Sarkozy impose le remaniement à Hollande

Alors que François Hollande s’apprêtait à attendre tranquillement les leçons des élections municipales pour voir si les urnes lui imposaient un remaniement, le voilà aujourd’hui obligé de revoir son casting gouvernemental quel que soit le verdict du scrutin. Le gouvernement de Jean Marc Ayrault est en train de vivre le plus grand couac du mandat. L’affaire des écoutes de l’ancien Nicolas Sarkozy et la communication gouvernementale qui l’a accompagnée ont transformé un vrai scandale de droite en une crise gouvernementale de gauche.

Par Mustapha Tossa

Ce qui devait être le coup de grâce pour empêcher tout retour de Nicolas Sarkozy comme possible challenger de François Hollande en 2017 s’est subitement changé en crise aiguë de gouvernance du système Hollande. Son gouvernement, qui a avait cumulé les gaffes et les couacs, s’est emmêlé les pinceaux. La garde des sceaux, Christiane Taubira, est apparue dans sa plus mauvaise posture de celle qui dissimule des vérités. Jean Marc Ayrault, Premier ministre s’est révélé un mauvais pompier et un maladroit pédagogue. Manuel Valls, ministre de l’intérieur et premier flic de France, qui doit savoir tout et avant tout le monde, a affirmé avec candeur qu’il n’était point au courant.

Prise dans un étau à quelques jours des municipales avec les révélations sur des meetings surfacturés par des proches du patron de l’UMP, Jean François Copé, les enregistrements clandestins de Patrick Buisson et les écoutes inédites de Nicolas Sarkozy, la droite allait au devant d’une séquence décevante pour ses projets. La sanction de la gauche n’allait pas être aussi profonde que ce qu’il était craint. La vague bleue attendue après les sérieux couacs et les difficultés majeurs rencontrés par le gouvernement socialiste risque sinon d’être d’une grande pâleur du moins de ne pas profiter vraiment à la droite classique.

La gouvernance de François Hollande se trouve interpellée par l’appareil judiciaire, par son opposition modérée ou extrémiste qui lui reprochent de démagnétiser la fonction présidentielle et par les médias qui s’en donnent à cœur joie face aux gaffes et autres maladresses de son gouvernement. Lui dont le personnage d’Etat s’est longuement construit en opposition de tout de qu’incarnait Nicolas Sarkozy.

De tous les dysfonctionnements qu’a vécus le gouvernement Hollande, celui autour des écoutes de. Nicolas Sarkozy est celui qui a eu un effet amplificateur de la mauvaise communication au sein de l’exécutif, de l’absence inquiétante du sens politique et de la nécessité de procéder le plus rapidement possible à un changement de l’équipe. François Hollande, à qui déjà l’opinion française reproche une hésitation structurelle dans le processus de décision, une absence de vision claire pour redresser le pays et qui s’illustrent par la permanence de mauvais sondages, semble avoir mangé son pain blanc depuis longtemps. A tel point que le slogan le plus adéquat pour l’air du temps : La sanction, c’est maintenant!

Alors qu’en temps normal, François Hollande aurait eu tout loisir à composer son nouvel exécutif avec le confort relatif qu’offre une sanction presque naturelle à mi-mandat, le voilà aujourd’hui sous la pression de rectifier le tir dans l’urgence pour éviter d’être éclaboussé par ce que la droite a déjà baptisé "un scandale d’Etat". Que trois de ses poids lourds, le trio Valls, Taubira, Ayrault, puissent avec cette facilité se noyer dans les sables mouvants de la Sarkozie, en dit long du niveau de coordination et de cohérence d’un gouvernement à bout de souffle.

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