole en contrebande notamment vers la Turquie voisine selon des experts, la coalition veut frapper cette organisation au portefeuille.

"L’EI raffinait du pétrole de manière artisanale et le vendait à des commerçants turcs. La coalition veut ainsi détruire l’économie de l’EI, le nerf de la guerre", a ainsi expliqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Avant l’opération initiée par les Etats-Unis, les jihadistes gagnaient quelque 3 millions de dollars (2,4 millions d’euros) de revenus par jour grâce à l’or noir, selon des experts. Mais, depuis le début des frappes, le pompage dans les champs sous leur contrôle a pratiquement cessé.

D’autres raids avaient endommagé samedi "un aéroport tenu par l’EI, une garnison et un camp d’entraînement près de Raqa", le fief du groupe extrémiste sunnite, selon la même source.

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