Radicalisation: réunion à Marseille de plus de 150 imams et aumôniers

Plus de 150 imams et aumôniers se sont réunis récemment à Marseille pour réfléchir ensemble sur les moyens à mettre en œuvre pour faire face au phénomène de la radicalisation qui touche une frange de la jeunesse française, indique un communiqué de l’Union des Mosquées de France (UMF) parvenu mercredi à la MAP.

Les participants à cette rencontre initiée par le Conseil Régional du Culte Musulman de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (CRCM-PACA), avec le soutien de la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme, ont souligné que la participation de centaines de jeunes français à des combats au sein de groupes terroristes en Syrie et en Irak, dont Daech, n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis plus de deux ans.

Ils ont relevé, à cet effet, que les actes de terrorisme qui ont frappé ces derniers jours la France, renforcent le besoin d’une réflexion commune sur ce phénomène et viennent rappeler le grand danger que peuvent représenter ces jeunes radicalisés pour eux-mêmes, pour la paix, la sécurité et la cohésion nationale.

Après une présentation du cadre de cette initiative par le président du CRCM-PACA Khalid Belkhadir, la réflexion s’est déroulée en deux parties. La première a été consacrée aux échanges avec des universitaires et des acteurs institutionnels engagés dans la lutte contre la radicalisation, dont le Préfet des Bouches-du-Rhône, Michel Cadot qui a rappelé l’importance d’une mobilisation de tous et la nécessité de rejeter tout amalgame entre islam et terrorisme.

Le président d’honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM) et président de l’UMF Mohammed Moussaoui, a, quant à lui, rappelé, via de nombreuses références théologiques, que le discours radical est en totale contradiction avec les principes et les valeurs qui fondent la religion musulmane.

Le président de l’observatoire contre l’islamophobie, Abdalah Zekri, a, pour sa part, attiré l’attention sur la recrudescence inquiétante des actes antimusulmans à la suite des événements tragiques de ces derniers jours en France.

La seconde partie, sous forme de tables rondes, a été consacrée à une réflexion sur la manière dont les imams pouvaient faire face à la radicalisation

A l’issue de cette journée de réflexion, d’échanges et de propositions, les participants parmi les imams, aumôniers et responsables musulmans ont réaffirmé, leur engagement à poursuivre leur mobilisation dans le cadre de la mission qui est la leur et à apporter toute leur contribution en matière de lutte contre la radicalisation et d’éducation aux valeurs qui fondent le vivre ensemble.

Plusieurs propositions ont été faites dans ce sens. Les participants ont ainsi plaidé pour pérenniser ce type de rencontre qui pourrait passer par la création de conseils des imams et d’aumôniers au niveau de chaque région, soulignant l’importance du prêche du vendredi dans la vie religieuse des musulmans et son rôle comme moyen d’enseignement et d’élévation spirituelle.

Ils ont également appelé à ce que l’enseignement religieux dispensé dans les mosquées, les écoles et les instituts fixe parmi ses objectifs de donner aux jeunes des clefs de compréhension et des "filtres de connaissances" qui leur permettraient de faire face aux idées et aux propagandes extrémistes.

Constatant que la radicalisation s’effectue essentiellement à travers l’internet et les réseaux sociaux et que les radicaux utilisent des techniques de communication faisant appel à des ressorts spécifiques à la jeunesse, les participants à cette rencontre ont mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des moyens de lutte contre la radicalisation adaptés à cette réalité et jugé nécessaire la recherche d’une forme de coopération entre imams et professionnels de la communication.

L’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants confrontés à des réalités complexes et des risques accrus, l’attachement au principe de la Laïcité, la participation active des musulmans de France au dialogue interreligieux, le renforcement de la prévention, l’accompagnement des personnes les plus fragiles et la condamnation des actes d’hostilités qui visent les musulmans de France et les symboles de leur foi, ont été parmi les propositions faites lors de cette rencontre.

Enfin, les participants ont saisi cette occasion pour appeler les institutions musulmanes à l’unité et à une meilleure coopération entre elles dans l’intérêt de tous. La rencontre de Marseille à laquelle ont pris part toutes les composantes musulmanes de Marseille "a démontré une fois de plus qu’avec un peu de volonté, agir dans l’unité et la fraternité est toujours possible", ont souligné les participants, appelant les musulmans de France à participer également à toute action citoyenne et à tout effort pour préserver l’unité et la cohésion nationales.

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