Rajoy attendu à Barcelone où les séparatistes font campagne

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy est attendu vendredi sur le terrain de ses rivaux séparatistes catalans, Barcelone, moins de 24 heures après le lancement de leur campagne pour le « oui » à l’indépendance lors du référendum du 1er octobre, interdit par la justice.

Aucune réaction au lancement de la campagne n’était diffusée jeudi soir sur Twitter sur les comptes officiels du conservateur Mariano Rajoy ou du chef du Parti socialiste, Pedro Sanchez, fermement opposés à ce scrutin jugé illégal par la Cour constitutionnelle.

Comme si l’acte ne s’était pas produit.

Pendant ce temps, la télévision publique catalane n’avait pas choisi de diffuser le lancement de la campagne en direct, alors que les menaces de poursuites se sont multipliées contre tous ceux qui participeraient à l’organisation du scrutin ou en feraient la promotion.

Ignorant les avertissements, plusieurs milliers d’indépendantistes catalans ont eux lancé avec ferveur leur campagne pour le "oui", au référendum d’autodétermination.

"Nous voterons !", "Nous n’avons pas peur, nous n’avons pas peur !", criait la foule rassemblée dans les anciennes arènes de la ville de Tarragone (130.000 habitants), à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Barcelone.

Les dirigeants séparatistes, dont Carles Puigdemont, le président régional, se sont ensuite succédé pour donner le coup d’envoi de cette campagne atypique.

"Bien sûr que nous voterons", a dit Carles Puigdemont en faisant part de son "immense émotion".

Un spot de campagne présentait un avenir radieux pour une Catalogne indépendante, enfin débarrassée des "injustices", des "menaces", embrassant la "liberté".

Avant le meeting, les organisateurs avaient été "prévenus qu’ils étaient dans l’illégalité", selon la préfecture.

Mais ils l’ont ouvert et en se moquant de la police. "Dis-donc, tu as déjà participé à un acte illégal toi ?", demandait en pouffant un des présentateurs à un autre.

"Je demande que l’on fasse confiance au gouvernement car nous agissons de manière graduelle pour garantir que ces putschistes ne fassent pas ce qu’ils veulent", a réagi le chef du Parti populaire (PP, droite) en Catalogne, Xavier Garcia-Albiol.

Mariano Rajoy, qui est aussi le président du Parti populaire, se rendra vendredi vers 18h00 (16H00 GMT) au siège du PP à Barcelone, une manière de montrer qu’il y est encore chez lui et d’encourager les militants, en première ligne depuis que la crise a éclaté. Il n’a pas prévu de bain de foule.

Les indépendantistes majoritaires au parlement régional depuis 2015 veulent convaincre les Catalans de participer au référendum en dépit de son interdiction par la Cour constitutionnelle.

Cette cour estime que s’agissant de l’avenir d’une partie de l’Espagne seul l’ensemble des citoyens peut se prononcer. Mais, s’ils l’emportent, les séparatistes assurent qu’ils proclameront l’indépendance de cette région concentrant 16% de la population espagnole.

La poussée de fièvre sécessionniste en Catalogne, territoire ayant une langue et une culture propres, est en partie alimentée par la crise mais aussi le sentiment d’être maltraitée par l’Etat central.

Le détonateur a été, en 2010, l’annulation partielle par la Cour constitutionnelle du nouveau "Statut d’autonomie de la Catalogne", à la demande du parti du chef du gouvernement Mariano Rajoy. Le texte adopté en 2006 par le Parlement espagnol accordait des compétences élargies à cette région et la définissait comme étant une "nation" à l’intérieur de l’Etat espagnol.

Au début de l’été, un sondage commandé par le gouvernement régional indiquait que 49,4% des Catalans étaient contre la sécession et 41,06% pour.

Mais plus de 70% aimeraient pouvoir se prononcer sur l’autodétermination, et trancher ce débat qui divise jusque dans les familles.

Les partis opposés au référendum du 1er octobre appellent leurs sympathisants à ne pas y prendre part, faute de garanties, même si, mécaniquement, cela facilitera une victoire du "oui".

"Seuls les partisans de l’indépendance vont voter, ils vont gagner et qui sait ce qu’il adviendra ensuite", se lamentait jeudi soir Josep Enric Sabate, entrepreneur de 44 ans habitant Tarragone, où les opposants à l’indépendance sont majoritaires.

afp

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