Sarkozy tacle la gauche par François Mitterrand

Sarkozy tacle la gauche par François Mitterrand
Lorsque Nicolas Sarkozy a décidé de tacler l’héritage de François Mitterrand sur les retraites en affirmant que les choses auraient été plus simples si en 1983, l’ancien président socialiste n’avait pas pensé à ramener l’âge de la retraite à 60 ans, il dégoupille une grenade politique phosphorescente. C’est exactement le genre de polémique politique qu’on lance de manière intentionnelle et planifiée, avec l’objectif de mettre l’adversaire en position de faiblesse et de justification.

Le timing de cette attaque est bien calculé. Il intervient au moment crucial où le gouvernement s’apprête à avaliser le point cardinal de sa reforme des systèmes de retraite, à savoir le prolongement de l’âge de la retraite au delà de 60 ans. La gauche en général et les socialistes en particulier avaient fait de ce chiffre symbolique un casus belli politique et social, comme prétendait à la prouver la grande journée de protestations sociales nationales organisée jeudi dernier.

En s’attaquant de manière aussi directe à l’héritage de François Mitterrand, Nicolas Sarkozy n’a étonné les commentateurs qu’à moitié. Voilà un homme, qui lors de son ascension, n’hésite pas à citer dans ses discours des références de gauche comme Blum et Jaurès et qui donne un grand coup de pied de l’âne à François Mitterrand à qui il a pourtant emprunté quelques fideles et quelques collaborateurs pour en faire les emblèmes de sa politique d’ouverture. D’un autre côté, la charge de Sarkozy contre Mitterrand est dans l’ordre naturel des choses. L’actuel président n’a jamais montré une quelconque admiration pour ses prédécesseurs, du Général De Gaule, en passant par Valery Giscard D’Estaing jusqu’à Jacques Chirac.

Il fut une période où beaucoup a été écrit sur une fascination secrète qu’éprouverait Nicolas Sarkozy, sinon pour l’homme Mitterrand du moins pour le style Mitterrand, fait de cynisme froid et de manipulations permanentes. Et ce, après avoir pendant deux longs septennats, terrassé la gauche et anesthésié la droite. Cette fascination serait à l’origine de l’entrée d’un Mitterrand (Frédéric) au ministère de la culture.

Les défenseurs du temple mitterrandien on réagi avec la violence de circonstances. « Quand un homme est capable, 15 ans après le décès de son prédécesseur, de le mettre en cause (…) on le renvoie à ses propres mensonges, mais ce n’est pas digne d’un président de la République » avaient répliqué Martine Aubry, premier secrétaire du PS. Tandis que Laurent Fabius avait tenté d’opposer le président « constructeur » qu’était Mitterrand au président « démolisseur » qu’est Nicolas Sarkozy.

En optant pour le démontage d’une président devenu un mythe comme François Mitterrand, Nicolas Sarkozy sait qu’il mène une polémique de velours dont il ne pourra sortir que gagnant. Outre que l’héritage de Mitterrand est ouvertement contesté par sa propre famille et par tout ceux qui ont voulu pratiquer le « droit d’inventaire » cher à Lionel Jospin, cette polémique pourra créer d’avantage de divisions au sein d’une gauche qui peine beaucoup à secréter un leadership capable de proposer une alternative à Nicolas Sarkozy. Ce dernier semble appliquer une règle de guerre simple : tout ce qui peut affaiblir l’adversaire, diviser son commandement, brouiller sa stratégie est bon à prendre.

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