Royal cinquième candidate officiellement déclarée à la primaire socialiste

Royal cinquième candidate officiellement déclarée à la primaire socialiste
Comme à l’accoutumée, elle a pris tout son monde par surprise. A revers. C’est dans un entretien à la Nouvelle République du Centre Ouest et Centre Presse, deux quotidiens de sa chère région Poitou-Charentes, que Ségolène Royal annonce ce mardi sa candidature aux primaires socialistes.

«J’ai longuement réfléchi et beaucoup consulté. Le moment est venu d’avancer dans la clarté et la simplicité : ma réponse est oui», répond-elle à une question de la presse locale. Avant de dégainer, en forme de justification politique, ce qui constitue à ses yeux le premier de ses avantages concurrentiels : son passé de finaliste de la dernière compétition présidentielle. «Je sais d’expérience qu’il faut plus que quelques mois pour se préparer et pour rassembler. Qui ne voit que la droite est déjà en campagne ? D’ailleurs elle ne s’en cache pas», explique-t-elle.

Timing. L’ex-candidate, donc, est à nouveau candidate. Et c’est les pieds dans la glaise picto-charentaise que Ségolène Royal a entrepris d’écrire le nouveau chapitre de son dessein présidentiel. Personne, parmi ceux qui ont suivi de près la trajectoire politique de la candidate perpétuelle, n’en doutait vraiment. Reste que le timing a pris tout le monde de court. Même si l’entourage de Royal assure avoir fait passer le message, hier en fin d’après-midi, aux équipes de Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn.

«J’essaie de comprendre», lâchait hier un proche de la première secrétaire, quelque peu perplexe. Réplique de l’équipe Royal : «Il y a un moment où il faut dire nettement les choses», explique Delphine Batho, porte-parole de Royal. Si l’ambition élyséenne n’a jamais vraiment abandonné la présidente de la région Poitou-Charentes, celle-ci a pourtant connu quelques dépressions politiques. Au lendemain du sinistre congrès de Reims, notamment, quand elle nourrissait le sentiment amer de s’être fait «voler» sa victoire. Mais sa réélection à la tête de sa région, en mars, avec 60% des voix, une injection massive de suffrage universel, avait regonflé la compétitrice.

C’est, selon son entourage, en cet automne 2010, entre le mouvement des retraites, le remaniement en forme d’entrée en campagne de la droite et le «sentiment de flottement» au PS, pour Delphine Batho, que l’affaire aurait été définitivement pliée. «Elle a la conviction profonde que ça prend du temps et qu’il faut partir en campagne à l’heure. Le principal avantage de cette déclaration ne se situe pas par rapport aux autres, mais par rapport à elle-même. Elle repart à la base, à la rencontre des Français. Elle va faire ce qu’elle aime : de la campagne électorale.»

La candidate perpétuelle est de retour. Quant à l’unité affichée avec Martine Aubry depuis quelques mois à grands renforts de démonstrations d’affection, elle aura duré ce que durent les roses. «Ségolène Royal a choisi le moment», décrypte Guillaume Garaud, un de ses proches. Soit quatre jours après que Martine Aubry a expliqué, sur France 2 : «Nous proposerons une candidature véritablement ensemble, c’est-à-dire pas l’un contre l’autre ou l’une contre l’autre.» Un dispositif qui, à l’évidence, recèle quelques failles.

«L’unité n’est pas l’étouffement du débat», explique un proche de Royal. Laquelle, fin mai, avait envisagé de «faire le sacrifice d’une ambition personnelle», au point d’affecter de jouer collectif avec un goût pour le travail d’équipe qu’on ne lui connaissait guère. Tacticienne accomplie, elle aura surtout flairé le risque de se faire coincer dans le traquenard unitaire tendu par les deux favoris des sondages, Martine Aubry et DSK.

«Course de fond».«C’est opportuniste, précipité, mais c’est surtout une solution par défaut, s’agace un proche de Benoît Hamon. C’est comme une équipe de foot qui tente d’enchaîner les matchs nuls pour engranger tranquillement les points, mais qui voit deux clubs lui passer devant au classement et qui décide donc finalement de jouer la deuxième partie du championnat à fond.»«Ça me laisse sans voix, disait hier un proche de DSK. Il faut bien avoir conscience que cette primaire est une course de fond, et que, quand on s’engage, il ne faut pas sécher aux 20 km. A l’évidence, la primaire de 2011 ne peut être une redite de la confrontation de 2006. A fortiori pour ceux qui ont déjà l’expérience. Chaque faute de quart se paie dans la foulée…»

La tension, en quelques heures, est remontée d’un cran. Surtout dans l’équipe de la première secrétaire. «Ségolène était dans une séquence de responsabilité et d’unité du parti. Désormais, à chaque fois qu’elle parlera, c’est en tant que candidate. Elle a grillé sa meilleure cartouche : la menace de sa candidature, qui était son meilleur argument pour négocier», résume un proche de la maire de Lille. Avant de tracer la carte du champ de bataille socialiste : «Paradoxalement, ça va permettre de mettre un pôle de stabilité dans le parti. D’un côté, la première secrétaire qui travaille sur le projet, le rassemblement de la gauche. De l’autre, les candidats.» Le jeu de dames est relancé.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite