Syrie : le groupe État islamique détruit des trésors archéologiques à Palmyre, 40 djihadistes tués à Alep

L’organisation terroriste a détruit un monument du IIIe siècle à Palmyre tandis que des raids aériens ont tué plus de 40 djihadistes dans la province d’Alep.

Les djihadistes du groupe État islamique (EI) ont détruit de nouveaux trésors antiques à Palmyre, ville du centre de la Syrie qu’ils avaient reprise au régime en décembre, a indiqué vendredi le chef des Antiquités. Sur un autre front de la guerre en Syrie, le groupe djihadiste rival, Fateh Al-Cham (ex-Front Al-Nosra), a été visé par des raids aériens jeudi soir dans la province septentrionale d’Alep qui se sont soldés par la mort d’au moins 40 de ses combattants. Plus d’un mois après avoir repris Palmyre aux forces du régime de Bachar el-Assad, l’EI a procédé à de nouvelles destructions dans cette cité située dans la province centrale de Homs et inscrite par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité. « Des sources locales nous ont informés que Daech (acronyme en arabe de l’EI) a détruit le tétrapyle, un monument de 16 colonnes, et des photos satellite reçues de nos collègues de l’université de Boston montrent des dommages à la façade du théâtre romain », a déclaré à l’Agence France-Presse Maamoun Abdelkarim, le directeur des Antiquités.
La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, a dénoncé ces nouvelles destructions comme « un crime de guerre et une immense perte pour le peuple syrien et l’humanité ». Le tétrapyle, un carré avec quatre colonnes à chaque coin, avait été érigé à l’époque de Dioclétien, à la fin du IIIe siècle. Sur les 16 colonnes, une était originale et les autres avaient été reconstruites en ciment par les Antiquités syriennes en 1963. Le théâtre romain de neuf rangées de gradins date du premier siècle de notre ère. Lors de sa première occupation de la ville, de mai 2015 à mars 2016, l’EI y avait commis des exécutions publiques. « Dès le premier jour, je m’attendais à un terrible scénario. Nous avions déjà été témoins de la terreur lors de la première occupation de la ville, et franchement je ne pensais pas que Palmyre serait occupée une seconde fois », a ajouté, bouleversé, Maamoun Abdelkarim.

Affrontements dans le désert de Palmyre et à Alep

« La bataille pour Palmyre est culturelle et non politique. Je ne comprends pas comment la communauté internationale et les acteurs du conflit syrien ont accepté que Palmyre tombe », a-t-il ajouté. En mai 2015, après s’en être emparé une première fois, l’EI avait détruit les plus beaux temples de la cité millénaire, ceux de Bêl et de Baalshamim, ainsi que l’Arc de Triomphe, plusieurs tours funéraires, et le Lion de Palmyre. Une mission de l’Unesco avait relevé des « dommages considérables ». Le groupe ultraradical, responsables d’atrocités dans les zones sous son contrôle, y avait aussi exécuté 280 personnes avant d’être chassé de Palmyre par l’armée et son allié russe fin mars 2016. Le 11 décembre, les djihadistes ont repris Palmyre à l’armée après une offensive d’envergure. Dans le désert aux environs de Palmyre, les combats se poursuivent entre djihadistes et pro-régime, l’EI tentant depuis des semaines d’avancer vers l’aéroport militaire de Tayfur afin de couper à l’armée l’accès à la route reliant Palmyre à la ville de Homs. Les affrontements près de cet aéroport ont tué jeudi 18 djihadistes et 12 pro-régime, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

L’EI a procédé à la destruction de nombreux trésors archéologiques dans les régions qu’il contrôle en Syrie et en Irak voisin. Intervenu dans le conflit syrien en 2013, ce groupe djihadiste est la cible, comme son rival Fateh Al-Cham, de frappes aériennes de la Russie et de la coalition internationale dirigée par les États-Unis. Dans l’ouest de la province d’Alep, plus de 40 membres de Fateh Al-Cham ont été tués dans des frappes contre un de leurs camps, a indiqué l’OSDH sans préciser qui a mené ces raids. Depuis le début du mois, une centaine de membres de Fateh al-Cham, dont des dirigeants, ont péri dans des frappes dans le nord syrien. Fateh al-Cham, ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, est allié à plusieurs puissants groupes rebelles syriens qui luttent contre le régime. À quelques jours de l’ouverture des négociations entre régime et rebelles lundi à Astana, Bachar el-Assad a adopté une position intransigeante, dans une interview à la télévision japonaise TBS. Il a appelé les rebelles à accepter le principe de rendre leurs armes en échange d’une amnistie, et rejeté l’idée d’un gouvernement de transition ainsi que toute discussion sur son départ. « Il n’y a rien dans notre Constitution qui s’appelle le gouvernement de transition. » Un cessez-le-feu qui tient tant bien que mal en Syrie a constitué un prélude aux négociations d’Astana, censées jeter les bases d’un règlement du conflit dévastateur qui a fait plus de 310 000 morts en près de 6 ans.

Avec AFP

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