Suède: victoire de la gauche et poussée de l’extrême droite aux législatives

L’opposition de gauche en Suède a remporté dimanche des élections législatives marquées par une poussée historique de l’extrême droite, qui devrait compliquer les projets du nouveau Premier ministre.

Selon des projections réalisées par la télévision publique SVT à partir du dépouillement dans 57% des bureaux de vote du pays, les sociaux-démocrates seront en tête avec 31,2% des voix.

Un tel résultat permettrait à leur chef de file, Stefan Löfven, 57 ans, d’être appelé à tenter de former un gouvernement. "Cela fait très plaisir", a déclaré à l’AFP la secrétaire du parti, Carin Jämtin.

Mais l’ancien ouvrier et syndicaliste semble en passe de devenir le Premier ministre le plus mal élu de l’histoire de son parti.

La principale raison en est la progression impressionnante des Démocrates de Suède (SD, extrême droite), qui vont devenir le troisième parti du pays avec quelque 13,0% des voix, contre 5,7% il y a quatre ans.

C’est un nouveau triomphe pour leur président, Jimmie Åkesson, 35 ans, qui a fait de cette formation anti-immigration, autrefois marginale dans l’électorat, une force qui compte.

"Nous sommes très heureux", a souligné le président du groupe parlementaire SD, Björn Söder, interrogé par l’AFP. "Nous sommes aujourd’hui le seul parti d’opposition en Suède puisque tous les sept autres partis pensent plus ou moins pareil".

"Ce que nous voyons, c’est un parti des Démocrates de Suède qui s’implante dans le paysage politique", a déploré le ministre des Affaires étrangères Carl Bildt, interrogé l’agence de presse TT.

Cependant, les Démocrates de Suède restent frappés d’ostracisme par les sept autres partis du Riksdag (parlement), qui ont exclu de discuter avec eux.

La progression de ce parti rappelle celle d’autres formations d’extrême droite ou de droite populiste en Europe, comme Ukip en Grande-Bretagne, qui siège dans le même groupe au Parlement européen, le Front national en France et le Parti populaire danois.

Selon les projections de SVT, les sociaux-démocrates, les Verts et le Parti de gauche totalisent 43,7% des suffrages, ce qui ne leur permettrait pas d’obtenir une majorité absolue.

Ils devanceraient nettement la coalition de centre droit au pouvoir, dont les quatre partis seraient à 39,1%.

– Mécontentement –

Ces élections sonneront ainsi la fin du règne du Premier ministre Fredrik Reinfeldt, 49 ans, qui occupe ce poste depuis huit ans. Crédité d’un bon bilan économique, il a été victime de l’usure du pouvoir après des réformes d’inspiration libérale.

"C’est agréable de voter pour un changement dans la vie politique suédoise", avait déclaré M. Löfven à la presse après avoir glissé son bulletin dans l’urne à Stockholm dans la matinée. Il devrait s’exprimer en toute fin de soirée.

Le probable nouveau dirigeant de la Suède devrait profiter de la bonne santé de son économie et ses finances publiques. Mais les tractations pour composer son équipe gouvernementale s’annoncent déjà complexes avec ses deux alliés naturels, les Verts et le Parti de gauche, sur des sujets sensibles comme la défense, l’énergie nucléaire et l’urgence qu’il y aurait à défaire les réformes du gouvernement précédent.

Les Verts et le Parti de gauche n’ont même pas dit clairement s’ils avaient envie de portefeuilles ministériels.

Le mécontentement que traduit le vote pour les Démocrates de Suède est un autre défi de taille pour M. Löfven, porté à maintenir la généreuse politique d’immigration qui devrait attirer plus de 80.000 réfugiés en Suède cette année, pour une population de 9,7 millions d’habitants.

Les électeurs des SD sont des Suédois qui se sentent abandonnés par les partis traditionnels et qui n’apprécient pas le consensus en faveur de l’immigration de mise à Stockholm.

"Fondamentalement, ils sont issus des classes populaires, de tous âges, et des hommes pour les deux tiers", relève Anders Sannerstedt, politologue qui les a étudiés. "Ce ne sont pas des exclus, ce sont des Suédois ordinaires".

Ce parti des Démocrates de Suède a pour particularité de siéger au milieu de l’hémicycle, se revendiquant par exemple partisan d’une protection sociale forte pour les ménages défavorisés, mais étant plutôt conservateur sur les questions de société. M. Söder, l’un de ses dirigeants, l’a décrit comme "social-conservateur".

D’après SVT, le parti Initiative féministe, très à gauche, ne pourrait pas entrer au Parlement, en récoltant 3,2% des voix, sous les 4% nécessaires.

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