Rachida Dati : « Ma mise en cause est scandaleuse »

Invitée exclusive de RTL mercredi matin, l’euro-députée et conseillère politique à l’UMP a dénoncé ceux qui l’accusent d’être à l’origine des rumeurs sur le couple Sarkozy, assurant qu’elle n’a « peur de rien » et qu' »il faut que cela cesse ». L’ex-garde des Sceaux a souligné qu’on avait dit « des choses atroces » sur elle, qu’elle n’avait « jamais réagi » mais que « maintenant ça suffit ». Elle a affirmé faire « la différence entre l’entourage du président de la République et le président de la République lui-même ». La maire du VIIème arrondissement de Paris a indiqué qu’elle n’avait « pas vu récemment » le chef de l’Etat mais espérait « le voir très bientôt ».

Rachida Dati :
Texte de l’entretien avec RTL:

Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Rachida Dati.

Rachida Dati : Bonjour.

Voilà plusieurs jours que vous êtes accusée par des proches du Président de la République de propager des rumeurs concernant la vie privée de Nicolas Sarkozy et de son épouse. Que répondez-vous, Rachida Dati ?

Tout d’abord, les rumeurs, les calomnies, les ragots sur la vie personnelle, mais en général, sont absolument inadmissibles et scandaleux. Moi je suis mise en cause indirectement et c’est tout aussi scandaleux. Alors, il y a une enquête…

Indirectement ? C’est-à-dire : votre nom est cité dans tous les journaux.

Oui. Donc, c’est pour ça, je suis mise en cause.

Donc, des gens citent votre nom.

Je suis mise en cause indirectement et donc, je trouve ça extrêmement scandaleux. Il y a une enquête. Je rappelle qu’on est dans un Etat de droit et que la Justice est là pour protéger sa vie privée mais aussi son honneur. C’est pour ça que j’ai tenu à faire un communiqué en ce sens. D’autre part, vous savez, moi je suis venue en Politique pour l’action et par l’action. Pas par autre chose. Et aujourd’hui, il faut que ça cesse.

Vous voulez dire ?

Aujourd’hui, il faut que ça cesse. Pas par autre chose. Oui, moi je travaille à plein temps depuis l’âge de 16 ans et demi ; tout ce que j’ai fait, je l’ai acquis et je l’ai fait par mon travail, pas par autre chose. Donc, aujourd’hui, il faut que ça cesse et il faut que ça s’arrête.

La presse de ce matin consacre plusieurs articles à cette affaire. Le journal "Libération", "Le Parisien" aussi notamment. Je vais citer là, "Le Parisien". "Au cours d’un déjeuner, écrit Le Parisien, avec des élus parisiens, la semaine dernière, le conseiller de l’Elysée Pierre Charron, a clairement évoqué "la colère du couple présidentiel" et "des éléments matériels de l’implication de Rachida Dati dans cette affaire". Le conseiller du Président de la République, Pierre Charon, vous accuse, Rachida Dati !

Moi, je fais la différence entre l’entourage du Président de la République et le Président de la République lui-même.

Qu’est-ce qui vous permet de le faire ?

Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’ai été magistrat, j’ai été Garde des Sceaux et j’ai travaillé au ministère de l’Intérieur. Des éléments matériels ou tout ce qui peut être mentionné dans la presse, que ce soit des enquêtes ou des écoutes téléphoniques, c’est absolument impossible. Donc, je n’y crois absolument pas.
Et le Président de la République, je peux vous dire, qu’il ne peut pas cautionner ce que dit monsieur Pierre Charon, ni dans ses argumentaires, ni dans ce qu’il peut dire, ni dans les affirmations encore les plus récentes. Il ne peut pas les cautionner.

Alors, des éléments matériels, il en est question, ces derniers jours. On parle d’indices probants. C’est "Le Monde" de vendredi qui utilisait la formule recueillie, c’est le JDD, dimanche, qui l’expliquait : au cours d’une enquête menée par des Renseignements Généraux, un dossier aurait été remis, disait le JDD au Président de la République, avant le premier tour des élections régionales. Avez-vous connaissance de cette enquête des Renseignements Généraux, Rachida Dati, et de son contenu ?

Non ; mais on dans un Etat de droit. Et ça ne peut pas exister.

Qu’est-ce qui ne peut pas exister ?

Ni l’enquête. Ni une quelconque écoute téléphonique. Et je connais assez bien le Président de la République, et j’étais auprès de lui lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, il a toujours combattu ce genre de pratiques. Donc, ça ne peut pas exister.

Donc, la presse parle de choses qui n’existent pas. Pourquoi ? Parce que les gens mentent, racontent des choses qui n’existent pas ?…

Je vous dis… Encore une fois, je fais bien la différence entre le Président de la République et son entourage. Le Président de la République… Aujourd’hui, vous savez il y a des problèmes graves en France, extrêmement graves, que ce soit le chômage, que ce soit le chômage des jeunes, que ce soit les difficultés des Français au quotidien, on est en période de crise et moi je peux vous dire qu’en tant que parlementaire européen, les Européens sont assez admiratifs de ce que fait le Président pour protéger les Français et notamment en période de crise parce que la France a beaucoup mieux résisté que les autres pays européens.

