Ségolène Royal recule pour mieux sauter

Quelle mouche a piqué Ségolène Royal de venir préciser au lendemain de ces élections régionales qu’elle n’était pas, pour l’instant, candidate à la prochaine présidentielle ? Auréolée par son éclatante victoire au conseil régional du Poitou-Charentes, plébiscitée comme une revenante miraculée, elle aurait pu continuer à laisser planer ce doute qui lui donne un statut à part et lui garantit une tonalité particulière.

Ségolène Royal recule pour mieux sauter
Mais Ségolène Royal a choisi de prendre tout le monde à contre courant. Elle décide brusquement de casser une perception devenue lourde à porter, presque handicapante, celle qui la lie, dans une automaticité trop prévisible, à la présidentielle. En d’autres circonstances, ce réflexe aurait pu être bénéfique car il installe comme une évidence naturelle son leadership au sein de sa propre famille politique. Dans la conjoncture actuelle, il a tendance à assécher le désir. Ce qui créé plus de désavantages que d’atouts.

Ségolène Royal doit composer avec une nouvelle équation. Sa principale concurrente, la première secrétaire du PS Martine Aubry, celle qui, par un jeu d’alliances ambiguës, lui a chipé le contrôle de la rue de Solferino, vient de réaliser une jolie performance en menant son parti à une grande victoire. Elle réalisa un coup à double étage. Celui de retrouver une légitimité contestée à la tête du parti. Et celui d’installer une prétention à mener le combat présidentiel.

Alors qu’une Berezina socialiste dans ces élections aurait obligé le PS à revoir l’ensemble de sa structure et de sa stratégie, cette nouvelle donne a montré à Ségolène Royal qu’elle ne peut plus compter sur l’appareil du parti pour mener à bien son projet. Elle devait vite quitter ce statut de candidate permanente à la présidentielle qui ligue contre elle toutes les animosités plutôt que de fédérer les soutiens.

Ségolène Royal doit aussi composer avec une énorme deal secret passé entre les principaux éléphants du PS, les personnalités susceptible de lui ravir la candidature à la présidentielle, comme Dominique Strauss Khan, Laurent Fabius et Martine Aubry. Ces trois personnalités se sont engagées, comme l’a révélé par petites touches Laurent Fabius et confirmé par Martine Aubry, à ne pas se livrer bataille et à soutenir le moment venu celui ou celle que les sondages et l’humeur du pays désigne comme le plus apte à concourir au nom des socialistes pour l’Elysée.

Dans ces circonstances, même les primaires réclamées par beaucoup comme une solution incontournable pour régler la question du leadership devient par l’instant d’une importance secondaire. Contre qui Ségolène Royal, si elle décide de rester au sien du PS, va-t-elle mener bataille alors que l’ensemble de l’appareil semble verrouillé sur une entente destinée à la neutraliser ? Tapie dans l’ombre et plongée malgré elle dans les préoccupations régionales, Ségolène Royal est obligée d’attendre, pour espérer revenir dans la course, que l’actuelle direction du PS s’use ou cède à la paralysie de ses antagonismes et ses contradictions.

Signe que Ségolène Royal n’a pas pris la décision de quitter son statut de présidentiable de gaîté de cœur, son refus ostentatoire de rencontrer Martine Aubry. Elle a séché la photo de groupe des présidents de régions socialistes et a décidé d’assister au dîner des ces même présidents… mais sans Martine Aubry.

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