Référendum en Catalogne: Madrid lance la riposte au défi séparatiste

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a annoncé jeudi sa riposte à l’acte « intolérable de désobéissance » des autorités de Catalogne qui ont convoqué un référendum d’autodétermination pour le 1er octobre, indifférentes aux poursuites judiciaires qui se multiplient.

Dans un discours offensif, M. Rajoy a sommé les dirigeants séparatistes de la région "d’abandonner cette escalade dans l’illégalité" et prévenu que "l’Etat de droit ne se pliera pas à (leurs) bravades".

Le dirigeant conservateur, au pouvoir depuis 2011, a annoncé qu’il ferait "tout ce qui est nécessaire" pour que cette consultation ne se tienne pas en Catalogne, région aux 7,5 millions d’habitants grande comme la Belgique et qui produit 20% du PIB espagnol.

Pour bien faire comprendre la gravité des enjeux, M. Rajoy a expliqué que les autorités catalanes et tous les maires de la région seraient avertis qu’il était de leur "devoir d’empêcher ou de paralyser toute initiative tendant à l’organisation du référendum".

La Cour constitutionnelle, saisie par le conseil des ministres, a suspendu jeudi soir les textes adoptés la veille par le Parlement catalan pour organiser le référendum, en attendant de se prononcer sur leur nullité.

La Cour avait déclaré anticonstitutionnel dès 2014 le principe même d’un référendum d’autodétermination d’une région. Mais les autorités catalanes ignorent les décisions de cette Cour, dont elles ne reconnaissent plus la légitimité.


Poursuites judiciaires

Le procureur général de l’Etat a lui annoncé des poursuites judiciaires contre l’ensemble du gouvernement catalan et les responsables du parlement régional qui ont soumis au vote la "loi d’organisation du référendum" adoptée mercredi en urgence, au grand dam de l’opposition catalane.

Cette loi instaure un "régime juridique exceptionnel" prévalant sur toutes les normes qui pourraient entrer en conflit avec elle, y compris la constitution espagnole, un défi sans précédent à l’autorité de Madrid.

Le procureur a aussi annoncé des enquêtes avec l’aide de la Garde Civile (la police nationale) et des Mossos d’Esquadra (la police régionale catalane) sur d’éventuels préparatifs du référendum, et a ordonné la saisie des "instruments destinés à préparer ou tenir le référendum illégal".

M. Rajoy a reçu le chef du deuxième parti du pays, son habituel adversaire socialiste Pedro Sanchez, qui cette fois s’est dit "aux côtés du gouvernement", puis le chef du parti centriste Ciudadanos, Albert Rivera.

La droite, les socialistes et le centre font tous valoir qu’une région ne peut pas seule décider de son indépendance et que c’est à l’ensemble du peuple espagnol de se prononcer quand l’unité du pays est en jeu.

Soutien des maires

A Barcelone, le président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, a assuré que le référendum aurait lieu coûte que coûte et que 560 mairies sur 948 lui avaient apporté leur soutien.

"Aucun conseil des ministres, aucun tribunal déconsidéré ne vont suspendre la démocratie", a-t-il déclaré, selon son service de presse.

"Face à un tsunami de poursuites en justice, il y aura un tsunami de démocratie", a-t-il assuré.

Simultanément, l’exécutif catalan a accéléré les préparatifs du scrutin, demandant aux mairies de lui faire savoir dans les 48 heures quels locaux pourraient servir de bureaux de vote.

La région reste partagée: à la question "Voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat indépendant", 41,1% des Catalans ont répondu "oui" en juin, 49,9% "non", selon le baromètre du Centre d’études d’opinion catalan.

Mais les séparatistes persistent et signent. Majoritaires au parlement catalan depuis septembre 2015, ils ont adopté vendredi peu après minuit une deuxième loi controversée, visant à organiser la transition vers un Etat indépendant si le "oui" l’emporte le 1er octobre. En cas de victoire, la Catalogne deviendrait selon eux une république, indépendante du royaume d’Espagne.

Les indépendantistes assurent défendre leurs droits, après des années d’"humiliation" par les conservateurs du Parti populaire (PP), qui avaient notamment obtenu en 2010 de la Cour constitutionnelle qu’elle réduise les compétences plus larges accordées à la Catalogne en 2006 par le Parlement espagnol.

"Depuis lors, le PP a agi comme une machine à fabriquer des indépendantistes", a affirmé Pablo Iglesias, dirigeant du troisième parti du pays, Podemos (gauche radicale).

Le président du Parlement européen, l’Italien Antonio Tajani, a indiqué dans un courrier à une eurodéputée qu’une Catalogne indépendante resterait en dehors de l’Union européenne et fait valoir que "toute action contre la Constitution d’un Etat membre est une action contre le cadre légal de l’UE".

AFP

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