Une demande d’explications alors, Rachida Dati, parce que dans "Le Parisien" de ce matin, on lit ceci : "Dans l’entourage de Rachida Dati, on soupçonne l’interception de textos ou de conversations téléphoniques dans le cadre de l’enquête déclenchée par les services secrets français sans disposer d’éléments concrets pour étayer cette analyse".

Mais quelle disproportion !

Vous avez des soupçons, Rachida Dati ? On a pu écouter votre téléphone ?

Moi, je n’ai aucun soupçon et je n’ai peur de rien. C’est la seule chose aussi que je voulais dire. Et ça ne peut pas exister. Et je connais trop bien le Président de la République pour savoir qu’il n’est absolument pas d’accord avec ce genre de propos et ce genre de déclarations, et ce genre de rumeurs. Lui-même lutte contre les rumeurs. Et moi, je peux comprendre, je peux comprendre la situation et la position du Président de la République parce que vous savez, moi j’en ai souffert pendant près de trois ans, des rumeurs, des ragots, des calomnies, pendant près de trois ans. Je n’ai pas réagi parce que j’étais concentrée et sur mon travail, et sur mon action.

Pourquoi êtes vous l’objet de toutes ces rumeurs, ce que vous appelez rumeurs et calomnies, Rachida Dati ?

Mais vous savez, certains de vos confrères ont écrit et relayé des rumeurs et affirmé comme des vérités des choses absolument atroces. Je n’ai jamais réagi parce qu’en tant que Garde des Sceaux, j’avais une chose à faire : c’était de réformer la Justice dans l’intérêt des Français ; mais maintenant, ça suffit. Voilà.
Et je peux vous dire, monsieur Aphatie, et là je peux comprendre le Président de la République, ce type de rumeurs quand elles sont comme ça relayées ou affirmées comme des vérités, vous ne pouvez pas imaginer les dégâts que ça peut faire dans l’environnement.

Le "Canard Enchaîné", ce matin, écrit ceci : "En réponse à un journaliste du Canard Enchaîné, Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée assure que le Président de la République ne veut plus voir Rachida Dati". Le Président de la République ne veut plus voir Rachida Dati est entre guillemets et attribué à Claude Guéant.

Moi je peux vous dire que si ce qui était dans la presse, et notamment le "Canard Enchaîné", depuis trois ans, était vrai, je ne serais même pas encore en face de vous, aujourd’hui, monsieur Aphatie.

Avez-vous vu le Président de la République durant ces derniers jours, Rachida Dati ?

Je ne l’ai pas vu récemment, mais j’espère le voir très bientôt.

Lui avez-vous parlé ?

J’espère le voir très bientôt.

Les ponts ne sont pas rompus, selon vous, avec le Président de la République, aujourd’hui ?

Vis-à-vis du Président de la République, il y a deux choses : de la loyauté et de la confiance. De la loyauté, en tant qu’ancien ministre, on ne peut pas avoir ni de querelles ni de critiques à l’égard du Président qu’on a servi. La confiance, vous savez vous pouvez changer de fonction, vous pouvez changer de mission, vous pouvez changer d’engagement, la confiance, elle ne change pas, elle persiste et elle durera.

Vous pensez toujours avoir la confiance du Président de la République ?

Moi je vous le dis aujourd’hui.

Et vous faites une différence entre le Président de la République et son entourage ?

Bien sûr. Bien sûr.

Qui veut vous nuire ?

Moi je ne sais pas, je préfère ne pas savoir quelles sont leurs motivations ; tout ce que je peux vous dire, c’est que je fais une différence notoire entre le Président de la République et son entourage. Vous savez, moi j’ai un vrai lien avec les Français. Moi je l’ai vu, et dans les lettres et les soutiens que j’ai pu avoir durant cette campagne de dénigrations et de calomnies que j’ai pu subir pendant ces quelques temps. Je n’ai pas réagi. Aujourd’hui, j’ai décidé de réagir. Maintenant, ça suffit. Il faut que ça s’arrête. J’ai un vrai lien avec les Français. Vous savez, moi j’aime la France qui malgré des difficultés, vous pouvez réussir, qui reconnaît le mérite, qui reconnaît le travail, qui vous donne une deuxième chance et une troisième chance. C’est cette France-là que j’aime ; c’est cette France-là qui a fait gagner Nicolas Sarkozy.

Pierre Charon : "Pour que la peur change de camp, il fallait qu’il y ait une procédure judiciaire". Avez-vous peur, Rachida Dati ?

Je n’ai pas peur. Vous savez, je n’ai pas peur de grand chose ; alors encore moins par ce type de vocabulaire que j’ai connu il y a bien longtemps et qui ne m’a pas empêché d’être ce que je suis aujourd’hui. Ca n’est pas le vocabulaire du Président de la République, et je pense qu’il n’a pas dû apprécier ce type de déclaration, je vous le dis.

Avez-vous mal vécu le fait qu’on vous ait retiré voiture de fonction, protection policière ?

Alors si vous saviez ! D’abord, c’est une tolérance qu’on accorde à des anciens ministres en fonction de problèmes de sécurité ou de menaces. C’est pas l’essentiel. Vous savez, j’ai vécu sans pendant des années ; je peux vivre sans encore pendant des années. Ce n’est pas là l’essentiel. Aujourd’hui, la France traverse une crise grave. Il est important que tout le gouvernement, que le Président de la République non seulement continue à être préoccupé et attentif aux problèmes des Français, il faut absolument le soutenir dans son action.

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