Sarkozy veut gagner contre la « coalition d’un système politico-médiatique »

Pour sa dernière journée de campagne, Nicolas Sarkozy s’est offert un bain de foule en front de mer, et a espéré avoir soulevé "la montagne" devant lui permettre de l’emporter ce dimanche 6 mai, alors que son adversaire socialiste François Hollande reste le favori de l’élection présidentielle.

Le président-candidat s’est livré, une nouvelle fois, à une critique véhémente des médias, dénonçant "la mainmise d’une pensée unique et la coalition d’un système politico-médiatique" cherchant selon lui à "stigmatiser la majorité silencieuse", lors de son meeting aux Sables d’Olonne.

"Chaque voix va compter", a martelé Nicolas Sarkozy au début de son discours, dans une ville où il a recueilli 41,34% des suffrages au premier tour, loin devant François Hollande (24,24. "Dimanche, vous n’imaginez pas à quel point les choses vont se jouer sur le fil du rasoir", a-t-il prédit, alors que ses partisans entonnaient: "on va gagner, on va gagner".

Le chef de l’Etat s’est montré particulièrement énergique vendredi, au terme de deux mois et demi d’une campagne intense où il aura usé de toute sa force de conviction pour tenter d’accéder à un second mandat, en dépit des sondages défavorables.

La victoire est possible "si vous vous mobilisez, si vous amenez tous ceux qui doivent venir, si vous y croyez", a-t-il promis à ses partisans, les galvanisant. "C’est une campagne pour ceux qui savaient qu’il y avait une montagne à porter, et cette montagne, nous sommes tout près de l’amener où nous voulons l’amener", a-t-il assuré à la fin de son meeting vendéen.

Le président sortant s’est ensuite offert un dernier bain de foule sur le front de mer. "Bien sûr qu’il y a de l’émotion", a-t-il dit à la presse. "Ces milliers, et ces milliers, et ces milliers de personnes, tout au long des routes, ça crée une grande responsabilité. C’est extrêmement émouvant", a-t-il souligné.

"C’est la campagne que je voulais faire", s’est-il félicité, tout en se refusant à la qualifier de "bonne". "Ce serait très arrogant, et franchement avec François Hollande, ça fait partie des choses, l’arrogance pour lui et l’humour pour moi", a-t-il lâché à l’encontre du député de Corrèze.

Tout au long de son discours, Nicolas Sarkozy s’en est pris violemment aux médias, coupables selon lui d’avantager François Hollande.

"Le peuple de France ne s’est jamais senti autant ces dernières semaines injurié, acculé, manipulé. Jamais comme ces dernières semaines, le peuple de France n’a eu le sentiment aussi fortement qu’on lui manquait de respect, qu’on n’acceptait pas de lui dire la vérité et qu’on voulait lui imposer une décision dont il ne voulait pas", a-t-il clamé.

"Vous devez imposer votre liberté. Vous ne devez pas accepter la mainmise d’une pensée unique et la coalition d’un système politico-médiatique pour vous empêcher de choisir la direction qui sera retenue par la France dans les cinq années à venir", a-t-il lancé.

Et de se moquer, un peu plus tard: "Remarquez quand je dis pensée unique c’est flatteur. Je devrais dire unique tout court parce que la pensée en général…"

"A partir du premier tour a monté quelque chose qui ressemble au fond à une forme d’intolérance", a-t-il dénoncé. "Je déteste le racisme, je déteste le sectarisme, j’abomine l’homophobie, je déteste qu’on montre quelqu’un du doigt, je ne supporte pas l’amalgame, mais je voudrais dire à tous que la majorité silencieuse n’a pas à supporter elle aussi l’amalgame, l’injure, l’intolérance et le manque de respect", a-t-il estimé.

Critiquant aussi l’attitude de la gauche pendant la campagne, le chef de l’Etat a déploré "le torrent de calomnies, d’outrances à l’endroit de ceux qui n’ont finalement comme seule faute que d’avoir été élus en 2007".

Les 6,5 millions de Français ayant voté pour Marine Le Pen au premier tour "ne sont pas des sous-citoyens", "des délinquants", "des personnes qui doivent être interdites de la République", "ce sont des concitoyens à qui je dois porter attention pour qui je dois rendre des comptes, et à qui je dois faire écho dans les préoccupations qui sont les leur", a-t-il argumenté, en réponse au reproche qui lui a été fait d’aller chercher les voix du Front national.

"A ceux qui font le procès en permanence de stigmatiser, je leur dis: vous stigmatisez la majorité silencieuse, et vous stigmatisez les gens au seul prétexte qu’ils ne sont pas de gauche, et ils ont le droit de refuser la gauche, de refuser le socialisme, de refuser le laxisme, de refuser l’égalitarisme", s’est-il emporté.

Avant de lancer cet avertissement: "si les républicains ne s’emparent pas des vrais problèmes des Français", "la prochaine fois, c’est pas six millions pour le Front national et pour les extrêmes, ça sera beaucoup plus".

Nicolas Sarkozy a souhaité s’adresser aux "vrais gens", par opposition à une élite "dévoyée". Des propos très applaudis dans une salle remontée qui avait chanté le slogan "les médias en Corrèze", en allusion à un autre tube de la campagne "Sarkozy à l’Elysée, Hollande en Corrèze".

Le courroux du président à l’encontre des médias s’est illustré lorsqu’en plein meeting, Nicolas Sarkozy a interrompu son discours pour interpeller un journaliste de TF1, dont il entendait la voix. "Si notre ami qui fait un direct en me tournant le dos voulait bien s’arrêter, ça m’arrangerait", a lancé le président, suscitant les huées du public. "La politesse n’est qu’une question d’éducation", a-t-il tancé.

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