Résolution à l’ONU: les Palestiniens prêts à aller de l’avant

Les Palestiniens doivent proposer mercredi au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution réclamant la fin de l’occupation israélienne, frustrés qu’ils sont par l’impasse au Proche-Orient et par l’attentisme des Etats-Unis qui les menacent d’un veto.

Le texte "sera présenté aujourd’hui (mercredi) au Conseil de sécurité", a confirmé mercredi le chef de la diplomatie palestinienne Riyad al-Malki à l’AFP.

Il pourrait être "soumis à un vote 24 heures après", a-t-il ajouté, en évoquant toutefois la possibilité d’un retard "au cas où aucun des 15 membres du Conseil de sécurité ne demande qu’il soit soumis à un vote".

Selon des sources diplomatiques, il faudra quelques jours pour que le texte soit traduit et que les ambassadeurs du Conseil consultent leurs capitales pour savoir s’ils choisissent le veto (apanage des cinq membres permanents), le oui, ou l’abstention.

Un responsable palestinien à l’ONU a annoncé une rencontre mercredi matin avec les pays arabes membres des Nations unies "pour demander leur soutien avant d’aller de l’avant".

"Nous en avons assez" des discussions bilatérales avec Israël, a expliqué Mohammad Chtayyeh, un proche du président palestinien Mahmoud Abbas.

"Les Palestiniens font monter la pression", analyse un diplomate européen. On ne sait d’ailleurs pas précisément, souligne-t-il, en quoi le texte palestinien diffère de celui distribué en novembre par la Jordanie, seul membre arabe du Conseil, et qui fixe à novembre 2016 la fin de l’occupation israélienne.

M. al-Malki a précisé que le texte était largement inspiré par les propositions françaises. C’est "le projet français qui a été amendé avec les observations (…) palestiniennes", a-t-il indiqué.

Le ministre n’a pas indiqué si le projet inclura une clause sur une date butoir pour la fin de l’occupation israélienne, que les Palestiniens réclament d’ici deux ans.

Il a en revanche affirmé que la France avait retiré la clause controversée portant sur une reconnaissance par les Palestiniens d’Israël comme Etat juif.

Un veto américain est quasi-certain, Washington martelant qu’un accord de paix ne peut résulter que de négociations directes, et non d’une initiative unilatérale à l’ONU.

Mais les Palestiniens semblent d’autant plus impatients d’en découdre que la tournée diplomatique du secrétaire d’Etat américain John Kerry n’a débouché sur aucune ouverture.

En pleine campagne pour les élections israéliennes du 17 mars, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté tout ultimatum et a accusé les Européens d’avoir pris fait et cause pour les Palestiniens.

– Offensive diplomatique –

Les Européens, France en tête, travaillent depuis des semaines à un texte de compromis, susceptible de calmer les Palestiniens mais acceptable aussi pour Washington et son allié israélien. Autant dire la quadrature du cercle, ce qui explique que ces négociations piétinent.

Pris en tenailles entre l’intransigeance israélienne d’un côté et de l’autre l’activisme européen et la frustration palestinienne, les Etats-Unis temporisent. John Kerry a jugé mardi à Londres qu’il était "impératif de faire retomber la température".

Certains diplomates à l’ONU évoquent la possibilité que les Américains mettent sur la table leur propre texte. Celui-ci serait anodin mais permettrait au Conseil de s’exprimer sur ce dossier, pour la première fois depuis 2009.

Même si ces tractations échouent, "la question palestinienne ne va pas disparaître d’elle-même", souligne l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour. Il prévoit que les Palestiniens passeront alors à "une nouvelle phase" de leur offensive diplomatique.

S’exprimant pour la première fois lundi devant l’assemblée des Etats membres de la Cour pénale internationale (CPI), M. Mansour a confirmé la volonté des Palestiniens de rejoindre "au moment opportun" la CPI, afin d’y mettre Israël en accusation pour crimes de guerre à Gaza.

Les Palestiniens ont aussi en réserve d’autres initiatives. Par exemple, demander au Conseil de soutenir la candidature de la Palestine, actuellement Etat observateur non membre, comme Etat membre à part entière des Nations unies. Cette démarche, qui se heurterait sans nul doute à un veto américain, vise à profiter du soutien croissant des parlements européens à la reconnaissance d’un Etat palestinien.

L’autre projet est de faire adopter par l’Assemblée générale une résolution non contraignante dénonçant la colonisation israélienne en Cisjordanie. Cette mesure symbolique pourrait recueillir un large soutien et il n’y a pas de veto à l’Assemblée.

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