Rokhaya Diallo: les « Y’a Bon Awards » sont « l’expression dune atmosphère de plus en plus raciste »

Les « Y’a bon awards » sont de retour ! Avec la même insolence et le même humour, ils s’apprêtent, le 12 juin, à « récompenser » avec une « banane d’or » les pires déclarations xénophobes et racistes tenus par des personnalités.
La cérémonie de cette 6e édition, prévue au Cabaret sauvage dans le XXe arrondissement de Paris, promet un très bon cru tant la crispation identitaire s’est exacerbée et la parole raciste s’est libérée.

Par Hasna Daoudi

Les organisateurs, réunis autour de l’associationles Indivisibles créée en 2007 par l’icône de ce mouvement antiraciste, la journaliste et chroniqueuse Rokhaya Diallo, précisent qu’ils ne récompensent pas les personnalités les plus racistes mais les "meilleurs" propos racistes de l’année.

Pour Rokhaya Diallo, Les Y’a Bon Awards sont " l’expression d’une atmosphère lourde, de plus en plus raciste et de plus en plus intolérante", constatant une "surenchère de propos racistes". "Le but est justement de démasquer les personnes qui, sous prétexte notamment de défendre la laïcité, entretiennent en fait un climat raciste et hostile envers les minorités", souligne l’ex-présidente des Indivisibles, lors d’une conférence de presse organise le 4 juin dernier pour présenter l’édition de 2015.

"Notre liberté d’expression est aussi importante que celle des autres », assène-t-elle.

L’objectif de ce prix satirique, décerné par un Jury « éclectique et paritaire » composé de 16 personnalités, est de "porter la parole de ceux qu’on n’entend pas alors qu’ils sont en permanence les sujets des débats", poursuit Rokhaya Diallo, qui est souvent prise à partie par des bien-pensants pour son engagement sans concessions en faveur des minorités et de l’égalité du droit à l’expression.

Selon cette militante de l’European Network Against Racism, auteur d’une BD drôle dont l’héroïne principale est afropéenne, les propos racistes tenus dans l’espace public ne sont pas de "simples dérapages". Bien au contraire, "il y a une construction très cohérente et très pensée d’un système qui vise à brimer les minorités".

"En France, on piétine les minorités et, aux moindres soubresauts, on les taxe d’agressivité", déplore aussi Mathieu Longatte, auteur des vidéos "Bonjour tristesse". "La stigmatisation des minorités pénalise tout le monde", ajoute celui qui sera l’un des animateurs de la soirée.

Face à la profusion des propos racistes, la sélection n’a pas été chose facile. "C’était un vrai calvaire. Il y en a eu tellement", soupire l’actuel président des Indivisibles, Amadou Ka, pour qui ces prix sont d’ "utilité publique dans le sens où nous usons de notre liberté d’expression pour pouvoir pointer du doigt ceux qui tiennent des propos racistes"..

Cinq prix seront distribués mais le mystère reste entier sur les nominés. Les organisateurs promettent des surprises. Outre l’espace médiatique traditionnel, cette année, la blogosphère, twitter en tête, n’échappera pas à l’oeil vigilant des Indivisibles.

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