Sur la défensive, François Hollande reconnaît des « erreurs » mais affirme avoir le « cuir tanné »

Le président français François Hollande est apparu jeudi sur la défensive à l’entame d’une émission radio-télévisée à la moitié de son mandat marqué par une impopularité record: il a reconnu des erreurs, notamment sur le chômage, mais affirmé avoir le « cuir tanné ».

L’émission baptisée "En direct avec les Français" s’est ouverte sur des questions très incisives sur ses promesses de "réenchantement" de la France avant son élection en mai 2012. Mais aussi sur son image dégradée, après deux ans et demi de pouvoir marqués par le manque de résultats face à la crise économique et la publication d’un brûlot de son ex-compagne Valérie Trierweiler.

"Je ne suis pas devenu président de la République parce que j’ai été tiré au sort (…) Je ne me plains jamais, je suis un être normal, un coeur, un esprit, une pensée, des émotions, je dois garder une forme de pudeur", a lancé le président socialiste. "J’essaie de me tenir", a-t-il ajouté, pour tenter de faire taire les critiques sur sa personnalité fluctuante et insaisissable.

"J’ai le cuir tanné. Depuis 2 ans et demi, je me cramponne", a-t-il lancé sur un ton parfois ironique, alors qu’il est accusé, y compris au sein de son propre camp, d’avoir installé un climat prématuré de fin de règne et qu’il lui est souvent reproché de rabaisser sa fonction à celle d’un super-ministre des Finances.

"J’avais parlé de l’inversion de la courbe du chômage. Ce n’est pas venu, je m’en suis fait reproche parce que c’était une espérance pour beaucoup, notamment ceux qui étaient demandeurs d’emploi", a-t-il concédé.

Promettant de continuer à réformer la France jusqu’à la fin de son mandat, il a répété qu’il ne se représenterait pas en 2017 si le chômage ne baisse pas. La France compte actuellement un nombre record de 3,4 millions de demandeurs d’emploi.

Le premier président de gauche depuis François Mitterrand (1981-1995) a ensuite été interrogé par un panel de citoyens, frappés à des degrés divers par la crise.

Réformes économiques sans effet sur une croissance en panne et un chômage record, réformes de société (mariage homosexuel, rythmes scolaires) attisant les oppositions sans mobiliser son camp, le chef de l’Etat apparaît bien seul face à une gauche désemparée, une droite divisée et une extrême droite à l’affût.
– ‘Nouveaux chantiers’ –

Les sondages catastrophiques pour lui ne cessent de s’accumuler : sa cote de popularité est tombée à un plancher jamais vu de seulement 12% d’opinions favorables, selon une enquête publiée jeudi. Une autre parue en début de semaine indique que huit Français sur dix ne souhaitent pas qu’il se représente à la présidentielle de 2017.

Jeudi soir, François Hollande devait annoncer selon son entourage "de nouveaux chantiers, des initiatives", et pas seulement dans le domaine social où la marge est étroite en raison des impératifs budgétaires.

Quelques jours après la mort d’un jeune écologiste à la suite d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre sur le chantier d’un barrage controversé dans le sud-ouest, François Hollande devait aussi convaincre ses anciens alliés écologistes qu’il garde le cap de la transition énergétique.

Alors que des lycéens se sont joints jeudi à Paris aux nombreuses manifestations pour dénoncer le décès du jeune écologiste, le président Hollande a promis que les résultats de l’enquête sur sa mort seraient connus "d’ici huit jours".

Lundi, son prédécesseur Nicolas Sarkozy (droite, opposition), qui ambitionne de se présenter en 2017 à nouveau à une présidentielle française, a fustigé son bilan: c’est "échec sur échec".

L’impopularité record de M. Hollande est d’autant plus handicapante pour la gauche que le chef de file du Front national (extrême droite), Marine Le Pen, est donnée en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle en 2017, risquant de réduire la compétition à un duel droite-extrême droite.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite