Syrie: ce que Sarkozy a derrière la tête

En s’exprimant sur la crise syrienne, l’ex-président se positionne en faveur d’une intervention militaire et oblige François Hollande à réagir. Un moyen également pour lui de signaler qu’il est toujours présent en politique.

Syrie: ce que Sarkozy a derrière la tête
Son intervention sur le dossier syrien a non seulement eu le don d’agacer les socialistes, mais permet également à Nicolas Sarkozy de laisser entrevoir le fond de sa pensée et ses ambitions

Une intervention militaire souhaitable

Lors de leur entretien, Nicolas Sarkozy et le chef de l’opposition syrienne ont constaté une grande convergence dans l’analyse de la crise en Syrie . Les deux hommes se sont accordés sur la nécessité d’une "action rapide de la communauté internationale pour éviter le massacre", tout en soulignant de grandes similitudes avec crise libyenne.

En établissant cette comparaison avec la Libye, l’ex-président laisse entendre qu’une intervention militaire serait souhaitable pour en finir avec le conflit syrien. Déjà fin juillet, Le Parisien rapportait des propos de Nicolas Sarkozy qui affirmait la nécessité d’être ferme avec la Syrie. En août, l’ancien président ne tient plus. Il "bout d’impatience", confie un proche au quotidien, soulignant une situation en Syrie qui "révulse" l’ancien président. A son entourage, il martèle qu’il existe des moyens pour contourner les vetos russes et chinois à l’ONU, répétant qu’une intervention militaire est possible.

Laurent Fabius a lui souligné les différences entre les situations libyennes et syriennes: "La Syrie dispose de stocks d’armes importants, notamment chimiques. Les différences sont si manifestes qu’aucun pays n’a demandé, ni souhaité une intervention militaire." Nicolas Sarkozy lui-même, du temps où il était en fonction, n’a jamais poussé pour une solution militaire.

Obliger François Hollande à réagir

Son intervention est également une pierre jetée dans le pré-carré du président socialiste. Ce communiqué vient renforcer une offensive lancée dès le début de l’été face à la "passivité" de François Hollande . En juillet, Nicolas Sarkozy reproche à Hollande son manque d’action. En août, BHL prend le relai en se déclarant "déçu" par "l’attentisme" du président socialiste. Cette semaine, un proche de Sarkozy en remet une couche en affirmant que l’ancien chef de l’Etat "trouve Hollande et la diplomatie française pas assez fermes".

Cette offensive contre le président est appuyée par les ténors de l’UMP qui s’empressent de relayer les mêmes critiques dans la presse, espérant mettre François Hollande au pied du mur. Une pression efficace? Dans la foulée du communiqué de Nicolas Sarkozy, François Hollande publie son propre communiqué indiquant qu’il s’est entretenu avec le roi de Jordanie.

Louer sa propre action à l’international…

Nicolas Sarkozy en profite également pour rappeler ses glorieuses actions à l’international et vanter sa manière de prendre les dossiers à bras le corps. Il s’enorgueillit d’être intervenu et d’avoir mené à bien son opération militaire en Libye. "On m’a critiqué sur la Libye, mais moi au moins j’ai agi… ", s’est-il empressé de souligner.

Pour louer ses prises de décisons à l’international, Nicolas Sarkozy peut toujours compter sur ses proches. Brice Hortefeux rappelle que "l’action du pays avait été saluée en Georgie, en Côte d’Ivoire"…etc. En 2011, Nicolas Sarkozy s’était déplacé en Géorgie et avait incité la Russie à respecter l’indépendance du pays. La même année, la France intervenait dans la guerre civile ivoirienne avec la force Licorne.

… pour revenir dans le jeu politique?

Son intervention est enfin un moyen de rappeler qu’il est toujours présent, que sa carrière n’est pas terminée. Nicolas Sarkozy semble prêt à reprendre du service, au sein du parti ou chargé d’une mission internationale comme Tony Blair? Impossible à dire, mais le président bénéficie encore d’une grande influence au sein de l’UMP.

Les ténors du parti, à l’image de Nathalie Kosciusk-Morizet ou Jean-François Copé, le prennent toujours comme modèle, défendent son bilan. Un groupe, les amis de Nicolas Sarkozy, s’est même formé en soutien à l’ancien président et croit à son retour. La réunion des amis de Nicolas Sarkozy se fera d’ailleurs les 24 et 25 août à Nice en présence de François Fillon et Jean-François Copé. Tous sont unis derrière leur ancien chef. Autre détail, les critiques de l’ancien chef de l’Etat sont toujours les plus percutantes tandis que les autres membres de l’UMP n’arrivent pas à atteindre la même intensité dans leurs attaques. C’est à se demander si Nicolas Sarkozy a vraiment quitté sa place de leader à l’UMP.

(Publié le 9/08/12)

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