Rentrée littéraire en France: incontournables et outsiders séduisants

La rentrée littéraire en France, c’est un peu les JO de l’édition avec des "athlètes" incontournables mais aussi la révélation d’outsiders. Au final, une poignée de best-sellers et, sur le podium, les heureux lauréats de la course aux prix d’automne.

Avec 646 romans dont 426 français et 220 étrangers, qui paraîtront de fin août à octobre, la rentrée 2012 est un peu moins inflationniste que ces dernières années (654 en 2011, 701 en 2010).

Ce n’est pas un roman, mais il est déjà scruté par les médias: "Rien ne se passe comme prévu" (Grasset) de Laurent Binet, journal sur le vif de la campagne du nouveau président François Hollande sort mercredi.

L’auteur de "HHhH", Goncourt du premier roman en 2010, raconte avec une subjectivité assumée les coulisses de la course à l’Elysée dans un livre très différent de celui de Yasmina Reza qui avait suivi Nicolas Sarkozy lors de la campagne de 2007.

Très attendu, Olivier Adam signe "Les Lisières" (Flammarion), à la fois voyage intérieur et regard sur les déclassés. Ce Malouin d’adoption met en scène un écrivain torturé que l’hospitalisation de sa mère oblige à retourner dans la banlieue étriquée de son enfance.

Laurent Gaudé renoue avec le souffle épique et consacre l’excellent "Pour seul cortège" (Actes Sud) au crépuscule d’Alexandre le Grand.

Avec "14" (Minuit), Jean Echenoz comblera les nombreux "echenoziens" en suivant le destin de cinq jeunes gens partis au front.

Parmi les autres incontournables, le 21e roman en vingt ans d’Amélie Nothomb, qui revisite dans "Barbe bleue" (Albin Michel) le conte de Perrault. De "L’herbe des nuits" (Gallimard) de Patrick Modiano, seuls les premiers mots sont connus: "Pourtant je n’ai pas rêvé".

Philippe Djian, fait son entrée dans la compétition avec "Oh…" (Gallimard), dernière parole de son héroïne qui s’enfonce dans une spirale de mort et de sexe.

Grand retour au roman de Florian Zeller après six ans dédiés au théâtre avec "La Jouissance" (Gallimard), portrait en parallèle d’une génération de trentenaires et des pays qui ont construit l’Europe.

Chez les dames, Véronique Olmi avec "Nous étions faits pour être heureux" (Albin Michel), Agnès Desarthe avec "Une partie de chasse" (L’Olivier) ou encore Linda Lê et sa "Lame de fond" (Bourgois) devraient confirmer leur succès grandissant.

Christine Angot, elle, signe "Une semaine de vacances" (Flammarion). Au menu, pédophilie, crudité des rapports et des mots.

Le populaire Bernard Pivot romance son autobiographie dans "Quelle est la question ?" (Nil).

Tout comme Salman Rushdie qui raconte dans "Joseph Anton" (Plon) ses années de clandestinité après la fatwa lancée contre lui.

"Némésis" (Gallimard) de Philip Roth est très attendu, tout comme "Home" (Bourgois) de la Nobel de littérature Toni Morrison.

Plus trash que jamais, son compatriote Chuck Palahniuk met en scène dans "Snuff" (Sonatine) une star du porno sur le retour qui couche avec 600 hommes en une seule nuit devant les caméras…

Dans un tout autre genre, "Une place à prendre" (Grasset), premier roman pour les adultes de J.K. Rowling, créatrice comblée de Harry Potter, devrait créer l’événement le 28 septembre.

Parmi les outsiders dont on devrait beaucoup parler, Aurélien Bellanger fait entendre une voix originale dans un premier roman très "houellebecquien": "La Théorie de l’information" (Gallimard), odyssée d’un geek milliardaire et mégalo mais aussi réflexion sur l’omniscience d’internet.

Tout aussi remarquable de maîtrise pour un premier roman, "La Déesse des petites victoires" (Anne Carrière) de Yannick Grannec retrace la vie du mathématicien Kurt Gí¶del, auteur du théorème d’incomplétude. Nul besoin d’être féru d’algorithmes pour être emporté par l’histoire de ce génie fragile pris dans la tourmente d’un siècle impitoyable.

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